Intervenant ce samedi 5 aout 2022 à l’émission Ranmase sur la radio caraibes, le Président-Directeur général du journal en ligne Gazette Haïti News, Volcy Assad a tenu à expliquer les dessous de son refoulement par l’immigration américaine, alors qu’il se rendait jeudi 3 novembre en Floride aux funérailles de sa belle-Sœur. L’ancien dirigeant de ODEP Haïti coupe court aux rumeurs entourant cette affaire.
La nouvelle a eu l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. Volcy Assad, PDG du média Gazette-Haïti, a été refoulé par l’immigration américaine. Un fait survenu au moment même de la révocation de visas de plusieurs figures de proue de la politique haïtienne; ce qui a donné droit à des interprétations et des rumeurs de toutes sortes.
Volcy Assad indique qu’il devait se rendre aux Etats-Unis aux funérailles de sa belle-sœur chantées ce samedi. Le journaliste senior dit avoir pris l’avion à l’aéroport Toussaint Louverture à Port-au-Prince sans problème.
« Je suis descendu de l’avion pour prendre mes bagages. Puis, je me suis dirigé vers l’immigration », explique M. Assad, déclarant avoir reçu plusieurs appels de la personne qui devait venir le chercher au moment de récupérer ses bagages. « J’ai malheureusement décroché dans cette zone interdite pour des conversations téléphoniques, geste pour lequel il a été réprimandé par un agent de l’immigration », raconte l’ex dirigeant politique.
Il explique avoir ensuite pris la ligne afin de passer à l’immigration et qu’après avoir remis son passeport et répondu aux questions d’usage, l’agent de l’immigration lui a demandé de le suivre. « On m’a conduit dans une salle, on a vérifié mes bagages. Deux heures plus tard, j’ai subi une seconde fouille tout en répondant à des questions. On m’a conduit dans une 3e salle pour être questionné par un autre agent », détaille l’animateur de l’émission « Le Rendez-vous avec Volcy Assad » sur Gazette Haïti.
Volcy Assad était en territoire inconnu. Lui qui pensait que les questions seraient dirigées autour de certains articles ayant provoqué la colère du gouvernement américain, il dit avoir été surpris d’avoir à répondre à des questions liées à ses activités de militant politique datant de 2013 aux côtés de l’ancien sénateur Moïse Charles. « Il m’a demandé si j’avais l’habitude de faire des manifestations devant l’ambassade américaine, j’ai répondu oui. Il m’a demandé si c’était des manifestations violentes ? J’ai dit non », rapporte-t-il.
L’agent de l’immigration dit détenir des contenus audiovisuels et photos montrant l’ancien reporter de Haïti Inter en train de faire un forcing pour investir les locaux de l’ambassade américaine. Ce dernier affirme avoir mis l’agent au défi de lui montrer ces contenus. « Étant donné que mon niveau d’anglais m’aurait empêché d’être clair, j’ai fait appel à un interprète », dit-il. Il dit avoir précisé pour lui que s’il manifestait devant l’ambassade américaine à l’époque, c’était justement pour demander au gouvernement américain de lâcher le président Martelly qu’il supportait.
Ses « liens » avec Moïse Jean Charles et des questions sur Youri Latortue et Nènèl Cassy
Après les séries de questions sur l’ambassade américaine, c’était autour de ses « liens » avec le leader de Pitit Desalin Jean Charles Moïse et sur les raisons ayant conduit à leur divorce politique en tant que co-fondateurs du parti . « Après, ils m’ont demandé si je connaissais Youri Latortue et Nenel Cassy », rapporte-t-il.
Cet énième interrogatoire a eu lieu et Assad a répondu de la même manière. « C’était épuisant », juge-t-il, décrivant un endroit effrayant d’une froideur incroyable. Toutefois, après les interrogatoires, le verdict n’a pas pris de temps. Le visa américain de Volcy Assad a été révoqué.
« Après, on m’a demandé de signer ma déclaration. On m’a dit que la révocation de mon visa n’était pas « préjudiciable » et que je pourrais ré-appliquer au consulat à Port-au-Prince si je parviens à prouver que les allégations contre moi sont fausses », a raconté Volcy Assad.
Cet interrogatoire a pris fin vers les 22h 30 alors qu’il a débuté vers midi. Volcy Assad a passé la nuit dans une petite chambre froide sans aucun lit afin d’attendre le premier vol pour rentrer en Haïti. « J’ai été le premier à monter dans l'avion. Probablement, c’est pourquoi on n’a pas pu prendre mes photos », ridiculise-t-il.
Le patron de Gazette Haïti News clarifie qu’il n’est pas sur la liste du département d’Etat américain. « Sinon, je n’aurais pas pu prendre l’avion à l’aéroport international Toussaint Louverture comme c’est le cas pour d’autres. C’est le Homeland security qui a fait une vérification sur ma personne à partir de mon comportement inapproprié découvrant que j’ai une histoire politique dans le pays. C’est ce qui aurait selon lui, causer sa mésaventure. Il n’as pas d’autres explications puisqu’il n’a rien à se reprocher, a-t-il précisé. Sur cette base, ils sont allés jusqu’à Martelly, période à laquelle je manifestais devant l’ambassade américaine », clarifie-t-il.
Reconnaissant que l’octroi d’un vida n’est qu’une courtoisie et qu’à n’importe quel moment ce document peut être annulé, Volcy Assad réfléchit encore s’il doit demander un autre visa au consulat américain comme l’immigration américaine lui a conseillé. « J’ai des enfants aux Etats-Unis », dit-il.
Ce n’est pas la première fois que le visa de Volcy Assad est révoqué. Sous la présidence de René Préval, lors des élections de 2010, alors qu’il était conseiller du Président, son visa a été révoqué en compagnie d’une dizaine d’autres conseillers au Palais national. Une tentative de pression sur René Préval afin de le contraindre à lâcher Jude Célestin, son poulain de l’époque. Après l’élection de Martelly, ils ont tous été invités à reprendre leur visa, sans aucune explication. Assad se demande pourquoi maintenant, alors qu’il n’est plus actif dans la politique haïtienne.
Hier vendredi, dans un communiqué, le Canada a annoncé des mesures contre le Président du Sénat haïtien Joseph Lambert et l’ancien Sénateur Youri Latortue. Ces mesures sont prises en coordination avec les Etats-Unis qui, eux aussi, interdisent d’entrée sur leur territoire ces deux grandes figures de la politique haïtienne.
Par : Daniel Zéphyr
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