
Le professeur Auguste D’Meza, président du parti Fòs Chanjman Nasyonal (FCN), n’a pas mâché ses mots à l’encontre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement en place. Invité le 9 octobre 2025 à l’émission « Le Rendez-vous » animée par Volcy Assad, le sociologue a livré une analyse sévère de la situation actuelle du pays et des pistes envisagées pour une sortie de crise.
« Cette équipe a détruit le pays, halte là ! »
Pour Auguste D’Meza, il est illusoire de chercher une issue durable avec les dirigeants actuels. Il dénonce sans détour la continuité d’ « un système défaillant qui a plongé le pays dans le chaos. »
« Cette équipe a détruit le pays, assez, halte là!. Ces gens prennent le pays en otage », a-t-il lancé, visiblement exaspéré.
Auguste D‘Meza plaide pour un renouvellement profond de la classe dirigeante :
« Il faut chercher d’autres personnes avec d’autres idées, d’autres manières de faire, d’autres gestes. Il faut donner la chance à ceux qui sont en réserve. Laissons émerger les autres, vous avez échoué. »
Selon lui, l’échec du leadership haïtien ne date pas d’hier :
« Ce n’est pas aujourd’hui que vous avez échoué, mais depuis 1986. À chaque pouvoir, ils trouvent toujours le moyen de se renouveler. »
« Pas de solution après le 7 février 2026 avec ceux qui ont échoué »
Le président du FCN rejette catégoriquement toute possibilité de compromis politique ou de prolongation du mandat de l’actuel Conseil Présidentiel de Transition.
L'homme qui a formé plusieurs générations ne croit pas en une solution après le 7 février 2026 avec ceux qui ont échoué aujourd’hui.
La proposition du FCN : retour à la légalité constitutionnelle
Face à la crise de légitimité, Auguste D’Meza et son parti prônent un retour à la forme légale et légitime du pouvoir, en conformité avec la tradition constitutionnelle haïtienne :
« La véritable solution de gouvernance réside dans le transfert du pouvoir à la Cour de cassation », a-t-il déclaré.
Cependant, il reconnaît les doutes que suscite une telle approche, notamment en raison des divisions internes au sein de la magistrature et des influences politiques de certains secteurs cherchant à contrôler la Cour.
Deux scénarios de transition évoqués
Interrogé par le journaliste Volcy assad sur le moment idéal pour mettre en œuvre cette transition, Auguste D’Meza a évoqué deux scénarios.
D’une part, il estime qu’une action avant le 7 février 2026 serait souhaitable au regard de la dégradation accélérée du pays. D’autre part, dans un souci de respect des formes institutionnelles, il suggère d’attendre la date prévue dans l’accord du 3 avril, soit une transition légale après le 7 février 2026.
Pour le leader du FCN, le salut national passe par la rupture
Parallèlement, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), à qui il ne reste qu’environ quatre mois au pouvoir, multiplie les rencontres avec différents secteurs politiques, notamment ceux qui ont été à l’origine de l’accord ayant donné naissance à la transition actuelle, dans une tentative de trouver des solutions en vue de la tenue des élections.
Par ailleurs, cette sortie survient alors que la communauté internationale, en particulier les États-Unis, presse le gouvernement haïtien d’organiser des élections dans les meilleurs délais.
Mais le temps presse et le climat sécuritaire demeure toujours préoccupant. Dans un contexte aussi fragile, plusieurs observateurs doutent de la possibilité d’un redressement rapide. Sauf miracle, le pays s’achemine vers une nouvelle transition après le 7 février 2026, ce qui serait la troisième depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.
Wideberlin Sénexant
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