PubGazetteHaiti202005

Crise au sommet de l’État : Laurent Saint-Cyr met en garde contre un changement précipité de gouvernement

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Dans une lettre adressée aux membres du Conseil présidentiel de transition (CPT), en date du 26 novembre 2025, Laurent Saint-Cyr rompt le silence. Le président du CPT appelle à l’unité, à la sagesse et à la responsabilité nationale, au moment où des initiatives se multiplient pour provoquer le départ du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Une prise de position qui intervient dans un contexte politique tendu et à moins de deux mois d’une échéance cruciale pour la transition.

Face à ce qu’il qualifie de moment « grave et décisif » pour le pays, Laurent Saint-Cyr a choisi de sortir de sa réserve. Dans une correspondance transmise aux autres membres du Conseil présidentiel de transition, le coordonnateur du CPT appelle à « un sursaut de conscience collective ». Selon lui, l’intérêt supérieur de la Nation impose de dépasser les divergences internes et de placer les ambitions personnelles au service du bien commun, à un moment où la stabilité de l’État reste fragile.

Depuis plusieurs jours, des démarches visant à révoquer le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé se sont intensifiées. Pour Laurent Saint-Cyr, ces initiatives ont perturbé la sérénité nécessaire au bon fonctionnement du Conseil et alimenté une inquiétude croissante au sein de l’opinion publique. Elles ont également suscité, selon lui, des préoccupations légitimes chez les partenaires internationaux d’Haïti, au point de faire peser une menace réelle sur l’équilibre déjà précaire du pays.

Le représentant du secteur au sein du CPT met particulièrement en garde contre le timing d’un tel changement. À moins de deux mois de l’échéance du 7 février 2026, il estime qu’un bouleversement à la tête du gouvernement pourrait compromettre les efforts engagés, tant sur le plan sécuritaire qu’électoral. S’il reconnaît que des ajustements peuvent être nécessaires pour améliorer l’action gouvernementale, Laurent Saint-Cyr juge qu’un changement brutal de Premier ministre à ce stade risquerait de déstabiliser davantage les institutions.

Dans son rôle de coordonnateur du Conseil présidentiel de transition, il rappelle que sa mission première est d’assurer la continuité de l’État. Depuis sa prise de fonction, dit-il, il s’est efforcé d’instaurer un climat de collégialité et de respect mutuel au sein du Conseil, tout en favorisant une collaboration constructive entre la Présidence et la Primature. Le dialogue, insiste-t-il, doit rester la voie privilégiée pour affronter une crise que beaucoup décrivent comme l’une des plus profondes de l’histoire récente du pays.

Le responsable souligne également les avancées enregistrées au cours des derniers mois. Parmi elles, les discussions engagées avec les partis politiques, l’allocation de fonds au processus électoral, ainsi que la préparation du projet de décret électoral et du calendrier des prochaines consultations. Autant d’éléments que Laurent Saint-Cyr considère comme des jalons essentiels sur la voie de la restauration de la légitimité démocratique, de la stabilité institutionnelle et de la souveraineté nationale.

Cependant, malgré ces progrès, certaines décisions envisagées aujourd’hui pourraient, selon lui, réduire à néant les efforts consentis. À ce stade critique, Laurent Saint-Cyr affirme clairement qu’il ne s’associera pas à des démarches qu’il juge contraires à ses convictions, à ses principes et à l’intérêt du peuple haïtien. Il réaffirme son attachement à la stabilité, à la rigueur dans l’action publique, à la lutte contre l’insécurité et au respect de l’indépendance du Conseil électoral provisoire.

Sur le plan sécuritaire, il note des signes encourageants, bien que modestes. Il évoque les premières avancées liées à l’engagement renouvelé des partenaires internationaux, notamment à travers la mise en œuvre de la Force de répression des gangs (FRG). Ces progrès, dit-il, reposent sur une coopération étroite entre la Primature et la Présidence, coopération qui ne doit pas être fragilisée par des crises politiques internes.

Dans un ton à la fois ferme et rassembleur, Laurent Saint-Cyr appelle à éviter les confrontations stériles et les décisions dictées par des calculs individuels ou partisans. Haïti, écrit-il en substance, ne peut plus se permettre de transformer chaque étape de la transition en champ de bataille politique. Selon lui, le pays doit rompre avec l’enchaînement de transitions interminables et créer les conditions d’un retour à l’ordre démocratique.

Enfin, Laurent Saint Cyr invite ses collègues à rester concentrés sur les véritables urgences nationales : la sécurité, les élections et le bien-être de la population. Toute initiative qui détourne l’attention de ces priorités, prévient-il, risque de fragiliser l’avenir collectif. À l’aube d’une période qu’il qualifie de décisive, le président du CPT renouvelle son appel à la sérénité, au dialogue et à l’unité, convaincu que seule cette voie permettra d’éviter des crises en cascade et de répondre aux attentes profondes du peuple haïtien.


Arnold Junior Pierre

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