Le Konpa haïtien a été officiellement reconnu comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, lors de la 20e session de son Comité intergouvernemental tenue en Inde, mardi 9 décembre 2025. Cette décision historique consacre un rythme emblématique d’Haïti, créé par le célèbre musicien haïtien Nemours Jean-Baptiste et devenu un symbole mondial de créativité. Les autorités haïtiennes ont salué une victoire culturelle majeure pour le pays.
Haïti vient ainsi de voir l’un de ses symboles culturels accéder à une reconnaissance planétaire. Après sa mise en lumière récemment à New York, le compas, musique phare du pays, entre désormais dans le cercle des patrimoines culturels immatériels de l’humanité. L’annonce, faite par l’Unesco a été accueillie comme un moment de fierté nationale et de profonde émotion à travers le territoire.
Dans un communiqué, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé s’est félicité de cette consécration, estimant qu’elle illustre la vitalité du patrimoine culturel haïtien et la force d’une identité forgée par la créativité collective. Il a souligné que cette reconnaissance internationale met en lumière « la mémoire, la lutte et la passion de tout un peuple » et confirme la place du Konpa parmi les expressions culturelles les plus fortes de la nation.
Cette distinction s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée par Haïti ces dernières années. Après l’inscription de la Soupe joumou, symbole historique de liberté, le Konpa rejoint à son tour la liste des éléments culturels haïtiens reconnus à l’échelle mondiale. Né dans les milieux populaires, façonné par les réalités sociales et les espoirs collectifs, ce rythme a su traverser les générations et les frontières.
L’histoire du Konpa demeure indissociable de la figure de Nemours Jean-Baptiste, 1955, considéré comme le père du Konpa direct. Son œuvre a structuré un langage musical qui a permis à Haïti de dialoguer avec le monde à travers la musique. Son héritage continue d’influencer des milliers de musiciens, de danseurs et de groupes qui perpétuent et renouvellent ce genre.
Présent à la 20e session du Comité intergouvernemental, le coordinateur du dossier de candidature, Ricarson Dorcé, a souligné la portée de cette reconnaissance :
« La reconnaissance mondiale du Konpa consacre l’excellence de notre patrimoine immatériel et nous engage à poursuivre, avec détermination, la construction d’une société fondée sur la culture, le dialogue et la paix. »
Aujourd’hui, le Konpa dépasse la simple dimension musicale. Il est un espace de rassemblement, un pont entre la diaspora et le pays, un langage commun qui unit les Haïtiens au-delà des différences. Cette inscription à l’UNESCO ouvre une nouvelle ère pour la sauvegarde et la transmission de ce patrimoine vivant.
Désormais, le Konpa ne représente plus seulement un rythme national. Il devient un héritage partagé par l’humanité, tout en restant le battement de cœur d’Haïti.
Pour beaucoup, cette inscription est perçue comme un geste de justice culturelle envers un peuple dont la musique a toujours été une forme de résistance, de joie et de survie.
Au-delà de la distinction, cette reconnaissance engage désormais l’État haïtien et les institutions culturelles à renforcer la transmission du Konpa dans les écoles, à soutenir les orchestres traditionnels et à protéger les archives musicales. Car plus qu’un genre musical, le Konpa est une mémoire vivante, une respiration collective, une manière pour Haïti de dire au monde qu’elle existe, qu’elle crée et qu’elle inspire.
Ainsi, le Konpa ne danse pas seulement dans les bals et les fêtes. Il danse désormais dans l’histoire universelle, comme une preuve éclatante que la culture haïtienne, loin de s’éteindre, continue de briller avec force et dignité.
Wideberlin Sénexant
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