
576 personnes ayant fui les violences armées à Kenscoff survivent dans des conditions inhumaines à Meyotte 37 depuis des mois. Sans eau, sans nourriture et sans assistance, elles dénoncent l’abandon des autorités et appellent à l’aide.
Dans une visite sur un site improvisé de Meyotte 37, localité de Pétion-Ville déjà menacée par les gangs, selon des gens interviewés, 576 déplacés internes tentent de survivre depuis leur fuite de Kenscoff. Et ce, depuis l'assaut meurtrier des gangs au début de l'année alors que désormais cette commune est placée à risque. Parmi eux, des malades vivent sans aucun suivi médical. Femmes, enfants et personnes âgées s’entassent dans un camp improvisé, livré à la misère et à l’indifférence des autorités.
« Nous n’avons rien. Pas d’eau, pas de nourriture, pas même une visite officielle », déplore une mère de famille rencontrée sur place le mardi 16 septembre 2025. Pour s’alimenter, les déplacés mendient auprès de particuliers, nous a fait savoir un déplacé. Ils utilisent parfois des eaux insalubres récupérées « de nulle part » pour cuisiner les rares provisions trouvées, au péril de leur santé.
Quand la pluie s’abat, beaucoup cherchent refuge sous un bâtiment délabré, incapables d’y dormir faute d’espace. Si parmi eux, certains s'arrangent sous des tentes, d'autres se résignent à passer la nuit à la belle étoile, sans couverture ni protection. « Nous sommes totalement oubliés », s’indigne un déplacé, dénonçant la nonchalance de l’État face à leur sort.
Dans ce camp de fortune, la mendicité est devenue une nécessité quotidienne. Mais l'indignation, la faim et la peur rongent les survivants, qui craignent de sombrer davantage dans la précarité.
A l'approche de l'ouverture des classes, ces déplacés montrent aussi leurs préoccupations face à l'incapacité de se mettre au point pour envoyer leurs enfants à l'école.
Sur leur visage, la misère se dessine, le sourire est absent et le désespoir se lit. Des enfants mal nourris, des vies futures dessinées aux couleurs pâles. Une vie d'après guerre est véritablement remarquée.
Des cas de précarité qui ne sont pas si différents d'autres camps d'hébergement à Port-au-Prince ou même dans le département du centre ou dans l’Artibonite. Or, plusieurs organisations locales et internationales se dépêchent à voler au secours de certains camps mais l'insuffisance de prise en charge se fait souvent sentir dans les sorties de presse.
Dans les différents camps de fortune, cette vie précaire se fait aussi peser par des cas de viols suivis de grossesses précoces ou contaminations par des maladies infectieuses. Des sources révélent que bon nombre de fois des relations se se font juste pour des échanges de produits alimentaires ou de petites aides financières.
Alors que la crise humanitaire des déplacés s’aggrave à travers le pays, les habitants de Meyotte interpellent les autorités et les organisations humanitaires pour une intervention urgente. Et de plus, on est en pleine saison pluvieuse. Des risques de résurgence de maladies hydriques sont envisageables.
Pour l’heure, le silence de l’État demeure assourdissant.
À quand la fin de ce mauvais épisode dans la vie haïtienne ? Entre-temps, les gangs sèment la terreur, les autorités de l’État promettent maintes fois de ripostes dans des sorties de presse, la crise, elle-même, se prolonge et s’enracine, étouffant un peu plus chaque jour l’espoir des citoyens.
Wideberlin Sénexant
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