PubGazetteHaiti202005

Haïti : Quand la pauvreté devient une culture de résignation

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Par Dr Jean Gardy MARIUS, Ancien Consul Général d’Haïti à Santiago, République dominicaine
 
En Haïti, un seuil dramatique a été franchi : la pauvreté n’indigne plus. Elle s’est installée dans les mentalités, dans les habitudes, presque dans la langue. Le véritable danger n’est plus seulement matériel : c’est l’acceptation sociale de la misère comme horizon permanent.
 
Le pays cumule aujourd’hui les trois niveaux de pauvreté identifiés par l’économiste Jeffrey Sachs : extrême, modérée, relative. On ne parle plus ici de cas isolés mais d’un effondrement structurel. Plus de 5 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire aiguë. Plus de 1 000 écoles ont fermé. Moins de la moitié des centres de santé sont opérationnels. Et pourtant, où est le cri ? Où est la colère ?
 
L’aide internationale est bien là. FMI, Banque Mondiale, PAM. Mais elle ne suffira jamais à ranimer une société qui ne croit plus en elle-même. Le vrai piège est devenu culturel : il s’agit de générations entières à qui l’on a désappris à espérer.
 
Je ne signe pas ici une plainte, mais un appel. Un réveil moral et civique. Il est temps de repolitiser la question de la pauvreté. Il est temps d’exiger des comptes. Il est temps que les artistes, les enseignants, les journalistes, les jeunes, participent à réinventer l’imaginaire collectif.
 
Parce que non, il n’est pas normal de vivre comme ça. Parce que non, ce n’est pas un destin. C’est une faillite et elle peut encore être stoppée.
 

 

 

Dr Jean Gardy MARIUS
Ancien Consul Général d’Haïti à Santiago

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