Dans un pays enlisé dans l’insécurité, le vide institutionnel et l’échec répété des mécanismes politiques, le parti DEHFI, conduit par le Dr Martial Bénêche, propose une transition d’un an pilotée par un président issu de la Cour de cassation et un nouveau Premier ministre neutre et compétent. Une vision développée lors de l’émission matinale « Le Rendez-Vous avec Volcy Assad », diffusée le lundi 22 décembre 2025, qui appelle à un sursaut moral et à une refondation du leadership de transition en Haïti.
Pour le Dr Martial Bénêche, le débat sur la transition ne doit pas se réduire à des considérations personnelles ou partisanes, mais s’inscrire dans le strict respect de la Constitution. Se référant à l’article 149.6.87 original, il rappelle que le président de transition doit impérativement être issu du rang des juges de la Cour de cassation, à l’image d’anciens magistrats. « Il ne suffit pas d’être âgé ou ancien ; il faut être lucide, disposer de toutes ses capacités cognitives et être capable d’agir avec discernement », souligne-t-il, estimant que l’enjeu central n’est pas tant l’identité de la personne appelée à occuper le poste que son profil, lequel doit offrir toutes les garanties de neutralité, d’impartialité et de crédibilité indispensables à la stabilité de la transition.
Le dirigeant de DEHFI déplore une tendance récurrente dans le débat politique haïtien, consistant à s’attarder davantage sur les individus que sur les solutions. « Nous passons notre temps à discuter de qui, jamais de comment, non pas de savoir quel juge est bon, mais quel profil est réellement acceptable », constate-il. Cette approche, explique-t-il, doit également guider la formation du gouvernement, le choix des ministres devant répondre à des critères clairs d’indépendance, d’intégrité morale, d’absence de scandales et d’enracinement dans la société civile, car « un ministre doit être net, pas lié à des intérêts occultes, pas compromis ».
Au-delà de l’exécutif, le Dr Martial Bénêche interpelle aussi les grandes institutions morales et sociales d'Haïti comme la Conférence épiscopale d’Haïti, la Fédération protestante, les représentations du vodou national, notamment le KNVA et le Royaume Vodou, ainsi que les universités publiques et privées qu’il appelle à jouer un rôle actif et responsable dans la reconstruction de la cohésion nationale.
« L’Université ne peut pas se contenter d’analyser. Elle doit proposer des pistes concrètes à l’État », soutient-il, dans un contexte marqué par l’absence de financement, le vide parlementaire et l’inefficacité gouvernementale. Pour DEHFI, l’heure est venue de penser une nouvelle forme d’autorité morale nationale, capable de faciliter un dialogue structuré entre les acteurs politiques, sociaux et communautaires, sans dépendre exclusivement de l’international pour résoudre les crises internes.
Le parti affirme avoir adressé des correspondances officielles à ces institutions et espère obtenir des réponses dans les jours à venir. L’objectif est clair : instaurer un cadre de médiation, formaliser les échanges et recréer un minimum de confiance entre les différentes composantes de la société.
Le Dr Bénêche regrette toutefois l’absence de certains acteurs, citant notamment l’Église de la Nouvelle-Alphabète, tout en soulignant que nul ne peut rester en marge. « Quand des représentants religieux ou communautaires prennent la peine de nous écrire, nous devons leur répondre. C’est une question de respect et d’engagement réciproque », insiste-t-il.
Pour conclure, le dirigeant de DEHFI emprunte une métaphore à La Fontaine : Les animaux malades de la peste: « Tous ne mouraient pas, mais tous étaient frappés. Aujourd’hui, c’est la même chose : nous sommes tous touchés par la crise, donc tous concernés »
Reconnaissant la nécessité de repartir sur de nouvelles bases, il appelle à tirer les leçons du passé : conserver ce qui a fonctionné, corriger ou abandonner ce qui a échoué. « Nous repartons de zéro, mais l’expérience doit nous guider », conclut-il, posant ainsi les jalons d’un débat national qu’il souhaite inclusif, responsable et résolument tourné vers l’avenir.
Arnold Junior Pierre
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