Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) a organisé, ce mercredi 25 juin 2025, la première réunion du Conseil national de statistique et d’informatique (CNSI), marquant ainsi une étape important dans l’opérationnalisation du Système national de statistique et d’informatique publiques (SyNSIP). Vers 11 heures du matin, le ministère a réuni dans sa salle de conférence, les principaux directeurs généraux du secteur public, cinq ans après la publication du décret du 1er juillet 2020. Ce décret avait pour objectif de réorganiser profondément la gouvernance statistique nationale, notamment en restructurant le CNSI et l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), tout en instaurant le SyNSIP.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Métellus affirme que cette rencontre ne marque pas seulement une initiative technique, mais une aussi vision : « Aujourd’hui, nous avons mis en place le Conseil national de statistique et d’informatique. C’est un organe qui doit travailler de concert avec les institutions publiques et privées afin de permettre à l’IHSI de jouer pleinement son rôle dans l’organisation du système statistique national. »
Alfred Métellus a insisté sur un aspect central : sans statistiques administratives, il est impossible de produire des données fiables. « Ce sont les ministères, les directions générales, les institutions publiques qui doivent publier leurs données. Ensuite viennent les grandes enquêtes. C’est ainsi qu’on structure un appareil statistique sérieux », a-t-il souligné avec vigueur.
Il a également rappelé que, si l’IHSI a pour mission principale de collecter et de produire des données, notamment dans le domaine économique, elle porte aussi une responsabilité nouvelle dans le processus de numérisation de l’État. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore pleinement dans le numérique, mais nous bâtissons les fondations par la statistique. »
Doté d’une mission d’éveil et de coordination, le CNSI aura pour tâche non seulement de structurer les flux d’informations mais aussi d’interpeller les autorités en cas de carences ou de déséquilibres dans la production des données. « Ce ne sera pas au ministre ou au directeur général de l’IHSI de toujours tirer la sonnette d’alarme. Ce sera désormais le rôle du Conseil, qui devra se réunir tous les trois mois, comme le prévoit le décret », a précisé Ministre Métellus.
La mise en place de ce conseil est vue comme une réponse institutionnelle aux défis de transparence et d’efficacité auxquels fait face le pays. Les données, dans cette nouvelle architecture, ne sont plus considérées comme de simples chiffres, mais comme un bien commun au service de la nation.
Aux micros des journalistes, Guy Serge Pompilus, coordinateur du secrétariat technique de la Direction générale de l’IHSI, a insisté sur l’importance symbolique et stratégique de cette rencontre. « C’est un grand jour. Cinq ans après la publication du décret, nous concrétisons enfin la première réunion du CNSI. Ce Conseil est un organe essentiel pour piloter le domaine statistique du pays. »
Selon lui, l’un des enjeux majeurs de cette initiative est la souveraineté des données. « Il faut que les chiffres collectés, stockés, analysés soient sous le contrôle de l’État haïtien. C’est une question de souveraineté. Nous ne pouvons plus dépendre uniquement de données produites par des institutions étrangères. »
Autour de la table, plusieurs directions générales et hauts cadres de l’administration publique étaient présents, notamment ceux des ministères de l’Éducation nationale, de la Santé publique, et d’autres institutions techniques. Certains dirigeants ont participé à distance, via visioconférence, témoignant d’un intérêt partagé pour cette refondation statistique.
Par Arnold Junio Pierre
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