
La Police Nationale d’Haïti (PNH), à travers sa Police Communautaire Éducative (EDUPOL), a organisé le samedi 20 septembre 2025 un « Marathon pour la Paix ». En partenariat avec l’UNESCO, les Nations Unies et plusieurs autres institutions, l’événement a rassemblé des centaines de participants partis de Delmas 40B pour rejoindre la Place Boyer à Pétion-Ville.
Les organisateurs ont voulu faire de cette marche sportive et symbolique un appel vibrant à l’unité et à la non-violence dans un pays assiégé par les gangs armés.
Dès les premières heures de la matinée, des centaines de jeunes, d’hommes et de femmes de différents horizons se sont retrouvés sur la ligne de départ. Dans une atmosphère à la fois festive et déterminée, les participants ont scandé des slogans et brandi des pancartes appelant à dire « non à la violence ».
Ernsot, un jeune homme natif de Dame-Marie, expliquait ses motivations avec émotion : « Je n’en peux plus. J’ai laissé ma ville pour être là parce que j’ai besoin de paix », a-t-il confié, essoufflé mais fier d’avoir pris part à ce mouvement collectif.
Cette mobilisation, marquée par des sourires et des chants, visait à rappeler que la paix n’est pas seulement une affaire d’institutions, mais avant tout une volonté partagée par le peuple haïtien.
La marche a également bénéficié de la présence de personnalités publiques, venues manifester leur soutien. Le conseiller présidentiel Edgard Leblanc Fils a tenu à rappeler que la paix ne saurait être instaurée uniquement par les forces de l’ordre.
« la paix n’est pas seulement une affaire de forces de l’ordre. C’est la participation et la collaboration de tous qui favoriseront le vivre ensemble », a-t-il déclaré, exhortant en particulier les jeunes à « se former, s’éduquer et prendre leurs responsabilités » dans la construction d’un avenir commun.
Un moment symbolique a marqué l’arrivée sur la Place Boyer : aux côtés d’un enfant, Edgard Leblanc Fils a lâché deux pigeons blancs, symbole universel de paix et d’espérance.
Au-delà des autorités politiques, des leaders spirituels et communautaires ont également pris part à la marche. Augustin St. Clou, présenté comme « le roi du vaudou en Haïti », a affirmé sa volonté d’appuyer toute initiative visant à renforcer la paix.
« Je crois à tout mouvement qui apportera la lumière et la paix pour le peuple », a-t-il souligné, insistant sur la responsabilité des leaders spirituels dans l’accompagnement de la société.
De son côté, Pascal Alain, représentant de l’organisation Vivario en Haïti, a tenu à féliciter les jeunes pour leur implication et leur détermination : « Ils sont l’avenir du pays et ce sont eux qui ont la capacité de changer la direction d’Haïti s’ils restent engagés. »
Arrivés à Pétion-Ville, les participants ont été accueillis par des animations musicales de rara et autre. La Place Boyer, habituellement marquée par l’agitation quotidienne, s’est transformée pour quelques heures en un espace de fraternité et de convivialité.
Des enfants jouaient en agitant des drapeaux blancs, tandis que des musiciens rythmaient l’événement par des tambours et des chansons. Pour beaucoup, ce moment représentait une bouffée d’air frais dans un contexte national dominé par la peur et l’incertitude.
Ce marathon pour la paix s’inscrit dans la continuité des mobilisations déjà organisées les années précédentes. Le 21 septembre 2024, plus de 2 000 participants de divers quartiers de Port-au-Prince et d’autres départements avaient pris part à une initiative similaire, organisée dans le cadre de la Journée internationale de la Paix.
Cette nouvelle édition confirme que, malgré la violence endémique qui secoue Haïti, la population ne renonce pas à l’idée d’un avenir plus paisible. La marche de ce samedi a rappelé qu’au-delà des discours officiels, ce sont les citoyens eux-mêmes qui portent l’espoir d’une société réconciliée.
Comme l’a résumé un participant, sourire aux lèvres, en levant les bras au ciel : « La paix n’est un rêve, c’est une nécessité. »
Par Arnold Junior Pierre
- Log in to post comments