Haïti, après 51 ans d’attente, participera de nouveau à une phase finale de Coupe du monde. Cette qualification historique, acquise de manière brillante, a déclenché un vaste élan de joie et une pluie de réactions. Entre fierté, félicitations et appels populaires, plusieurs personnalités se sont exprimées à l’émission Le Rendez-vous avec Volcy Assad sur Gazette Haïti, le 19 novembre 2025.
L’ancienne gloire haïtienne de 1974, Philippe Vorbe, n’a pas caché sa satisfaction. Celui qui avait délivré la passe décisive à Emmanuel Sanon pour le but légendaire marqué contre l’Italie s’est dit ébloui par la qualité de jeu de cette nouvelle génération. Interrogé sur les échecs passés, l’ex-footballeur estime que l’équipe « n’était pas au niveau » et qu’Haïti est aujourd’hui revenue à un rang régional compétitif, devenant « un maillon fort » de la zone Concacaf.
Selon le commentateur sportif, ce succès découle en grande partie de l’intégration de nombreux joueurs expatriés issus de la diaspora. Leur apport a, selon lui, hissé le niveau du football national.
Rudy T. Sanon, animateur d'émission sportive et politique, n’a pas caché son immense joie. Fidèle à son style, il a dénoncé ceux qui, selon lui, « bloquent l’avancement du pays », tout en se disant consterné de voir certains célébrer cette qualification alors qu’ils contribuent aux difficultés du pays.
Il est également important rappeler que, pour des raisons d’insécurité, Haïti n’a disputé aucun match éliminatoire à domicile : même le seul stade international du pays demeure assiégé et inutilisable, où les bandits ont même installé leurs bases.
Concernant la performance des joueurs, Rudy Sanon se dit satisfait. Il cite notamment Jean-Ricner Bellegarde, Deedson Louicius, ainsi que le gardien Johnny Placide, qui, malgré son âge avancé, a permis au pays de rêver à nouveau avec trois “clean sheets” en quatre dernières rencontres dans la dernière phase.
Dans l’attente d’un tirage favorable le 5 décembre prochain, M. Sanon a profité de l’occasion pour lancer un appel au secteur privé, l’invitant à soutenir l’équipe en vue d’une campagne honorable en 2026.
Le journaliste et chroniqueur sportif Jacques Hans Vilfort, dit Jacot, a également accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Il souligne que, malgré une campagne entièrement jouée hors d’Haïti et loin du public, l’équipe a réussi à concrétiser l’un des rêves les plus chers du peuple. Comme Philippe Vorbe, il insiste sur le rôle majeur joué par les expatriés, rappelant que près de 70 % des joueurs n’ont jamais mis les pieds en Haïti. Mais cette qualification met surtout en lumière l’impact dévastateur de l’insécurité : un championnat national paralysé, des infrastructures sportives détruites ou occupées par les gangs.
Dans ce parcours éliminatoire, Haïti avait fort à faire dans un groupe comprenant le Costa Rica, le Nicaragua et surtout le Honduras, qui ont créé des oppositions difficiles. Mais la confiance a été au rendez-vous, particulièrement en ce 18 novembre, jour de commémoration de la bataille de Vertières, symbole de la lutte pour l’indépendance. Une nouvelle page d’histoire s’écrit donc, dans un contexte où le peuple aspire à une nouvelle forme de libération.
De nombreuses voix ont salué la performance haïtienne : ambassades, FIFA, présidence, primature, institutions et divers secteurs. Les médias internationaux ont abondamment relayé l’exploit d’un pays qui s’est qualifié sans jamais jouer sur son propre sol. Grâce à cette performance, Haïti grimpe d’ailleurs au classement FIFA pour le mois de novembre.
Cette édition de la Coupe du monde, organisée aux États-Unis, au Canada et au Mexique, ravive l’espoir et recentre les projecteurs sur un peuple qui, malgré les épreuves quotidiennes, continue de résister et de faire preuve d’une résilience admirable.
Wideberlin Sénexant
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