PubGazetteHaiti202005

Raoul Pierre Louis prêt à se « confronter » aux trois conseillers présidentiels mais exige d’abord leur démission

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Dans une correspondance adressée à l’attention de l’actuel Directeur Général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption ce jeudi 29 août 2024, l’avocat de Raoul Pierre Louis, Sonet Saint-Louis a indiqué que son client est prêt à se confronter aux conseillers présidentiels qu’il a accusés de lui avoir demandé 100 millions de gourdes pour garder son poste de Président du Conseil d’Administration de la Banque Nationale de Crédit. Toutefois, il exige qu’ils démissionnent d’abord de leurs fonctions.


Dans cette correspondance, Sonet Saint-Louis n’a pas manqué de critiquer les auditions de Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire par des agents de l’Unité de Lutte Contre la Corruption. Sonet Saint-Louis qualifie leur démarche de « précipitée ». Laquelle semble être, selon l’avocat « une tentative de diversion visant à obscurcir les faits au cœur de l'enquête et, par la même occasion, à éviter leur possible exclusion du Conseil présidentiel de transition (CPT) ».

« Cette démarche inopportune, loin de servir leur cause, a malheureusement porté atteinte à la dignité de l'État. De plus, cet acte irréfléchi ne discrédite pas seulement leurs intentions ; il ouvre également les portes de l’enfer pour tous les membres du Conseil présidentiel de transition impliqués dans divers scandales de corruption, les exposant à des risques accrus de réprobation publique et judiciaire », écrit l’homme de loi.

D’après l’avocat, l’apparition des conseillers-présidents n’était pas sollicitée et cela « soulève de sérieuses suspicions sur l'intégrité de l'enquête en cours. « Leur présence, apparemment orchestrée par des acteurs habitués à influencer les rouages du pouvoir, menace de miner les fondations des institutions de notre république. C'est profondément décevant, surtout venant de ceux qui sont censés incarner la dignité de l'État et qui, par leurs actions, précipitent notre république dans un abîme de discrédit et de déraison », dénonce-t-il.

Me Saint-Louis juge « honteuse » la situation et regrettable. « Il est impensable que la direction de l'Unité de lutte contre la corruption se laisse entraîner dans de telles machinations qui trompent la nation », regrette-t-il.

« Aucune immunité spéciale »

Sonet Saint-Louis rappelle que ces membres du Conseil Présidentiel de Transition ne jouissent d'aucune immunité spéciale. « La question demeure donc ouverte : quelle relation légitime peut bien exister entre la Constitution de 1987 et ce Conseil présidentiel de transition ? La réponse est claire : aucune ! », fait-il remarquer.

« Nous avons inscrit dans la Constitution de 1987 un mécanisme essentiel pour préserver l'intégrité de notre État : la procédure de destitution. Cette procédure est mise en œuvre par la Haute Cour de justice, établie spécifiquement pour juger les hauts responsables de l'État lorsqu'ils sont accusés de crimes commis dans l'exercice de leurs fonctions. Ce dispositif constitutionnel vise à garantir que nul, quelle que soit sa position, n'est au-dessus des lois », argue l’avocat. 

« Malheureusement, notre république est actuellement gouvernée par un exécutif de facto qui compromet l'application de certaines clauses de notre Constitution. L'article 18 de notre loi fondamentale stipule clairement le principe de l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Afin d'assurer une enquête juste et équitable, où toutes les parties sont traitées sans partialité, il est impératif que ces trois conseillers mis en cause démissionnent de leurs fonctions », avance M. Saint-Louis.

Il indique que son client et lui seront opposés à « tout accord qui pourrait être conclu entre la direction de l'Unité de lutte contre la corruption et ces conseillers dans le but de contourner la loi, et ce, tant sur le plan national qu'international ». « Il est essentiel de maintenir un minimum de décence dans la gestion des affaires de la République. Nous ne pouvons tolérer une absence totale de respect pour nos principes », critique vivement Me Saint-Louis.

 

« Démission d’abord »


Par conséquent, Sonet Saint-Louis précise que son client, Raoul Pierre-Louis, est prêt à confronter les trois accusés mais demande que ces derniers démissionnent de leurs fonctions afin de ne pas placer son client dans une position désavantageuse face à eux. « Le respect de cette exigence formelle et légale est crucial pour préserver la crédibilité de l'enquête et pour mettre un terme à cette déliquescence si déplorable de l'État », explique-t-il.

L’affaire est actuellement entre les mains de l’Unité de Lutte Contre la Corruption. Les trois conseillers présidentiels ont été auditionnés cette semaine. Rien n’a filtré de ces auditions.

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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