Dans un point de presse tenu le mardi 25 novembre 2025, le Conseiller-Président Fritz Alphonse Jean a rejeté les sanctions imposées contre lui par les États-Unis, qui l’accusent d’entretenir des liens avec des groupes armés et d’entraver la lutte contre la violence. L’ancien gouverneur de la BRH affirme que ces sanctions ne sont que la conséquence directe de son opposition ouverte au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et sa volonté de le voir remplacé. Mais le passage le plus surprenant de son intervention concerne la révélation d’échanges écrits attribués à l’ambassadeur du Canada, André François Giroux, et au chargé d’affaires américain en Haïti.
Fritz Jean a rappelé que la mission confiée au gouvernement se concentrait autour de trois obligations essentielles : la sécurité, la bonne gouvernance et l’organisation des élections. Selon lui, dans chacune de ces trois dimensions, le Premier ministre Fils-Aimé a failli à sa véritable mission.
L’ancien président de la BRH a passé en revue l’ensemble des manquements qu’il reproche au gouvernement. Le budget dit « de guerre » adopté pour faire face à l’insécurité n’aurait jamais été exécuté convenablement, malgré les instructions du CPT et les mesures destinées à faciliter les décaissements, selon M. JEAN. Les institutions de contrôle n’auraient reçu aucune directive claire, et les fonds destinés aux opérations sécuritaires seraient restés bloqués.
Le représentant de l’accord Montana au sein du CPT a insisté sur l’ampleur de la crise humanitaire. Il souligne qu’un million de déplacés internes souffrent aujourd’hui des violences, alors même que le taux d’absorption du budget d’investissement n’a pas dépassé 33 % au 31 août 2025, un chiffre qu’il qualifie d’« indécent » pour un pays en péril.
Fritz Jean estime que ces situations ont conduit à la montée de l’insécurité. Les assauts des groupes armés auraient pu être contenus si le gouvernement avait mis en œuvre les décisions adoptées en Conseil des ministres, selon l’esprit de l’intervention de Fritz Alphonse Jean. Il accuse également l’exécutif d’avoir réduit les enveloppes destinées à la PNH et aux FAD’H et d’avoir amputé le budget du MAST d’une somme dépassant le milliard de gourdes, alors même que la crise des déplacés internes exigeait un investissement massif et structuré.
Pour l’ex gouverneur de la banque centrale, le manque de résultats sur les chantiers de la sécurité et des actions conjointes à mener dans la sphère sociale risque d’hypothéquer l’organisation des élections en temps voulu. « Il faut un gouvernement plus proactif, plus responsable, c’est-à-dire mieux imprégné de sa mission et de ses responsabilités », exhorte M. Jean qui croit que « pour cela, il est nécessaire qu’un Premier Ministre comprenne qu’il est le bras de l’éxecutif qui permet au CPT de remplir sa mission ». « Il ne peut se prendre comme un acteur indépendant, voire un électron libre », dit-il.
Mais le passage le plus surprenant de son intervention concerne la révélation d’échanges écrits attribués à l’ambassadeur du Canada, André François Giroux, et au chargé d’affaires américain en Haïti. Dans ces messages datés et annexés à son dossier, les diplomates exprimeraient ouvertement leur opposition au remplacement du Premier ministre et menaceraient de sanctions les membres du CPT qui poursuivraient une telle démarche. Les extraits partagés montrent un langage direct, parfois abrupt, laissant entendre que Washington et Ottawa considèrent toute tentative d’écarter le chef du gouvernement comme un acte susceptible de compromettre la « continuité » recherchée jusqu’aux élections de 2026.
Dans l’un de ses messages, l’ambassadeur du Canada évoque clairement la possibilité de mesures de rétorsion à l’encontre de certains conseillers présidentiels. Le chargé d’affaires américain, quant à lui, emploie un ton encore plus tranchant, avertissant Fritz Jean que « ce n’est pas le moment de mettre à l’épreuve la détermination des États-Unis ».
Face à ces propos, le Conseiller-Président semble avoir choisi de répondre avec franchise, disant espérer qu’il ne s’agissait que d’un piratage tant les mots employés lui semblaient irréalistes dans un cadre diplomatique.
Pour l’instant, Alix Didier Fils-Aimé semble être on ne peut plus confortable, lui qui a été sur la sellette pendant tout le week-end. Pour l’instant, le CPT en tant qu’institution n’a pas encore réagi officiellement sur cette situation. Il n’est que d’attendre…
Par: Daniel Zéphyr
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