PubGazetteHaiti202005

Livres en Folie: un rendez-vous littéraire qui célèbre la force des mots face à un public majoritairement jeune

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Sous les tentes colorées de la foire littéraire Livres en folie, plus de 1 187 titres présentés par 94 auteurs ont offert à un public jeune un moment de communion intellectuelle. Marquée par un climat national instable, cette 31e édition, placée sous le thème « Kenbe liv ou », s’est imposée comme un formidable vecteur de résistance culturelle en Haïti.


Dès l’ouverture de la foire, l’attention s’est portée sur la jeunesse, venue en nombre, avide de rencontres littéraires et de découvertes. Pour l’écrivain Gary Victor, également présent à l’événement, cette génération représente une promesse d’avenir. « Le pays n’est pas fini… Il existe un réservoir de jeunes porteurs d’idées, qui aspirent à une autre vie », a-t-il déclaré.
Des mots qui sonnent comme un rappel vibrant : malgré les épreuves, la nation continue de respirer, portée par l’élan de ses enfants.


Le Représentant du PNUD, Xavier Michon, a tenu à saluer la ferveur des jeunes. Il a exprimé sa joie de voir un public aussi jeune: « La jeunesse haïtienne est extraordinaire ». 

 Maître Valérie Wakam Cyprien se réjouit de cet événement culturel dans le pays. Il affirme que l’organisation de Livres en Folie lui donne beaucoup d’espoir et montre la nécessité de du rétablissement de la sécurité. Ses mots soulignent une foire bien plus symbolique qu’événement culturel, une lueur au milieu du chaos.

Parallèlement, pour certains, la situation actuelle du pays est intimement liée aux difficultés pour les jeunes d’avoir d’accès aux livres. C’est le cas du journaliste culturel Jean Mary Simon. « Si les jeunes avaient très tôt accès aux livres, Haiti ne connaîtrait pas la crise actuelle », croit-il. C’est pour cela que l’Etat doit, selon lui, intensifier le travail de Livres en Folie. 

Le Dr Jean Ardouin Louis Charles enfonce le clou quant à la responsabilité de l’Etat.« Cela fait 31 ans que je participe à Livres en folie… Si les jeunes ne lisent pas, c’est la faute de l’État », a-t-il déploré, pointant du doigt le manque de politique publique en faveur de la lecture et de l’éducation qui serait l’un des facteurs majeurs de la crise actuelle, privant la jeunesse, dit-il, d’outils essentiels pour construire son avenir.

Des auteurs s’accordent : écrire et lire, c’est s’ancrer dans la lutte. Joël Lorquet, universitaire et écrivain, résume ainsi : « L’insécurité n’a pas empêché la création littéraire en Haïti… pour moi, c’est extraordinaire ». Les signatures et échanges entre les séances témoignent de cette énergie collective : Livres en folie est un espace de mémoire et de reconstruction.

En cette édition 2025, marquée par les crises et les espoirs, Livres en folie a prouvé que les livres peuvent être des refuges, des armes contre le silence et des phares dans la nuit haïtienne. Les mots, ici, deviennent gestes d’espérance — preuves que le pays tient bon, à peine, mais debout.

À rappeler que Livres en Folie rend hommage à Frankétienne, disparu en février, et à Christophe Philippe Charles, intellectuel engagé.

 

 

 

Par Arnold Junior Pierre

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