PubGazetteHaiti202005

« La situation que connaît le pays découle du vide laissé par la démobilisation des Forces Armées », dixit Jean-Michel Moïse, ministre de la défense

Jean Michel Moïse, ministre défense

Le ministre de la Défense, Jean-Michel Moïse, est monté au créneau pour défendre l’honneur et le rôle de l’Armée d’Haïti, régulièrement accusée d’inaction face à la montée de l’insécurité. Invité ce mardi 11 novembre 2025 à l’émission « Le Rendez-Vous » de Gazette Haïti News, animée par Volcy Assad, l’ancien parlementaire, rare dans les médias, a tenu à rétablir certaines vérités sur l’institution militaire et sa place dans le dispositif sécuritaire du pays.

Selon Jean-Michel Moïse, l’absence dans le passé de l’armée est l’une des causes profondes de la fragilité actuelle de l’État. « La situation que connaît le pays découle du vide laissé par la démobilisation des Forces Armées », a-t-il déclaré. À ses yeux, sans la présence des militaires aujpurd'hui, « l’État serait totalement effondré ».


Dès l’entame de l’émission, Jean-Michel Moïse a rappelé que les Forces Armées d’Haïti (FAD’H) sont encore à un stade embryonnaire. Selon lui, l’armée est en reconstruction. Elle n’a ni la vocation ni la capacité de se battre seule contre les gangs. Il précise avant tout que le rôle des militaires consiste au moment où l'on parle avant tout à soutenir la Police nationale dans la consolidation des zones pacifiées. Le ministre a également évoqué les résistances rencontrées au niveau international : « Certaines franges de la communauté internationale ne voulaient pas de l’armée. Nous faisons aujourd’hui de la diplomatie pour changer la donne », a indiqué le ministre.
Le ministre s’est félicité du travail de ses troupes qui, malgré leurs moyens limités, assurent la sécurité de plusieurs infrastructures stratégiques : les aéroports de la capitale, la Banque de la République d’Haïti, la Cour des comptes, ou encore le site de la Téléco, où sont logées des installations vitales de télécommunication.

« L’armée n’est pas là pour faire de la publicité », a-t-il lancé, estimant que l’efficacité se mesure dans l’action et non dans le vacarme médiatique.

Le ministre qui est un ancien de l'armée américaine a par ailleurs dénoncé les interférences politiques dans les affaires militaires, qu’il juge responsables des crises et des coups d’État passés. Il souhaite désormais une armée « professionnelle, disciplinée et respectée », dotée de cadres compétents. « l'armée, ce n'est pas seulement les armes et les bottes. Nous  voulons une armée  de citoyens capables de servir la Nation par leurs métiers autant que par leurs armes », a-t-il insisté.

Dans cette optique, la politique de recrutement a été revue. Le ministère encourage désormais l’intégration de jeunes diplômés ayant achevé leurs études classiques.

Jean-Michel Moïse a également révélé que l’armée venait d’être dotée de sept chars blindés, acquis sur le budget propre du ministère. « D’autres matériels sont en route », a-t-il précisé, ajoutant que le gouvernement poursuit activement les démarches pour renforcer les capacités opérationnelles des FAD’H.

Le ministre a reconnu que le pays traverse « des difficultés qu’il n’a jamais connues depuis l’Indépendance ». Selon lui, Haïti fait face à des menaces internes sans précédent : « Les natifs du pays prennent les armes contre la population », regrette-t-il.

C’est dans ce contexte que Jean-Michel Moïse a justifié son plaidoyer à l’Organisation des États américains (OEA) en faveur d’un renforcement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité.

Fidèle à une vision ambitieuse, le ministre a tracé les contours de ce qu’il appelle l’armée de demain : une institution moderne, structurée et dotée de véritables casernes. « Je ne veux pas de petites bases, mais de grandes casernes dignes de ce nom. » Son rêve : une Armée d’Haïti composée d’une force aérienne, d’une marine et d’unités spécialisées capables de prévenir toute menace future. « Nous ne devons plus revivre la situation actuelle », a-t-il estimé.


L’armée se compose actuellement d’un millier de militaires. Elle est embryonnaire et nécessite de sérieux investissements. Felicitant au passage la volonté politique manifeste du premier ministre et du Conseil Présidentiel exprimée à travers le budget 2025-2026, Jean-Michel Moïse plaide pour beaucoup plus de moyens et promet de se battre du bec et des ongles pour le rétablissement du climat sécuritaire.



 

 

Par: Daniel Zéphyr

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