PubGazetteHaiti202005

Paraguay : Santiago Peña, candidat du parti conservateur au pouvoir, élu président

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L'économiste Santiago Peña, candidat du Parti Colorado (conservateur) au pouvoir depuis sept décennies au Paraguay, a largement remporté dimanche l'élection présidentielle face à un rival de centre-gauche, qui dénonçait avec force la corruption endémique du pays.

 

À 44 ans, cet ex-fonctionnaire du FMI, ex-ministre des Finances du président Horacio Cartes (2013-2018) mis en cause par les États-Unis pour corruption, l'a emporté avec 42,7% des voix, contre 27,4% à Efrain Alegre, après 99,9% des votes décomptés par le Tribunal électoral.

 

Peu avant l'officialisation du résultat, il a proclamé sa victoire, promettant de «bannir le fatalisme qui nous condamne à notre présent (...) Dès demain commençons à dessiner le Paraguay que nous voulons tous, sans inégalités flagrantes ni injustices sociales. Nous avons beaucoup à faire».

 

Majorité au Sénat

Depuis des semaines, les sondages prédisaient un scrutin serré, rare au Paraguay. Car le «Colorado» y domine la vie politique quasiment sans interruption depuis 76 ans, hormis une parenthèse à gauche sous Fernando Lugo (2008 à 2012).

 

Un candidat «anti-système», Paraguayo Cubas, au virulent discours anti-parlementaire, pointe en 3e place avec 22,9%. «Il a pris des voix aux deux camps, mais les plus lésés sont les opposants» de la coalition d'Alegre, a diagnostiqué pour l'AFP l'analyste politique Roberto Codas.

 

L'emprise du Colorado est aussi palpable au Sénat, où avec 43% des voix, (23% au centre-gauche), il disposera de la majorité absolue, ainsi qu'à la Chambre des députés selon des projections à partir de résultats partiels. Il a également ravi 14 des 17 sièges de gouverneurs de provinces.

 

Santiago Peña se présentait pour la première fois à un scrutin national. En 2018, il avait été défait aux primaires du Colorado par l'actuel chef de l'État, Mario Abdo Benitez, qui ne pouvait se représenter. Il lui succèdera en août pour cinq ans.

 

La pauvreté sera un défi de son mandat, dans un Paraguay agro-exportateur à la prospérité enviable en Amérique latine (4,5% de croissance prévus en 2023), mais aux criantes inégalités (24,7% de pauvres). Il a promis la création de 500.000 emplois, sans grands détails, et un meilleur accès à la santé publique, sinistrée.

 

Contre le mariage pour tous et l'avortement

 

Dans un pays à 90% catholique, à influence guaranie (langue amérindienne officielle, comme l'espagnol), Santiago Peña comme son rival se rejoignaient sur les thèmes moraux et sociétaux, opposés tous deux au mariage pour tous et à l'avortement.

 

«Nous sommes une société conservatrice, c'est profondément enraciné en nous (...) et ça nous rend prudents face aux grands changements de société», expliquait à l'AFP le candidat, se présentant en garant des traditions et de la famille, face à un monde «déshumanisé».

 

À des années-lumière des préoccupations des Paraguayens, le scrutin aura aussi un impact géopolitique marginal. Santiago Peña a affirmé qu'il transfèrera - de nouveau - l'ambassade paraguayenne en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. Comme l'avait fait le président Cartes en 2018, avant que son successeur ne revienne sur le transfert quelques mois plus tard.

 

Par contre, à l'inverse de son rival, il a assuré qu'il maintiendra les relations d'Asuncion avec Taipei --le Paraguay est l'un des 13 États au monde qui reconnaît officiellement Taïwan. Même si des milieux d'affaires paraguayens verraient d'un bon œil un rapprochement avec la Chine.

Taïwan a félicité dimanche le nouvel élu, s'engageant «à approfondir la coopération et les échanges avec le nouveau gouvernement paraguayen» sur la base de «valeurs partagées telles que la démocratie et la liberté et l'amitié entre les deux pays».

 

 

Par Gazette Haiti News 

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