PubGazetteHaiti202005

Delmas/Camps de fortune : un dénuement qui viole les droits humains, alerte Défenseurs Plus

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À l’occasion de la Journée internationale des migrants le 18 décembre 2025, le Collectif Défenseurs Plus publie un rapport accablant sur la situation des personnes déplacées internes (PDI) vivant dans quatre camps de Delmas. Manque d’eau, insalubrité, violences, absence de sécurité et violations flagrantes des droits fondamentaux : l’organisation dénonce une crise humanitaire qui foule aux pieds la Constitution haïtienne et les normes internationales.


Dans le document, le Collectif Défenseurs Plus décrit une réalité alarmante dans quatre camps improvisés de Delmas où vivent des milliers de familles qui ont fui les violences armées. L’organisation souligne que les conditions observées constituent une atteinte grave à la dignité humaine et une violation des droits garantis par la Constitution de 1987 ainsi que par plusieurs instruments internationaux.

Camp MSF : une organisation fragile face à la précarité

Installé dans l’ancien hôpital de Médecins Sans Frontières à Delmas 33, le camp MSF accueille environ 4 800 personnes regroupées en 1 540 familles. Les espaces sont étroits, partagés entre plusieurs ménages, sans intimité et exposés à des risques d’incendie en raison de l’utilisation de gaz pour la cuisson.
L’eau potable est fournie quotidiennement par camion-citerne, tandis que le FAES distribue un repas par jour. Toutefois, petits-déjeuners et dîners restent à la charge des familles. Les cliniques mobiles interviennent une à trois fois par semaine pour des cas de diarrhée et d’infections. Malgré quelques satisfactions, la situation demeure fragile.

Camp MAST : surpeuplement, tensions et violences

Au camp du MAST, à Delmas 33, 556 familles vivent dans une promiscuité extrême. Certains sont contraints de s’installer même sur le toit du bâtiment. L’eau demeure relativement stable, mais le repas servi  tard dans la journée est jugé insuffisant.
Les cas de violences et d’insécurité existent : deux viols et des situations de harcèlement ont été signalés. Peu d’enfants sont scolarisés faute de moyens. Les consultations médicales restent rares et irrégulières.

Camp République de l’Équateur : insécurité permanente et détresse mentale

À l’École République de l’Équateur, à Delmas 41, près de 3 000 personnes s’entassent dans un espace restreint. L’insalubrité y est criante, les abris inadaptés et l’eau disponible de mauvaise qualité.

Les témoignages recueillis évoquent une absence totale de sécurité : bagarres, menaces de riverains, violences sexuelles, manque d’éclairage. La détresse psychologique est généralisée, malgré quelques interventions de soutien mental.

Camp MTPTC : précarité extrême et abandon sanitaire

Le camp du MTPTC apparaît comme le plus critique, avec environ 2 200 familles vivant dans des conditions inhumaines. Absence de matelas, tentes inondées à la moindre pluie, pas de toilettes fonctionnelles, recours aux sachets plastiques… L’eau peut manquer jusqu’à 15 jours et les repas sont irréguliers.Très peu d’enfants sont scolarisés et les violences, y compris sexuelles, y sont récurrentes.

Violation des droits humains et appel urgent à l’État

Le rapport souligne que ces conditions portent atteinte aux droits fondamentaux garantis par la Constitution, notamment le droit à la vie (article 19), au logement décent (article 22) et à la sécurité (article 23). Elles violent également le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que les Principes directeurs de l’ONU sur les déplacements internes.

Le Collectif Défenseurs Plus appelle l’État haïtien à reconnaître officiellement le statut des déplacés internes, à assurer leur relogement digne et à garantir des services permanents de santé, d’éducation, d’eau et de sécurité.

Wideberlin Sénexant

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