PubGazetteHaiti202005

Assassinat de Marie Antoinette Duclaire: Gazette Haïti a visité sa famille à New York, ravagée par cette brutale disparition 

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Récit d’une famille où le militantisme est quasi héréditaire 

Les funérailles de la dirigeante et porte-parole de l'organisation politique Matris Liberasyon, Antoinette (Netty) Duclaire, seront chantées dans sa ville natale Chantal (une commune de l'arrondissement des Cayes) aussitôt que les formalites administratives et legales remplies, a révélé Louise Alcena, la mère de la défunte. « Je dois aller en Haiti pour rendre un dernier hommage et enterrer ma fille. Personne au monde ne peut m'empecher de le faire. « L'Etat est entrain de pratiquer l'autopsie du corps. Sinon le cadavre de Marie Antoinette  aurait du être, déjà, dans une morgue aux Cayes », a confié Louisana Alcena, à Gazette Haïti, dimanche dans son domicile a Brooklyn, New York, totalement ravagée par cette brutale disparition.

Netty, jeune femme de 32 ans, très impliquée dans le mouvement feministe, fut exécutée dans la nuit du 1er juillet 2021 à Christ-Roi, dans sa voiture, en compagnie du journaliste Diego Charles de Radio Vison 2000, également rédacteur à Gazette Haïti. Elle a recu sept balles, son compagnon d'infortune trois, selon un communiqué du réseau national de défense des droits humains.

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Louise Alcena a transmis le virus de la politique à sa fille Netty.

Un superbe soleil de Juillet brillait sur Brooklyn à New York, dans une sorte de sérénité paresseuse, dans un ciel aux nuages veloutés et insouciants. Mais ce soleil tranquille n'arrivait pas à illuminer le coeur de la famille de Antoinette « Netty » Duclaire. Comme il fallait s'y attendre la tristesse était palpable. Sa mère, Louise Alcena, subissait visiblement les effets de cette mort brutale. De taille moyenne, d'une imposante stature, elle a su garder une grande dignité dans cette épreuve. « Personne ne pourra comprendre la peine que les assassins de Netty ont infligé à la famille », a déclaré cette veuve de 67 ans. Très croyante, elle n'a jamais cessé d'invoquer le nom de Dieu tout au long de la visite de Gazette Haïti. La disparue a de qui tenir. Louise Alcena a transmis le virus de la politique à sa fille. Elle avait mis sur pied dans son bled un groupement feminin. Bien avant, elle avait fait partie du Centre de Recherches  et d'Actions pour la Promotion Feminine(CHREPROF). Elle fait partie aussi de Soley Leve de l'ancienne mairesse de la capitale Carline Simon. Elle avait dirigé la mairie de Chantale de 2004 à 2006. La vie ne l'a pas épargnée: treize ans plus tôt, elle avait perdu son mari Antoine Duclaire dans des circonstances pas trop catholiques. « Tu sais quand on reçoit un coup de massue, ça prend du temps pour se relever. Je n'ai jamais accepté la perte de mon mari. Je  ressens toujours ce vide immense. Quelques jours avant la disparition de Netty, elle avait posté une photo de son père, elle m'avait bouleversée exactement quand je le voyais sur son lit de mort », comme si elle se parlait à elle-meme, le regard dans le vide. 

Claudine Duclaire, soeur de Netty: «  Elle a fait don de sa personne pour une cause, pour son pays »

Depuis l'annonce de la perte de sa soeur, Claudine Duclaire dit ressentir une sorte de remords à rebours. « Netty est entrée en politique à cause de moi. Je me sens un peu responsable de ce qui est arrivé. Je militais activement à la faculté d'ethnologie au milieu des années 2000. J’étais dans toutes les mobilisations et actions qui pouvaient apporter le changement tant désiré en Haiti », declarait-elle avec une voix empreinte d'une certaine émotion. Après avoir terminé ses etudes secondaires, je l'ai encouragée à venir dans cette faculté. Là, elle a pris son envol pour devenir ce qu'elle a été jusqu'a sa mort », a-t-elle ajouté. Quand elle parle de sa soeur, ses yeux brillaient de peine. « Cette Netty quand elle embrassait une cause, personne ne pouvait l'empecher de se donner à fond. Chaque fois que je l'ai eue au téléphone, je lui prodiguais des conseils concernant sa sécurité personnelle. Dieu! on aurait dit que ça allait finir mal, très mal. Elle a fait don de sa personne pour une cause, pour son pays. Parfois, elle s'enervait quand on lui disait de laisser Haiti pour un petit bout de temps », a-t-elle indiqué. « Si tout moun kite peyi a, kiyès kap la pou pote chanjman an », semblait vouloir dire Netty. Et comme pour la défier, elle ajouta qu'elle ne quitterait pas Haiti même pour tout l'or du monde. Elle croyait profondement et passionement dans cette nouvelle Haiti qui tarde à pointer le bout de son nez. Comme sur sorte de prémonition, elle avait confié, pas longtemps, à Claudine Duclaire ses mots de passe et autres effets personnels au cas où l'irreparable arriverait. Quand le téléphone sonnait, elle avait toujours le coeur qui bâtait la chamade. Elle redoutait le jour où on devait lui annoncer quelque chose de fatal. Effectivement, elle a recu ce coup de fil tant redouté aux environs de 5 heurs du matin. Aux premiers sons, elle a su que Netty Duclair a fait le grand voyage vers l'au-dela.

« On a tué ma fille, on a volé sa vie. Un combat reste un combat. Merci la vie »

Les deux femmes, certainement, ne s'attendaient pas a vivre une telle situation. Parfois, elles se demandent si elles ne vivent pas un cauchemar éveillé. Louise Alcena tenait dans sa main deux téléphones cellulaires. De temps en temps, elle surfe sur Facebook pour voir les photos et videos de Netty. « Gad pitit fim nan non », glissait-elle dans un sourire douloureux. Elle passe et repasse le visage tant aimé. Elle ressemblait à une femme amoureuse voyant pour la premiere fois son amoureux. L'ancienne éducatrice du préscolaire poussait un soupir profond après avoir regardé cette jeune femme dont l’assassinat a secoué le pays et surtout les réseaux sociaux. Au terme de la visite, les larmes, jusqu'ici contenues, coulaient sans retenue. Elle repetait à l'infini « Oh! on a tué ma fille. On a volé sa vie. Je n'ai que ma bible et mon chapelet. Je sais que le Dieu vivant que je sers me rendra justice. Je n'ai pas d'autres armes. Un combat reste un combat. Merci la vie ». Cela fait de la peine à la voir pleurer. Elle appuyait sa tete sur l'un des reporters de Gazette qui, impuissant la consolait. C'est triste de voir une mère s'appretant à mettre en terre son enfant. Alors que c'est l'inverse qui aurait du se produire.

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Par: Daniel Rodney Jean Baptiste et Evens Dubois

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