PubGazetteHaiti202005

« Aucun citoyen ne doit mourir faute de soins » : le Ministre Bertrand Sinal dresse le bilan de ses actions au MSPP

@Arnold Junior Pierre

Lors d’un point de presse donné le lundi 9 juin 2025 à la salle de conférence du ministère, le docteur Bertrand Sinal a présenté un bilan des projets prioritaires menés par le MSPP et a partagé les retombées de la 157e session du Conseil exécutif de l’OMS tenue à Genève les 27 et 28 mai. En dépit d’un contexte difficile, le ministre affirme que l'État reste déterminé à protéger la santé de tous les citoyens.


En reprenant les rênes du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), il s’était fixé trois priorités majeures : garantir l’accès aux soins, protéger les groupes les plus vulnérables, et promouvoir la prévention. Le ministre a d’emblée salué le courage des Haïtiens, notamment des femmes, des jeunes et des professionnels de santé qui continuent de servir malgré les menaces. Pour lui, la santé ne peut pas attendre que le pays soit stable : « elle est au contraire un levier indispensable pour redonner confiance et dignité à la population ».


À Port-au-Prince et dans sa périphérie, plusieurs structures hospitalières ont été renforcées : l’Hôpital La Paix, l’hôpital Eliazar Germain, ou encore les centres de soins dans les zones métropolitaines continuent de fonctionner malgré l’insécurité. Dans le quartier sensible de Cité Soleil, les hôpitaux Choscal et Chapi sont maintenus ouverts grâce à des efforts soutenus, a affirmé l’ex député de Port-Salut.

En attendant la réouverture complète de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), un plan de relocalisation temporaire est à l’étude afin de garantir la continuité des soins et des formations pour les étudiants en médecine. Dans les camps de déplacés internes, une unité spécialisée a été mise sur pied pour, dit-il, offrir des services de santé dignes, respectueux et gratuits à ceux qui ont tout perdu.


Autre mesure phare annoncée par le ministre : l’établissement d’un tarif fixe et abordable pour les accouchements. Dans tous les hôpitaux publics, une césarienne coûte désormais 12 000 gourdes, tandis qu’un accouchement par voie basse est facturé 1 000 gourdes. Mieux encore, les femmes accouchant dans les zones frontalières n’auront rien à payer. « Aucune femme ne devrait mourir en donnant la vie simplement parce qu’elle n’a pas d’argent », a insisté le ministre. Pour lui, il s’agit d’un engagement moral et patriotique, soutenu par l’ensemble du gouvernement.


Le MSPP a aussi instauré pour la première fois la « Journée nationale de la santé ». Cette initiative vise à encourager les citoyens à mieux s’alimenter, à pratiquer des activités physiques, à faire des examens médicaux réguliers et à adopter une culture de prévention. « La prévention est le seul chemin durable », rappelle le Dr Sinal. Nous n’aurons jamais assez de ressources si nous attendons que tout le monde tombe malade. »


Selon ses déclarations, plusieurs hôpitaux régionaux du pays connaissent actuellement une transformation positive. À l’hôpital La Providence aux Gonaïves et à l’hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc, la qualité des services s’améliorerait. Même dynamique dans le Grand’Anse, où l’hôpital Sainte-Antoine offrirait désormais de meilleurs soins. À en croire les propos du ministre, l’hôpital Justinien du Cap-Haïtien, de son côté, multiplie les interventions chirurgicales pour soulager les populations du Grand Nord.


 Bertrand Sinal assure que le ministère s’engage aussi en faveur des professionnels de la santé: Plus de 600 infirmières, 100 sages-femmes et 400 médecins généralistes recevront sous peu leur lettre de nomination. Quant aux médecins spécialistes, en particulier ceux prêts à aller travailler en province, ils seront nommés de manière automatique.
Il a confirmé que 450 employés contractuels bloqués depuis l’année dernière recevront enfin leur chèque. En parallèle, plusieurs jeunes professionnels devraient bénéficier de bourses de spécialisation à Taïwan, à Cuba et bientôt au Brésil, dans des disciplines rares en Haïti comme la neurologie, la néphrologie, la cardiologie ou encore la cancérologie.


Une avancée diplomatique majeure est aussi à souligner : pour la première fois, Haïti occupe un siège au Conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette nomination marque une reconnaissance importante du rôle du pays dans les enjeux sanitaires mondiaux.

De plus, à Genève, le ministre a eu des échanges fructueux avec les grands partenaires du secteur : le Fonds mondial, la Banque mondiale, GAVI, ONUSIDA, l’OPS et l’OMS. Le directeur général de l’OMS a exprimé un grand intérêt à poursuivre et renforcer la coopération avec Haïti.


Plusieurs pays amis d'Haïti se sont engagés à accompagner le pays dans ses efforts. Le Brésil a promis des ambulances, des formations et une contribution à la construction d’un centre de cancérologie. Cuba poursuivra l’envoi de médecins spécialistes et accueillera davantage d’étudiants haïtiens. Taïwan financera la création de deux centres de transfusion sanguine dans le Nord et dans le Sud, ainsi qu’un centre anticancéreux. Quant à l’Inde, elle a exprimé sa volonté de fournir des ambulances maritimes, de soutenir la gestion des déchets médicaux, et de former du personnel soignant. Sur le plan national, un scanner sera bientôt installé à l’hôpital La Paix afin d’éviter les décès liés à l’impossibilité de passer des examens essentiels.


Le Docteur Sinal a aussi annoncé l’implantation prochaine de deux centres de transfusion — l’un dans le Grand Nord, l’autre dans le Grand Sud. Cette mesure vise à réduire la dépendance vis-à-vis de la capitale en cas d’urgence hématologique. « Il faut rapprocher le sang des malades, pas l’inverse », a résumé le ministre.


Enfin, il s’est voulu rassurant quant à la disponibilité des médicaments pour les personnes vivant avec le VIH. À Genève, il a fait savoir qu’il a poursuivi les discussions entamées en Haïti sur ce sujet avec les acteurs concernés. Grâce aux engagements pris par les partenaires internationaux, le traitement antirétroviral continuera d’être assuré.


Selon le ministre, « La santé ne doit jamais être un privilège réservé à quelques-uns, mais un droit fondamental pour tous ».

Arnold Junior Pierre

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