Un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) sorti le 8 decembre 2025 révèle une croissance jugée disproportionnée du patrimoine d’Adzenwiller Azarre, directeur des opérations à l’Université Publique du Bas-Artibonite (UPBAS) et fils de l'ex recteur Wilfrid Azarre déjà accusé de corruption par l'ULCC les mois derniers. Les enquêteurs estiment que ses revenus déclarés ne justifient pas les flux financiers observés sur ses comptes bancaires. La Commission conclut à de forts soupçons d’enrichissement illicite. Elle recommande la mise en mouvement de l’action publique contre lui.
L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a rendu public un résumé exécutif d’enquête portant sur les soupçons d’enrichissement illicite visant Adzenwiller Azarre, directeur des opérations à l’Université Publique du Bas-Artibonite (UPBAS). Cette enquête découle d’un précédent rapport publié en septembre 2025 sur la gestion du recteur Wilfrid Azarre, au cours duquel l’implication de son fils dans plusieurs irrégularités présumées avait déjà été relevée.
Selon le rapport, Adzenwiller Azarre est agent public à l’UPBAS depuis 2020. Il a successivement occupé les fonctions de coordonnateur technique, responsable de la coordination technique, puis directeur des opérations depuis 2023. Son salaire est passé de 45 000 gourdes à ses débuts à 110 000 gourdes mensuels. Entre octobre 2020 et avril 2025, ses revenus légitimes, incluant salaires et primes, sont estimés à 4 885 000 gourdes.
Dans le cadre de l’enquête patrimoniale, l’ULCC a sollicité les institutions bancaires du pays. Huit comptes bancaires ont été identifiés au nom d’Adzenwiller Azarre, domiciliés notamment à l’UNIBANK et à la SOGEBANK, en gourdes et en dollars américains. L’analyse de cinq de ces comptes a permis de retracer des dépôts cumulés atteignant 24 138 546,24 gourdes entre octobre 2021 et mars 2025, un montant largement supérieur à ses revenus officiellement déclarés.
Le rapport révèle que durant la période 2023-2024, le patrimoine d’Adzenwiller Azarre aurait connu une augmentation de 14 656 307,97 gourdes, soit une hausse évaluée à 951,7 %. Une part importante de ces transactions a été constatée sur un compte en gourdes domicilié à la SOGEBANK, où des dépôts massifs ont été effectués. Une partie de ces fonds provenait de dépôts réalisés par Stéphane Lachapelle, secrétaire du recteur de l’UPBAS et proche du concerné, selon ses propres déclarations.
Auditionné par les enquêteurs, Adzenwiller Azarre a évoqué des prêts, des services rendus et des projets communs pour expliquer ces flux financiers. Toutefois, la Commission a jugé ces explications imprécises et insuffisantes. De son côté, Stéphane Lachapelle, également auditionnée, a affirmé que les dépôts provenaient de ses salaires et de prêts personnels. Ces éléments n’ont pas convaincu les enquêteurs, qui estiment que l’origine licite des fonds n’a pas été démontrée de manière satisfaisante.
En conclusion, la Commission d’enquête de l’ULCC considère qu’Adzenwiller Azarre ne peut raisonnablement justifier l’écart entre ses revenus légitimes et l’ampleur des mouvements financiers observés. Sur cette base, elle recommande la mise en mouvement de l’action publique contre lui pour enrichissement illicite, conformément aux dispositions de la loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption.
Par Wideberlin Sénexant
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