Jeudi 14 août 2025, les représentants issus de la vie politique, de la société civile, du monde paysan, des communautés religieuses, de la jeunesse, du secteur privé et de la diaspora haïtienne ont signé un document : l’« Accord du 14 août ». Ce texte, fruit de mois de concertations, trace les contours d’ « un mécanisme de transition visant à éviter toute rupture institutionnelle à l’issue du mandat du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) le 7 février 2026. »
Selon l’Apôtre Pierre Esther, la signature de l’Accord du 14 août ne découle pas d’un simple compromis de circonstance. Elle est l’aboutissement d’un patient travail de dialogue mené entre des forces politiques parfois rivales, des organisations paysannes implantées dans les dix départements du pays, des leaders communautaires actifs sur le terrain, des représentants de la jeunesse ainsi que des professionnels issus de la diaspora. Tous ont convergé vers un objectif commun : jeter les bases d’un gouvernement de transition équilibré et inclusif, capable de garantir la stabilité et de préparer l’avenir.
Avec un exécutif bicéphale composé d’un Président et d’un Premier ministre. Cette architecture vise à répartir les responsabilités et à éviter la concentration du pouvoir entre les mains d’une seule figure. Selon les signataires, ce choix est essentiel pour renforcer la transparence et garantir une gouvernance collégiale, particulièrement dans une phase aussi délicate que l’après le conseil présidentiel de transition CPT.
L’accord prévoit l’organisation de 11 congrès départementaux, un dans chacun des dix départements d’Haïti et un onzième dans la diaspora. Ces rencontres aboutiront à la désignation de 33 délégués, trois par département, qui composeront l’Assemblée Citoyenne de Transition (ACT).
L’ACT ne se contentera pas de siéger symboliquement. Elle détiendra la prérogative d’élire le Président de la transition parmi des personnalités issues de sept secteurs clés : la société civile organisée, le milieu universitaire, les religions et spiritualités, la diaspora, le secteur privé, la jeunesse et les mouvements citoyens, ainsi que les femmes leaders. Ce mode de désignation entend rompre avec les négociations opaques et replacer la légitimité au cœur du processus.
Une fois élu, le Président de la transition proposera à l’ACT une liste de cinq noms pour le poste de Premier ministre. L’Assemblée, en toute indépendance, retiendra celui ou celle qui sera jugé(e) le plus apte à conduire l’action gouvernementale. Le futur chef du gouvernement aura la charge de restaurer la sécurité, de relancer l’économie en soutenant particulièrement les petites et moyennes entreprises, et de préparer les prochaines élections nationales.
Au-delà de la gestion du court terme, l’Accord du 14 août fixe un horizon plus large. Les signataires veulent bâtir un projet de société sur 25 ans, capable de garantir la continuité de l’État, de restaurer la souveraineté nationale et de redéfinir le modèle de gouvernance. « Ce processus vise à garantir une représentativité équitable des différentes forces vives de la nation », explique Dr Pèkito Guillaume, coordinateur de la mobilisation pour le département de l’Ouest.
L’accord est présenté comme le résultat d’un dialogue ouvert avec tous les secteurs vitaux du pays. Les représentants religieux, les professionnels de la diaspora, les leaders paysans et les organisations de jeunes y voient une opportunité de dépasser les divisions et de travailler sur un socle commun.
La mise en place d’un tel dispositif ne se fera pas sans défis. Les obstacles politiques, les résistances institutionnelles et les urgences sécuritaires restent majeurs. Pourtant, pour ses partisans, l’Accord du 14 août marque une étape importante : celle d’un engagement collectif à préparer l’avenir avant qu’une crise institutionnelle ne frappe de plein fouet le pays en février 2026.
« Offrir à la nation une transition d’équité, c’est lui éviter le chaos et lui donner une chance de se reconstruire sur des bases saines », résume un signataire rencontré à l’issue de la cérémonie.
Arnold Junior Pierre
- Log in to post comments


