La compagnie aérienne Sunrise Airways a annoncé, dimanche 23 novembre 2025, la suspension immédiate de tous ses vols au départ et à l’arrivée de Port-au-Prince, après qu’un de ses appareils a été touché par un projectile. Cette décision relance les inquiétudes autour de la sécurité aérienne en Haïti, au moment même où l’aéroport Toussaint Louverture venait tout juste de reprendre ses opérations commerciales.
La situation sécuritaire en Haïti a franchi une nouvelle étape critique avec l’annonce, ce dimanche 23 novembre 2025, de la suspension immédiate des vols de Sunrise Airways. La compagnie, qui assurait jusque-là l’essentiel des liaisons domestiques et certaines dessertes régionales, explique que cette mesure vise avant tout à protéger ses passagers, ses équipages et l’ensemble de ses opérations. Dans un court communiqué, elle indique que les vols ne reprendront que lorsque les conditions seront jugées sûres. Les voyageurs affectés seront directement contactés pour un report, un crédit ou un remboursement, assure-t-elle.
Selon des constats préliminaires de l’Office National de l’Aviation Civile (OFNAC), un des aéronefs de Sunrise Airways « présente un impact sous forme d’orifice sur sa structure ». L’appareil aurait été atteint alors qu’il revenait de la ville des Cayes, dans le Sud du pays. Si Sunrise Airways n’a pas explicitement évoqué cet incident dans son communiqué, l’OFNAC, lui, a confirmé la présence de cet impact, laissant penser que l’avion a bien été touché par un projectile dont la nature reste à déterminer.
Dans une note, l’OFNAC affirme que « les opérations de vol à destination et en provenance de Port-au-Prince se poursuivent normalement » et que des mesures supplémentaires ont été prises pour renforcer la sécurité. L’institution précise que les autorités compétentes réalisent actuellement une enquête technique et sécuritaire afin d’établir un rapport détaillé qui sera communiqué au public « dans les meilleurs délais ». Elle réitère également son engagement à garantir la sûreté du transport aérien en Haïti, tout en remerciant les usagers pour leur compréhension.
Cette nouvelle suspension intervient dans un contexte où l’aviation haïtienne peine à se relever après une année particulièrement difficile. L’aéroport international Toussaint Louverture avait en effet été contraint de fermer la plupart de ses opérations commerciales pendant plusieurs semaines, après qu’un avion de Spirit Airlines a été touché par des tirs alors qu’il s’apprêtait à atterrir. Un membre d’équipage avait été blessé lors de cet incident, ayant poussé Spirit, JetBlue et American Airlines à suspendre leurs vols vers Haïti. En conséquence, la Federal Aviation Administration (FAA) américaine avait imposé une interdiction temporaire de 30 jours aux compagnies des États-Unis.
La réouverture récente de l’aéroport, annoncée par le gouvernement haïtien comme un « tournant pour l’économie nationale », avait pourtant été présentée comme un signe d’espoir. Des mesures sécuritaires renforcées, avec notamment le déploiement de soldats, de policiers et l’appui de la mission internationale dirigée par des agents kenyans, avaient été mises en avant pour rassurer compagnies aériennes et voyageurs. Un vol test concluant avait même confirmé, selon les autorités, la capacité de l’aéroport à fonctionner de manière sécurisée.
La suspension de Sunrise Airways vient donc porter un nouveau coup à un secteur déjà fragilisé. Pour de nombreux observateurs, cette décision ne fait que renforcer l’isolement d’Haïti, qui dépend fortement du transport aérien en raison de la dégradation des axes routiers contrôlés en partie par des groupes armés.
Alors que Spirit maintient sa suspension « jusqu’à nouvel ordre », qu’American Airlines envisage un éventuel retour seulement vers la fin de l’année 2025 et que JetBlue reste silencieux, le pays se retrouve une fois de plus face à une équation complexe : relancer l’aviation civile tout en garantissant un minimum de sécurité dans un contexte encore instable.
Arnold Junior Pierre
- Log in to post comments


