PubGazetteHaiti202005

Le CPT « peut convoquer tout membre du gouvernement sans concertation préalable avec le chef du gouvernement (….) », répond Leslie Voltaire à Garry Conille

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Conflit désromais ouvert entre le conseil présidentiel et la primature. Dans une correspondance adressée au Premier ministre Garry Conille le mercredi 9 octobre, le Président du Conseil Présidentiel de Transition, Leslie Voltaire, a réagi à une lettre envoyée par le chef du gouvernement le 2 octobre 2024. Ce dernier y dénonçait la convocation de la Ministre des Affaires Étrangères, Dominique Dupuy, par le Conseil Présidentiel de Transition, arguant que « cette procédure ne respectait pas les usages et principes établis en matière de bonne gouvernance ».

Dans sa réplique, Leslie Voltaire n’a pas mâché ses mots. Il a à son tour recadré le chef du gouvernement qu'il accuse d'outrepasser ses attributions. Il  reproche à Conille d’avoir évoqué à tort des articles de la Constitution pour bloquer la convocation de la ministre des affaires étrangères. Selon lui, les références légales dont fait mention Garry Conille (  articles 156 et 159 de la Constitution)  sont erronées, selon le chef de l'éxécutif. 


« En effet, vous soutenez que les articles 156 et 159 de la Constitution « stipulent que le Premier Ministre est le Chef du gouvernement et détient, en collaboration avec le Président de la République, l'autorité sur les membres du gouvernement », qu' il est précisé que le Premier Ministre dirige et coordonne les actions des Ministres, et que ceux-ci sont placés sous son autorité directe », alors que ce n'est absolument pas ce que disent ces articles », corrige Leslie Voltaire.

Le représentant de Fanmi Lavalas au conseil fraîchement installé a insisté sur le fait que, conformément à l’article 136 de la Constitution, le Conseil Présidentiel de Transition, qui détient les pouvoirs du Président de la République, a pleinement le droit de convoquer tout membre du gouvernement, sans consultation préalable avec le Premier ministre.
« Je crois qu'il est important de vous rappeler que le Conseil Présidentiel de Transition, dans l'exercice des pouvoirs conférés au Président de la République constitue le chef de l'Etat et le chef du pouvoir éxécutif. En ces qualités, et conformément aux dispositions de l'article 136 de la constitution, le Conseil Présidentiel de Transition doit veiller au respect et à l'éxécution de la constitution et à la stabilité des institutions.Et pour ce faire, il peut convoquer par le moyen qu'il juge approprié tout membre du gouvernement sans concertation préalable avec le chef du gouvernement notamment pour obtenir des informations sur le fonctionnement des institutions », écrit Leslie Voltaire à Garry Conille.


Voltaire a également rappelé que le Conseil agit en tant que garant du respect de la Constitution et que, dans l’exercice de ses prérogatives, il peut exiger des informations de n’importe quel ministre pour assurer le bon fonctionnement des institutions.

« Par ailleurs, l'Article 169-1 de la Constitution dispose qu'en aucun cas, l'ordre écrit ou verbal du Président de la République ne peut soustraire les Ministres à la responsabilité attachée à leurs fonctions, reconnaissant par-là au Chef de l'État, dans l'exercice de ses attributions, le droit de donner des ordres écrits ou verbaux aux Ministres. Dès lors, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'ajouter un mot de plus pour vous faire comprendre que pour donner et recevoir des ordres verbaux, le Président de la République et les Ministres doivent se trouver dans un espace commun, favorisant une certaine proximité physique et la communication verbale », argue encore Leslie Voltaire.


Quant à l’argument de Garry Conille selon lequel le délai accordé à la Ministre pour compiler des documents diplomatiques était insuffisant, Leslie Voltaire a rejeté cette affirmation, arguant que le temps alloué était ´largement suffisant » pour répondre aux exigences de la convocation.


Dans la conclusion de la correspondance, Le président du CPT attire l’attention du Premier ministre sur le fait que « les Membres du Conseil Présidentiel de Transition, en leur qualité de Femme et d'Hommes d'État respectueux des Lois de la République, n'ont jamais posé et ne poseront jamais la moindre action visant à vous empêcher d'exercer vos attributions constitutionnelles et légales ».

Par ailleurs,  Leslie Voltaire précise à Garry Conille que le Conseil Présidentiel de Transition s’attend à ce qu’il accomplisse ses fonctions de Premier ministre « conformément aux normes et principes républicains », en soulignant toutefois que le CPT souhaite travailler avec le chef du gouvernement «dans la grande harmonie ».

La correspondance préalable de Garry Conille était adressée à Edgard Leblanc qui n’a vraisemblablement pas eu le temps d’y répondre. Leslie Voltaire qui a remplacé Leblanc a vertement fait la leçon à Garry Conille. 

Toujours est-il que dans la lettre de Leslie Voltaire, il n’a pas été précisé une date pour la chancelière de se présenter par devant le Conseil Présidentiel de Transition.


 Lors de la 79e session de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York, le président Edgard Leblanc n’avait pas pu voyager à temps, en raison de la présence d’une délégation déjà sur place, dirigée par le Premier ministre Garry Conille. Le service secret américain avait alors informé Leblanc qu’il était impossible d’assurer la sécurité de deux délégations haïtiennes en même temps, ce qui a entraîné un retard de plusieurs jours de sa visite. 
 
Quant au conseiller présidentiel Lesly Voltaire, il s’était vu refuser l’accès à une réunion bilatérale entre Garry Conille et le président brésilien, Lula da Silva. Le représentant de Fanmi Lavalas avait pointé du doigt Mme Dupuy, accusée d’être responsable de sa mésaventure. Il avait annoncé que des têtes allaient être coupées. Des membres du CPT seraient favorables à l’éviction de la ministre. 

L’équipe de Dominique Dupuy avait nié son implication à un quelconque boycott de la participation de Lesly Voltaire à la rencontre. 

 

 

 

Par: Gazette Haïti News

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