
Invité à l’émission « Le Rendez-vous » sur Gazette Haïti ce jeudi 9 octobre 2025, le ministre du Commerce et de l’Industrie, James Monazard, est revenu sur l’ambiance qui régnait au Palais national lors du dernier Conseil des ministres, tenu dans la matinée. Dans une atmosphère d’ « intimidation » orchestrée par des groupes criminels, il affirme que le gouvernement, loin de céder à la peur, a fait preuve de calme, de solidarité et de détermination. Le ministre salue le travail du Premier ministre et du directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), qui, selon lui, incarnent aujourd’hui la volonté politique de restaurer la paix dans le pays.
Selon James Monazard, le Conseil des ministres s’est tenu dans un climat particulier. Alors que des tirs sporadiques résonnaient très loin du Palais National, les conseils présidents et les membres du gouvernement ont choisi de maintenir la séance, envoyant un signal fort de résilience et de confiance. « Tout s’est bien passé, malgré les tentatives d’intimidation. Il n’y a eu aucune panique, aucun mouvement de précipitation », a-t-il expliqué, soulignant que les discussions se sont déroulées dans le calme.
Le ministre précise que sept points figuraient à l’ordre du jour, parmi lesquels la sécurité nationale, la relance économique et la réhabilitation des infrastructures publiques. Après la réunion, les ministres ont partagé un déjeuner de travail, signe selon lui d’une entente solide et d’un engagement collectif à avancer, malgré la peur.
Pour James Monazard, les agissements des gangs armés aux abords du Palais relevaient davantage de la provocation que d’une véritable tentative d’assaut. « Ils ont cherché à nous intimider, pas à attaquer », a-t-il insisté. Le ministre a tenu à saluer la vigilance et la maîtrise du directeur général de la PNH, Vladimir Paraison, qui a su maintenir le contrôle de la situation. « Même à un kilomètre, les bandits n’ont pas pu s’approcher. Cela prouve que la stratégie policière commence à porter ses fruits », a-t-il ajouté.
Cette détermination du corps policier est, selon lui, le reflet d’une nouvelle dynamique au sein de l’État. « Ce premier Conseil des ministres de cette envergure prouve qu’il existe enfin une volonté politique réelle. Nous menons une bataille difficile, mais nous la gagnerons ensemble », a déclaré Monazard avec conviction.
Vers la reconquête de la capitale, « tipa tipa »
Le ministre du Commerce a évoqué la reconquête progressive du centre administratif de Port-au-Prince, aujourd’hui largement contrôlé par des groupes armés. Il a repris une expression populaire pour décrire la stratégie adoptée par les autorités : « Tipa tipa », pas à pas. « L’État avance méthodiquement pour reprendre le site administratif au bas de la ville, notamment ceux du Champ-de-Mars et de la zone du Palais national. Ce n’est pas une course, mais une marche assurée vers la restauration de l’autorité publique », a-t-il affirmé.
Selon lui, la stabilité retrouvée dans certaines zones encourage désormais le retour progressif des institutions publiques à leur emplacement d’origine. « Mon ministère devrait déjà être de retour sur le Champ-de-Mars. Si ce n’était pas pour les travaux de réparation, nous serions déjà réinstallés », a-t-il déclaré, tout en précisant que la sécurisation du périmètre reste la priorité.
James Monazard a souligné la coordination accrue entre le gouvernement et la Police nationale. Cette synergie, selon lui, illustre un nouveau souffle au sein de l’appareil étatique. « Nous travaillons main dans la main avec la PNH. Chaque ministre comprend désormais que la sécurité du pays n’est pas seulement une affaire policière, mais un devoir collectif », a-t-il dit.
Il a également mis en avant l’esprit de solidarité entre les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) et le gouvernement. « Nous partageons la même vision : permettre à Haïti de respirer à nouveau, de retrouver sa dignité », a-t-il poursuivi.
Dans son intervention, le ministre Monazard a voulu envoyer un message d’espoir à la population haïtienne, souvent découragée par la violence et la paralysie institutionnelle. « Je comprends la tristesse de notre peuple, mais je veux lui dire : ne perdez pas confiance. L’État n’est pas mort, il se relève », a-t-il affirmé, la voix chargée d’émotion.
Pour lui, le conseil des ministres symbolise un tournant : « C’est la preuve que nous pouvons encore travailler, discuter, décider, même dans les moments les plus sombres. Ce Conseil des ministres montre que le gouvernement ne reculera pas. »
La relocalisation des ministères situés au Champ-de-Mars et au bas de la ville demeure un défi majeur, mais aussi un symbole de renaissance. Le ministre du Commerce assure que des plans concrets sont déjà en cours pour permettre un retour ordonné et sécurisé. « Progressivement, tous les ministères reprendront leur place. Cela enverra un signal fort à la population : la République reprend ses droits », a-t-il dit avec détermination.
En conclusion, le ministre du Commerce a insisté sur la nécessité de maintenir la cohésion gouvernementale et la confiance envers les forces de sécurité. « Ce que nous avons vécu au Palais n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve de courage. Nous avons tenu tête à la peur », a-t-il dit.
Dans un pays meurtri par des années de crise et d’insécurité, les mots de James Monazard sonnent comme une promesse : celle d’un État qui, pas à pas, veut se relever et redonner confiance à son peuple.
Arnold Junior Pierre
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