PubGazetteHaiti202005

Le syndicat de l’APN, exhorte le Premier ministre à sécuriser « un corridor stratégique et humanitaire » pour la survie de l’économie nationale

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Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, datée du jeudi 23 octobre 2025, et dont une copie est parvenue à la rédaction du journal  Gazette Haïti News le samedi 25 octobre, le Syndicat des Employés de l’Autorité Portuaire Nationale (SEAPN) tire la sonnette d’alarme en raison du climat d’insécurité à laquelle ils sont quotidiennement exposés. Les syndicalistes y dénoncent une situation d’une gravité extrême : la zone d’accès au port est sous le contrôle de groupes armés, le principal poumon économique du pays est menacé, et l’État demeure impassible.


Dès l’aube, les employés de l’APN affirment affronter un véritable calvaire pour se rendre à leur travail. Le trajet, long d’à peine 1,5 kilomètre, se transforme chaque jour, disent-ils,  en un enfer. Entassés dans un camion blindé inconfortable et surchargé, ils traversent une zone contrôlée par des bandits lourdement armés. « Chaque jour commence par un camion qui devrait être un refuge et qui est en fait un champ de bataille », déplore le Syndicat des Employés de l’Autorité Portuaire Nationale (SEAPN).


Les attaques sont fréquentes et violentes. Le Syndicat des Employés de l’Autorité Portuaire Nationale (SEAPN) décrit le bruit assourdissant des tirs, la peur constante, et l’impression terrifiante que chaque déplacement pourrait être le dernier. Cette situation, poursuit la lettre, a des conséquences dramatiques sur la santé mentale et physique de ces hommes et femmes, qui peinent à se concentrer une fois sur leur lieu de travail.


« Le bruit des armes, l’angoisse permanente, la fatigue psychologique : comment demander à des pères et mères de famille de performer quand ils frôlent la mort chaque matin ? », interroge le syndicat.


Le paradoxe est flagrant. Alors que l’Autorité Portuaire Nationale constitue l’un des piliers de l’économie haïtienne, assurant à elle seule le passage de près de 85 % des marchandises importées, ses travailleurs évoluent dans la peur. Le document rappelle que l’APN génère une part considérable des recettes publiques et demeure le cœur névralgique du commerce national. Pourtant, ceux qui en assurent le fonctionnement sont abandonnés à la merci des gangs. « Pendant que les cargaisons arrivent et que les caisses de l’État se remplissent, les employés risquent leur vie pour que le pays continue de respirer », écrit encore le SEAPN.


La lettre met en évidence le contraste entre la contribution essentielle des travailleurs et l’absence totale de mesures de sécurité. Ce déséquilibre, selon le syndicat, menace non seulement la vie du personnel, mais aussi la stabilité économique du pays tout entier.


Face à cette urgence, le syndicat ne demande pas l’impossible. Il réclame la mise en place immédiate d’un corridor humanitaire et stratégique, sécurisé par les forces de l’ordre, permettant aux employés d’accéder à leur poste sans risquer leur vie.


« Ce n’est pas un luxe, mais une nécessité absolue », insiste la lettre des défenseurs des travailleurs de APN.

Le Syndicat des Employés de l’Autorité Portuaire Nationale (SEAPN) souligne que la sécurisation de ce corridor dépasse la simple protection individuelle. Il s’agit, selon eux, d’un enjeu national : garantir le fonctionnement de l’APN, c’est préserver la continuité économique du pays. L’absence d’une telle mesure met en péril les chaînes d’approvisionnement, les importations vitales et, par conséquent, la survie même de la population.


Dans la lettre, SEAPN dénonce également l’indifférence des dirigeants face à une situation pourtant connue de tous. Le port, en tant qu’infrastructure stratégique, devrait bénéficier d’une protection prioritaire. Mais, au contraire, les employés se retrouvent livrés à eux-mêmes dans une zone où les gangs imposent leur loi.


« Ne pas agir, c’est consentir à ce que des vies soient brisées et que le cœur économique du pays s’effondre », alerte le syndicat.


Cette lettre, signée par plusieurs responsables du SEAPN dont Ulrick Pierre, président du syndicat, et Wilfrid Saintilus, porte-parole, se veut à la fois un cri de détresse et un acte de responsabilité citoyenne. Les signataires exhortent le Premier ministre à intervenir de manière urgente et décisive.


« Votre intervention n’est pas seulement souhaitée, elle est impérative », conclut la lettre ouverte.


Cette alerte dépasse le cadre d’une simple revendication syndicale. Elle révèle une vérité plus profonde : dans un pays rongé par l’insécurité, ce sont souvent les travailleurs essentiels qui garantissent la survie économique de la nation qui payent le prix le plus lourd. L’affaire des employés de l’APN illustre cette fracture entre les promesses de l’État et la réalité vécue par ceux qui maintiennent le pays à flot.

 

 

 

Par Arnold Junior Pierre

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