La deuxième édition du Festival « Ti Dife Vole Ayiti » s’est clôturée le 14 juin 2025 à Port-au-Prince, après 12 jours de programmation intense sous le thème « Pale pou chanje » (en français Parler pour changer). Le festival initié par un groupe de jeunes, malgré l'absence de financement, a démontreé qu’un autre avenir est possible pour le pays.
« Ce festival est né d’un groupe d’amis animés par le désir de faire entendre une voix différente », explique Marie Jennifer Paul, coordonnatrice générale de l’événement. Loin d’un simple rendez-vous festif, Ti Dife Vole Ayiti se présente comme un espace de réflexion et d’expression où la parole devient acte de résistance.
Pendant douze jours, du 4 au 14 juin, le département de l’ouest plus précisément la commune de Port-au-Prince a accueilli cette initiative des jeunes sans grande visibilité médiatique, ni appui financier. « Nous avons contacté de nombreuses institutions, mais aucune ne nous a répondu, déclare Marie Jennifer Paul. Ce sont donc nous les jeunes eux-mêmes, ceux qui ont lancé l’idée, qui l’ont aussi portée jusqu’à la fin. »
De plus Marie Jennifer Paul affirme que, malgré ces obstacles, le festival a réussi à proposer 12 activités, dont un forum de discussion sur le rôle de la parole populaire dans la transformation du pays, des ateliers de peinture, des performances de lecture, ainsi qu’une mise en scène de Pèlen tèt, œuvre emblématique de Frankétienne. « Ce que nous avons prouvé, c’est qu’on peut faire un beau festival sans payer les participants. Beaucoup ont donné de leur temps, de leur talent, juste par conviction », souligne la coordonnatrice.
Au-delà de la culture, Ti Dife Vole Ayiti porte un message politique et social : « Ce que nous faisons, ce n’est pas juste une fête. C’est une position, un mouvement pour dire que travailler ensemble en Haïti, c’est possible. »
En dépit des difficultés financières majeures, les organisateurs voient déjà plus loin. « Nous voulons que la troisième édition soit encore plus concrète. Cette fois, il ne s’agira pas seulement de faire venir les gens vers nous, mais d’aller à leur rencontre », affirme Marie Jennifer Paul. L’objectif : décentraliser le festival, toucher plus de communautés, et renforcer les liens entre artistes, citoyens et porteurs d’idées.
« Ce n’est pas l’argent qui nous motive. C’est notre foi en Haïti, notre conviction qu’un changement est possible si nous acceptons de collaborer. Si le peuple haïtien a été capable de faire 1804, il peut encore aujourd’hui transformer son destin », déclare-t-elle avec force.
La deuxième édition de Ti Dife Vole Ayiti s’est imposée comme un acte de foi citoyen dans un contexte national difficile. Sans moyens mais avec une volonté farouche, ses initiateurs ont rallumé une flamme : celle du dialogue, de la culture engagée et de la transformation collective. Un pari audacieux qu’ils entendent renouveler l’an prochain, avec l’espoir d’un écho plus large et d’un appui à la hauteur de leur engagement.
Arnold Junior Pierre
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