
L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a procédé ce vendredi 26 septembre à une cérémonie officielle de remise de rapports d’enquête à la justice. L’événement, qui devait débuter à 11h, a finalement commencé à 12h20 à Delmas 83, en présence de nombreux journalistes. Pour le directeur de l’ULCC, Me Hans Jacques Ludwig Joseph, la corruption représente « la cause profonde du malheur de notre pays ».
« Aujourd’hui encore, avec la même détermination et le même engagement, les enquêteurs de l’ULCC, conformément au mandat qui leur est confié, révèlent, au terme de leurs investigations, la cause profonde du malheur de notre pays : la corruption », a affirmé, le directeur de l’Unite de lutte contre la corruption devant une assistance attentive.
Pour asseoir la légitimité de son action, Me Hans Jacques Ludwig Joseph a cité le décret du 8 septembre 2004, pierre angulaire du fonctionnement de l’ULCC. Son article 11, alinéa 2, confère au Directeur général l’habilitation de constater les infractions, d’en rassembler les preuves et de déférer les auteurs à la justice, tout en ayant recours à la force publique si nécessaire.
« Je suis résolu à agir avec fermeté, indépendance et dans le strict respect de la loi, au nom de la justice et de l’intérêt général », a déclaré le Directeur général, soulignant que l’ULCC « ne cédera rien » face aux tentatives de blocage.
7 rapports d’enquête finalisés ont été présentés à la presse. Parmi eux, quatre ont déjà été transmis à la justice avec déferrement, impliquant des responsables publics du Nord-Est, dont un ancien maire de Ouanaminthe, ainsi que l’ancien directeur général de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH).
Les trois autres dossiers, remis ce vendredi aux autorités compétentes, concernent des cas de mauvaise gestion à Port-au-Prince et à Saint-Marc. En toute transparence, l’ULCC a partagé les résumés exécutifs des rapports, permettant à la population de connaître les grandes lignes des enquêtes.
Les entités épinglées sont nombreuses : la Télévision Nationale d’Haïti (TNH), le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique, l’Université Publique du Bas-Artibonite (UPBA), ainsi que plusieurs projets d’infrastructures à Ouanaminthe, notamment la construction d’une place publique et la gestion des marchés communal et binational.
Un autre dossier met en lumière des irrégularités dans l’utilisation des cartes de débit au sein du Service National de Gestion des Résidus Solides (SNGRS).
« Ces documents mettent à nu un système gangrené, nourri par des agents publics et certains cadres corrompus, qui ont sapé les fondements même de l’administration publique », a dénoncé Me Joseph.
La remise publique de ces rapports répond à une double exigence : garantir la transparence et encourager le contrôle citoyen. En effet, l’article 9 du décret de 2004 impose à l’ULCC de rendre accessible un résumé de chaque enquête transmise à la justice.
« Dans une démarche constante de transparence, je rends publics les résumés exécutifs de ces rapports afin que la société sache comment ses ressources sont gérées », a souligné le Directeur général.
Tout en affirmant sa détermination, le responsable a reconnu les obstacles rencontrés par son institution. Selon lui, certains acteurs cherchent à affaiblir ou détourner le travail de l’ULCC. « Malgré les scénarios visant à affaiblir notre action, je vous le dis solennellement aujourd’hui : cela ne marchera pas », a-t-il martelé.
Il a également rappelé que l’institution agit avec un statut d’officier de police judiciaire, ce qui lui confère une indépendance cruciale dans la conduite de ses enquêtes.
« Le plan est simple et ferme : nettoyer l'État de toutes les mauvaises graines. C’est ce que la loi confie comme tâche à l’ULCC, et je garantis que cette mission sera accomplie avec rigueur, sans complaisance. », affirme Me Joseph.
Il a appelé les citoyens à garder leur calme et à faire confiance au processus : « Certains dossiers sont plus lourds qu’il n’y paraît. Ceux qui cherchent à couvrir les faits ont de quoi s’inquiéter. Les résultats viendront, comme ils doivent venir. »
Au-delà des symboles, les citoyens, souvent déçus par l’absence de suites judiciaires, attendent des résultats concrets : arrestations, procès équitables et condamnations exemplaires.
Par Arnold Junior Pierre
- Log in to post comments