PubGazetteHaiti202005

Sauvegarde du patrimoine culturel haïtien: Patrick Delatour fait le bilan de sa mission officielle en France

@Patrice Noel

Le Ministre haïtien de la Culture, Patrick Delatour a présenté mardi les résultats de sa mission en France autour de la nécessité de la sauvegarde du patrimoine culturel haïtien. À Paris, il a affirmé avoir mené des démarches visant à  inscrire Haïti dans une dynamique internationale de protection du patrimoine en rejoignant la Convention de La Haye de 1954, un traité de l’UNESCO conçu pour défendre les biens culturels en temps de conflit armé.

En pleine tourmente sécuritaire, le gouvernement haïtien tente de faire entendre une autre voix : celle de la culture comme vecteur de paix et de reconstruction. Ce mardi 3 juin, lors de la 11e édition des Mardis de la Nation à la Primature, le ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Delatour, a fait le bilan de sa mission officielle menée en France autour d’un thème central : la sauvegarde du patrimoine culturel haïtien.


Le Ministre souhaite inscrire Haïti dans une dynamique internationale de protection du patrimoine en rejoignant la Convention de La Haye de 1954, un traité de l’UNESCO conçu pour défendre les biens culturels en temps de conflit armé. « Ce que nous perdons, ce ne sont pas que des bâtiments. Ce sont des fragments de notre mémoire, de notre identité collective », a-t-il déclaré avec gravité.


La délégation haïtienne a également eu des discussions stratégiques avec des représentants de l’UNESCO, de la Caraïbe et de l’Amérique latine. Parmi les sujets abordés : l’état du Parc Historique National, la dégradation de monuments classés, ou encore l’impact de la situation sécuritaire sur la Route Nationale #3, axe menant à de nombreux sites historiques.


Le Ministre a lancé une alerte claire sur la situation des sites culturels en Haïti, citant des actes récents de vandalisme au quartier de Bel-Air, l’incendie de la chapelle de Milot et la détérioration continue des sites historiques de Belot et de Furcy. « Nous n’avons pas le luxe de l’indifférence, a-t-il insisté. Face à la destruction, nous devons opposer la mémoire, la loi et la coopération. » Il a aussi rencontré des membres de la diaspora haïtienne en France, leur demandant de s’impliquer activement dans la reconstruction du pays. « Notre culture est notre ancrage. Elle est ce qui nous relie, où que nous soyons », a-t-il souligné.

Accompagné de Dwoling Achille, directeur technique de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN), Patrick Delatour a rencontré plusieurs hauts responsables français, dont Gérard Larcher, président du Sénat. À l’issue de ces échanges, une commission mixte franco-haïtienne sera mise sur pied dès juillet 2025. Elle devra travailler sur des questions cruciales telles que la sécurité maritime, la coopération militaire, la diplomatie culturelle et, bien sûr, la protection patrimoniale.


Interrogé sur la présence supposée d’une société militaire privée, fondée par Erik Prince (Blackwater), sur le territoire haïtien, le ministre s’est montré évasif : « Ce n’est pas mon dossier. Je vous invite à poser la question au Premier ministre ou aux ministres concernés. » Cette déclaration a suscité des interrogations, d’autant plus que Patrick Delatour est aussi ministre de la Communication et membre du Conseil des ministres.

Malgré cette controverse, le ministre affirme vouloir replacer la culture au centre du projet de reconstruction nationale. Pour lui, protéger le patrimoine haïtien, c’est défendre la souveraineté du pays. Mais la route est semée d’embûches, et l’adhésion à la Convention de La Haye ne suffira pas à elle seule à garantir la préservation du passé si le présent demeure aussi incertain.


Le gouvernement devra non seulement renforcer ses engagements internationaux, mais aussi apporter des réponses claires aux questions brûlantes qui secouent l’opinion publique.


Arnold Junior Pierre

Category

Politique

Culture

Economie

Sport