
389 cas d'enlèvements ont été recensés dans le pays au cours des trois premiers mois de l'année 2023 soit une augmentation d'un peu plus de 173 % par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022, selon un rapport du Centre d'Analyse et de Recherche en Droits de l'Homme (CARDH).
Les cas de kidnapping sont en nette augmentation dans la capitale haïtienne depuis le début de cette année. Des personnes de différents secteurs ont été enlevées par des individus armés du pays, certaines ont été libérées contre rançon, d'autres sont toujours entre les mains des ravisseurs.
Dans un rapport publié ce mardi 4 avril 2023, le Centre d'Analyse et de Recherche en Droits de l'Homme (CARDH) dit avoir recensé 389 enlèvements au cours du premier trimestre de l'année 2023 soit une augmentation d'un peu plus de 173 % par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022. 29 ressortissants étrangers de trois pays ont été enlevés durant le premier trimestre de 2023 contre 40 pour celui de 2022 (neuf pays), une diminution de 27 %.
Selon le CARDH, diverses raisons, dont le besoin de compenser une perte financière en raison des sanctions ; le contexte électoral ; le fait que de nouvelles zones intégrant le marché et de nouvelles alliances sont créées (Haut Bel-Air allié de Gran-Ravin et de Village-de-Dieu / Ti Makak allié de Vitelhomme...) ; la lutte dans la hiérarchie de la police peuvent expliquer cette augmentation, comparée à la baisse constatée pour le dernier trimestre de 2022 (127 enlèvements).
En outre, l'organisme des droits humains a fait savoir que " les bandits utilisent la violence extrême (toute forme de tortures) pour forcer les parents et familles des victimes à verser de forte somme d'argent (américain) dont elles ne disposent pas : brûlures au troisième et au quatrième degrés, sévices corporels, viols collectifs avec violences, pendaison à des fins de tortures (un premier cas décrit), débuts de pratiques homosexuelles et le paiement de plusieurs rançons se systématise " .
" Si l'on tient compte du rôle de l'argent illicite dans les élections en Haïti, la remontée du kidnapping pourrait être envisagée en lien avec les prochaines élections, dont la campagne s'annonce " , indique le CARDH, ajoutant que " cet angle semble être plus intéressant, car des personnalités très influentes dans les secteurs qui financent une partie importante de ces activités sont sanctionnées .
Face à la gravité de la situation et pour éviter le pire, le CARDH appelle" la coopération internationale à sortir
de son chapitre promesses, réunions, envoies de missions en Haïti et invite le gouvernement haïtien à assumer ses responsabilités en faisant des changements dans l’administration publique, en initiant le processus de vetting de la police. La population, dit-il doit être mobilisée de manière responsable dans cette quête de sécurité " .
Par ailleurs, l'organisme a précisé que " la sécurité de la population doit être « dépolitisée » " . " Face à la cruauté des gangs, leur stratégie de renforcement et d’encerclement, leur tendance vers l’autonomisation… la sécurité doit être détachée du binôme pouvoir
(logique de renforcement pour certains) et opposition politique sous une forme ou une autre qui s’y oppose (politique traditionnelle axée sur le sang, la violence, la misère...), dans ce contexte de lutte immédiate pour la prise du pouvoir ou en perspective des prochaines élections " , a-t-il indiqué.
" Entre ces deux extrêmes, il faut une véritable force sociale capable de construire un discours équilibré, non politique, afin d’aider l’international à sortir du son prisme promesses, conférences " , a poursuivi le CARDH. En cas contraire " les gangs contrôleront toute la capitale avec toutes les conséquences que cela implique ( politique, sociale, économiques…).Et cela pourrait
donner lieu à une guerre civile sous le regard d’une « élite » politique, économique et intellectuelle entièrement irresponsable et une coopération internationale passive " , a-t-il alerté
Rappelons que pour le premier trimestre de l'année 2021, 142 personnes ont été enlevées, pour celui de 2022 , 225 autres ont été également enlevées, selon le Centre d'Analyse et de Recherche en Droits de l'Homme (CARDH).
Par: Daniella Saint-Louis
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