PubGazetteHaiti202005

Intervention militaire en Haïti: une «solution de dernier recours», estime un député canadien d’origine haïtienne

@rezonodwès

Une intervention militaire en Haïti doit être une solution de tout dernier recours en ce moment parce qu’elle risquerait de se transformer en bain de sang en raison de la forte présence de gangs de rue qui sont armés jusqu’aux dents, estime le député libéral d’origine haïtienne Emmanuel Dubourg dans un article publié ce jeudi par le journal La Presse.

 

 

 

M. Dubourg, qui joue un rôle important, mais discret dans la réponse du gouvernement Trudeau à la crise qui sévit en Haïti, affirme que le Canada joue la bonne carte, celle de la prudence, en imposant d’abord des sanctions sévères à l’endroit de certains membres de l’élite politique du pays qui profitent des activités criminelles des gangs.

 

Face à une crise humanitaire qui s’aggrave, le premier ministre haïtien Ariel Henry a réclamé au début d’octobre l’intervention de forces étrangères armées afin de rétablir l’ordre dans son pays et de combattre les gangs qui bloquent l’accès au carburant et aux fournitures essentielles alors qu’une épidémie de choléra sévit.

 

 

 

Au cours des dernières semaines, le Canada a fait l’objet de pressions des États-Unis afin de prendre la tête d’une force d’intervention. Jusqu’ici, le gouvernement Trudeau a écarté cette option au motif qu’une telle intervention doit faire l’objet d’un large consensus dans ce pays des Antilles.

 

« La situation en Haïti est catastrophique. On vit plusieurs crises à la fois une crise sécuritaire, une crise humanitaire, une crise économique et une crise politique. Tout cela en même temps fait que la situation en Haïti est explosive », avance M. Dubourg, seul député d’origine haïtienne à la Chambre des communes.

 

Mais étant donné que les gangs qui sévissent dans la capitale Port-au-Prince sont « lourdement armés » et se multiplient, une intervention militaire serait mal avisée à l’heure actuelle. « Dans les gangs, il y a aussi des mineurs. On ne peut pas arriver et dire qu’on va nettoyer. Ça prend une stratégie. Le danger, c’est que ça se transforme en bain de sang », dit-il.

 

 

 

L’homme fort de Bourassa a aussi souligné que les Haïtiens sont « très divisés » sur cette délicate question, que ce soit en Haïti ou au sein de la diaspora à Montréal. « Il y a déjà eu beaucoup d’autres interventions en Haïti et ça n’a rien donné. Aussitôt que les soldats quittent le pays, ça recommence deux ou trois ans plus tard », rappelle M. Dubourg.

 

 

 

En fin de semaine, M. Trudeau a profité du Sommet de la Francophonie, en Tunisie, pour annoncer de nouvelles sanctions économiques contre trois grandes personnalités haïtiennes : l’ancien président Michel Martelly et les anciens premiers ministres Laurent Lamothe et Jean-Henry Céant.

 

Selon le Canada, ce trio a aidé les bandes criminelles à saper l’actuel gouvernement haïtien. Le gouvernement Trudeau exhorte ses partenaires internationaux à lui emboîter le pas.

 

 

 

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a aussi annoncé des sanctions contre un sénateur haïtien, Rony Célestin, qui possède une villa à Laval achetée 4,25 millions de dollars l’an dernier. Ottawa croit que le riche politicien soutient aussi illégalement les gangs.

 

 

 

D’autres membres de la classe politique ont aussi été frappés par des sanctions, soit le président du Sénat, Joseph Lambert, et l’ancien sénateur Youri Latortue.

 

 

 

Ces sanctions qui visent l’élite politique ont eu une onde de choc en Haïti. En s’attaquant au haut de la pyramide, les gangs vont avoir plus de difficulté à se financer, vont avoir plus de difficulté à avoir des armes et ainsi de suite.

 

 

 

 Par: Gazette Haïti avec La Presse

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