Après le passage dévastateur de l’ouragan Melissa, le Programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d’alarme : la sécurité alimentaire s’est brutalement aggravée dans les zones les plus touchées, où les ménages peinent désormais à se nourrir correctement. Les pertes agricoles massives et l’accès difficile aux communautés isolées compliquent davantage encore la réponse humanitaire.
La sécurité alimentaire en Haïti s’est « fortement détériorée » dans la foulée de l’ouragan Melissa, a alerté jeudi 6 novembre 2025 le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué publié à l’issue de premières évaluations sur le terrain. Les agences humanitaires des Nations Unies, déjà mobilisées dans le Grand Sud(épicentre de la catastrophe), intensifient leurs opérations d’urgence.
Selon le suivi mobile réalisé et relayé par l’agence onusienne, 40 % des ménages vivant dans les communes les plus affectées enregistrent désormais un faible score de consommation alimentaire, représentant une hausse de 20 % par rapport à la période précédant la tempête. L’usage de stratégies d’adaptation négatives de niveau élevé, comme la réduction des portions alimentaires ou la vente de biens essentiels — a également grimpé de 9 % à 16 %.
Les pertes agricoles, elles, sont jugées « dévastatrices » : jusqu’à 90 % des cultures auraient été détruites dans certains secteurs, menaçant durablement la sécurité alimentaire des communautés, déjà nombreuses à être classées en phase 3 ou supérieure selon l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire).
Selon l'organisme, l’ouragan Melissa a provoqué une crise humanitaire majeure, affectant 1,25 million de personnes dans 59 communes, dont 360 000 se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans les zones les plus durement frappées. Face à l’ampleur des dégâts, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence pour trois mois.
Sur le terrain, le PAM informe avoir déjà apporté une assistance alimentaire d’urgence à près de 13 000 personnes, à travers des rations en nature et des distributions destinées aux abris communautaires. Le service aérien humanitaire a également été renforcé pour faciliter le déploiement logistique vers les zones enclavées.
L’agence prévoit d’augmenter les distributions de rations pour une durée de 15 jours au bénéfice d’environ 200 000 personnes, avec un objectif similaire pour l’aide en espèces dès que les marchés locaux auront la capacité de fonctionner.
Hier mercredi, une équipe des Nations Unies s’est rendue à Petit-Goâve, la commune la plus endeuillée par le cyclone, afin de renforcer la coordination avec les autorités locales. L’ouragan Melissa y a provoqué des dégâts humains particulièrement lourds : 25 morts à Petit-Goâve, sur un total de 43 décès recensés dans le pays. Des dizaines de blessés sont signalés et au moins 13 personnes sont toujours portées disparues.
Routes coupées, zones isolées et insécurité persistante
L’ouragan a déplacé plus de 16 000 personnes vers des abris temporaires, détruit des maisons, des écoles et des infrastructures essentielles raporte l'agence. L’accès aux services fondamentaux demeure très limité. Les équipes humanitaires peinent à atteindre les localités isolées en raison de routes gravement endommagées, notamment en Grand’Anse, où plusieurs tronçons restent impraticables.
L’insécurité persistante complique davantage encore la distribution de l’aide, dans un contexte où les communications et la connectivité sont également perturbées. Selon le PAM, la faible liquidité dans les zones touchées risque de retarder le recours aux transferts monétaires, pourtant essentiels pour relancer les marchés locaux et soutenir la reprise économique.
Wideberlin Sénexant
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