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« Nous ne sommes pas accrochés au pouvoir »: Emmanuel Vertilaire laisse aux secteurs politiques le soin de décider de l’après-CPT

@Gazette Haiti News

Invité de l’émission « Le Rendez-Vous » animée par Volcy Assad ce vendredi 10 octobre 2025, le conseiller présidentiel Emmanuel Vertilaire a pris la parole sur la question sensible du 7 février 2026, date marquant la fin du mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT).


Celui qui représente le parti Pitit Desalin au sein du Conseil a tenu à rassurer : les membres du CPT ne s’accrochent pas au pouvoir. Selon lui, il revient désormais aux secteurs politiques de déterminer la voie à suivre après cette échéance.

C’est la première fois qu’un conseiller présidentiel s’exprime publiquement sur l’avenir du CPT et sur la date fatidique du 7 février 2026. Alors que plus d’un estime que les conseillers cherchent à prolonger indéfiniment leur mandat, Emmanuel Vertilaire réfute cette perception. « Nous avons entendu les voix des secteurs », affirme-t-il, rappelant que lui et ses collègues ne sont que les représentants de divers courants de la vie nationale.

« Ce n’est pas nous qui nous sommes propulsés au pouvoir. Notre mandat s’achèvera le 7 février, mais cela ne signifie pas que nous devons rester inactifs », explique l’ancien juge d’instruction, estimant que « pour l’après-CPT, les secteurs peuvent décider de toute autre formule ».


« Vous n’êtes pas tentés de vous maintenir au pouvoir ? », interroge Volcy Assad.
« Non », répond Vertilaire, sans détour. « Je parle au nom du Conseil », ajoute-t-il, insistant sur le fait que l’ensemble de ses pairs partagent cette position. « Nous ne sommes pas accrochés au pouvoir », estime-t-il.

Emmanuel Vertilaire explique que les conseillers ont voulu de toutes leurs forces aider le pays à sortir du bourbier dans lequel il s’enfonce, mais qu’ils se sont heurtés à d’innombrables obstacles. « Si nous n’arrivons pas à achever le processus, nous souhaitons que ceux qui nous succéderont puissent le mener à bien », confie-t-il, tout en rappelant que « nous ne devons pas passer tout notre temps dans la transition ».

Si Vertilaire évite de qualifier l’expérience du CPT d’échec, les chiffres, eux, parlent d’eux-mêmes : plus d’un million de déplacés internes, des indicateurs macroéconomiques au rouge, une insécurité endémique et une pauvreté grandissante. Face à ce constat, plusieurs formations politiques, dont le parti Les Engagés pour le Développement (EDE), un des initiateurs du pouvoir, réclament avec insistance le départ du CPT.

Pour tenter de trouver une issue, le Conseil présidentiel de transition a engagé des discussions avec plusieurs secteurs clés, dont les signataires de l’accord du 21 décembre et le parti Les Engagés pour le Développement dirigé par l’ancien Premier ministre Claude Joseph.

« L’ambiance a été cordiale avec les partis politiques. Ils ont répondu à notre invitation. Nous leur avons exposé la situation du pays et les obstacles rencontrés, tout en partageant notre vision pour la suite », rapporte Vertilaire.

Selon le conseiller-président, les discussions ont également porté sur la question du référendum constitutionnel. « Nous leur avons fait savoir que la population ne se sent pas emballée par l’avant-projet de nouvelle constitution. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser les élections sous l’égide de la Constitution de 1987 amendée », rapporte-t-il.

En effet, en Conseil des ministres tenu la veille, les conseillers ont décidé d’abroger le décret instituant le comité de pilotage et de la conférence nationale, ainsi que celui relatif au référendum constitutionnel. Cette décision consacre officiellement l’abandon du projet de nouvelle constitution.

Lors des échanges avec les partis politiques, la question du mandat du CPT a inévitablement été soulevée. « Nous leur avons dit que ce sont eux qui doivent décider », confie Emmanuel Vertilaire. « Avant le 7 février 2026, ils doivent s’entretenir avec la communauté internationale pour s’accorder sur ce qui sera fait», poursuit-il.

Originaire du Grand Nord, Vertilaire assure être prêt à rentrer chez lui « comme un simple citoyen » après avoir tenté, selon lui, de contribuer à sortir Haïti de la crise. Mais il admet que « le problème de l’insécurité reste entier », alors même qu’il s’agissait de la première mission confiée au Conseil présidentiel de transition.

Reconnaissant les limites du CPT, Emmanuel Vertilaire évoque des « facteurs contextuels » qui, selon lui, doivent être pris en compte. Il rappelle que le Conseil comptait initialement sur la Mission multinationale de soutien à la sécurité pour renforcer la lutte contre les gangs. Or, sur les 2 500 agents prévus, seul un millier a pu être mobilisé. « La communauté internationale en est consciente », note-t-il, précisant que cette mission a depuis été transformée en une force robuste de répression des gangs.

Le dialogue se poursuit entre le Conseil présidentiel de transition et les différents secteurs de la vie nationale. Mais pour l’heure, aucune formule de sortie de crise n’a encore émergé. La communauté internationale, de son côté, n’a toujours pas défini clairement sa position sur l’après-CPT.


Par: Daniel Zéphyr

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