PubGazetteHaiti202005

Alphabétisation : le Secrétariat d’État à l’Alphabétisation lance une bataille nationale pour sortir 1,5 million d’adultes de l’ignorance

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Face à une crise éducative persistante, le Bureau du Secrétariat d’État à l’Alphabétisation (BSEA) annonce un plan stratégique pour alphabétiser 1,5 million d’adultes dans les dix départements du pays. Ce projet ambitieux, présenté par le secrétaire d’État Mozart Clérisson lors d’une conférence de presse ce mercredi, s’inscrit dans une démarche de justice sociale et de transformation nationale.


L’analphabétisme reste l’un des freins majeurs au développement d’Haïti. Selon les chiffres communiqués, près de 2,7 millions d’adultes ne savent ni lire ni écrire. Pour Mozart Clérisson, ce constat est inacceptable : « Aucun pays au monde n’a pu progresser économiquement en maintenant une grande partie de sa population dans l’ignorance. L’alphabétisation est une urgence nationale. »

Le BSEA rappelle que cette mission n’est pas nouvelle : le bureau a été créé en 1994 sous le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide. Mais dès les années 1940, des dirigeants comme le président Élie Lescot avaient déjà souligné le lien entre éducation et développement. Malgré des décennies de campagnes, les résultats n’ont jamais été à la hauteur des besoins, faute de moyens et de volonté politique durable.

Pour le Secrétariat d’État, il ne s’agit pas seulement d’apprendre à lire et à écrire, mais de former des citoyens capables de comprendre leurs droits, de remplir leurs devoirs et de participer activement à la vie publique. « Investir aujourd’hui dans l’éducation, c’est éviter de payer demain le prix de l’exclusion et du sous-développement », a soutenu Clérisson.

Le projet, qui débutera officiellement en octobre, ambitionne de toucher toutes les couches de la population, des zones rurales les plus reculées aux quartiers urbains marginalisés. L’objectif est clair : doter Haïti d’une génération de citoyens autonomes et engagés.


Cette annonce intervient à quelques jours de la célébration de la 59e Journée Internationale de l’Alphabétisation, prévue le 8 septembre. Pour le BSEA, cette date symbolique doit servir de tremplin pour relancer le débat et mobiliser la société.

Un slogan résume l’esprit de cette campagne : « Pour ce pays, pour un autre pays : il faut que l’alphabétisation ne meure pas. » Ce message vise à rappeler que l’éducation est non seulement un droit fondamental, mais aussi un outil de justice sociale et de développement économique.


Le plan du Bureau du Secrétariat d’État à l’Alphabétisation (BSEA) repose sur cinq piliers essentiels qui visent à faire de l’éducation un levier de transformation nationale. Il s’agit d’abord d’une volonté politique affirmée, pour placer l’alphabétisation au cœur des priorités de l’État. À cela s’ajoute une organisation administrative solide, dotée de moyens financiers clairs et durables, ainsi que des ressources techniques adaptées, portées par des formateurs qualifiés. 

Le projet mise également sur une mobilisation sociale forte, capable d’impliquer les communautés locales, et sur une coordination nationale qui rassemblera associations, Églises, organisations communautaires et partenaires internationaux afin de garantir une approche collective et efficace. « Ce combat ne peut pas être gagné par un seul ministère. C’est une bataille collective », a souligné Clérisson, appelant les institutions publiques et privées à travailler main dans la main.

Le BSEA prévoit une mise en place progressive du programme dans les dix départements, avec une attention particulière portée à la qualité de l’enseignement. Des formations d’animateurs ont déjà commencé dans plusieurs régions afin d’instaurer une méthodologie rigoureuse.

Clérisson insiste : « Le volontariat seul ne suffira pas. Les formateurs doivent être soutenus financièrement et accompagnés pour garantir la qualité de leur travail. » Le bureau prévoit aussi des mécanismes de supervision pour suivre l’efficacité des cours et s’assurer que chaque apprenant progresse réellement.


Pour le secrétaire d’État, ce projet est bien plus qu’une politique éducative : il s’agit d’un projet de société. L’alphabétisation est présentée comme une étape essentielle pour sortir Haïti du cycle de pauvreté et d’instabilité. « Ce pays ne pourra se relever que si chaque citoyen a accès au savoir. Il est temps de transformer cette utopie en réalité », a-t-il affirmé avec conviction.


Arnold Junior Pierre

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