PubGazetteHaiti202005

Brésil: des partisans de Bolsonaro envahissent le Congrès et le palais présidentiel

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Une semaine après l’investiture du président Lula, des opposants comptent toujours perturber son retour au pouvoir. Des centaines de partisans de l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro ont envahi, dimanche 8 janvier, le Congrès, la Cour suprême et le Palais présidentiel de Planalto.


Une vidéo publiée sur Twitter par le journal O Globo montre plusieurs personnes qui, après avoir brisé une vitre, seraient entrées à l’intérieur du parlement. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent également des supporters de Jair Bolsonaro s’en prendre au palais présidentiel et à la Cour suprême.

D’autres rapportent des bureaux de parlementaires détériorés ou des manifestants debout sur les sièges de l’hémicycle de Sénat. Les dégâts semblent considérables, dans ces bâtiments, trésors de l’architecture moderne et regorgeant d’œuvres d’art.


Lula dénonce des « fascistes fanatiques »


« Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis », a prévenu Luiz Inacio Lula da Silva depuis Araraquara, dans l’Etat de Sao Paulo. « Ce qu’ont fait ces vandales, ces fascistes fanatiques (…) est sans précédent dans l’histoire de notre pays. Ceux qui ont financé [ces manifestations] vont payer pour ces actes irresponsables et antidémocratiques », a-t-il insisté.


Lula a décrété l’« intervention fédérale », soit la prise en main au niveau de l’Etat brésilien du commandement des forces de sécurité, habituellement sous la responsabilité des autorités locales. Ce décret place l’ensemble des forces de l’ordre de Brasilia sous le contrôle d’une personne nommée par Lula, Ricardo Garcia Capelli, qui répond directement au président et peut employer « tout organe, civil ou militaire », pour le maintien de l’ordre.


Selon plusieurs médias brésiliens, au moins 150 personnes ont été arrêtées. Des images de la chaîne CNN Brésil ont montré des bolsonaristes vêtus en jaune et vert descendre en file indienne, les mains derrière le dos, la rampe du palais présidentiel de Planalto, encadrés de policiers. Sur d’autres images, on peut voir un bus rempli de manifestants interpellés partir en direction d’un poste de police.
La police attachée au Sénat a annoncé avoir arrêté 30 personnes dans la Chambre, un des lieux de pouvoir pris d’assaut par les bolsonaristes.

À la tombée de la nuit, les forces de l’ordre semblaient reprendre progressivement le contrôle de la situation, des canons à eau maintenant les manifestants à distance, même si des dizaines de manifestants demeurent sur place et que la situation reste confuse.


« Cette tentative absurde d’imposer une volonté par la force ne va pas prévaloir. Le gouvernement du District fédéral [de Brasilia] va envoyer des renforts et les forces dont nous disposons sont en train d’agir », a déclaré sur Twitter Flavio Dino, ministre de la justice et de la sécurité publique. Samedi, M. Dino avait autorisé le déploiement d’agents de la Force Nationale, une force spéciale de police parfois envoyée dans les différents Etats en cas de menace contre la loi et l’ordre.


Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a dit sur Twitter « rejeter avec véhémence cette manifestation antidémocratique, qui doit être punie par la rigueur de la loi ». Un syndicat de presse local a fait état de l’agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l’Agence France-Presse a été frappé et s’est fait voler tout son matériel.


La zone autour de l’institution avait été bouclée par les autorités, mais les bolsonaristes qui refusent d’accepter l’élection de Lula sont parvenus à rompre les cordons de sécurité, malgré le recours par la police à des bombes lacrymogènes pour tenter de les repousser en dehors du périmètre du site. Plusieurs dizaines d’entre eux sont parvenus à monter sur la rampe de ce bâtiment à l’architecture moderne pour en occuper le toit.


« Soutien indéfectible » de la France à Lula

Lula, 77 ans, était absent de Brasilia dimanche : il s’est rendu à Araraquara, ville de l’Etat de Sao Paulo (sud-est) dévastée par des inondations en fin d’année. Son opposant Jair Bolsonaro, qui a été battu d’une courte tête au second tour de la présidentielle le 30 octobre, a quitté le Brésil en fin d’année pour rejoindre les Etats-Unis.

 

Emmanuel Macron a assuré dimanche Lula du « soutien indéfectible de la France ». « La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées », a-t-il exhorté sur Twitter. Ces attaques « constituent une mise en cause inacceptable du résultat d’une élection démocratique, remportée sans ambiguïté le 30 octobre dernier par M. Luiz Inacio Lula da Silva », avait réagi plus tôt ministère français des affaires étrangères dans un communiqué.


Le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, a apporté sur Twitter son soutien au gouvernement Lula « face à cette attaque lâche contre la démocratie ». Son homologue colombien, Gustavo Petro, a condamné pour sa part une « attaque fasciste ». En Europe, le président du Conseil européen Charles Michel a exprimé dimanche sa « condamnation absolue » de l’invasion et « soutien total » au nouveau président, « élu par des millions de Brésiliens à l’issue d’élections équitables et libres ».
Aux Etats-Unis, Washington a condamné « toute tentative d’ébranler la démocratie ». 

« Le président Biden (depuis le sud des Etats-Unis où il se trouvait dimanche, avant une visite au Mexique) suit la situation de près et notre soutien aux institutions démocratiques du Brésil est inébranlable », a tweeté Jake Sullivan, conseiller de la Maison Blanche.

 

 

 

Avec Le Monde

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