PubGazetteHaiti202005

Le COHDA lève son verre à l’art 

@Arnold Junior Pierre

À travers un cocktail riche en émotions, le Collectif Haïtien pour le Développement Artistique amorce un travail de fond pour replacer l’art au cœur du projet de société haïtien.

Le mardi 22 avril 2025, à Pétion-Ville, artistes, penseurs et citoyens engagés se sont réunis autour du COHDA. C’est une initiative culturelle ambitieuse sous forme d’ « un collectif qui veut faire de l’art un levier de transformation sociale, en valorisant les talents, le patrimoine et la mémoire artistique haïtienne. »


Le cœur vibrant dans un hôtel à Pétion-Ville au rythme des mots, des symboles et des rêves portés par plusieurs membres de la structure. Ce cocktail, organisé dans une atmosphère conviviale mais empreinte de gravité, n’était pas le lancement officiel du collectif, prévu pour juin 2025. Il a permis à ses membres de dévoiler une vision : celle d’une Haïti reconstruite à travers la culture.


« Nous avons trop longtemps ignoré la puissance transformatrice de l’art », a souligné Daniel Joseph, président du COHDA. Dans son discours, il a défendu l’idée que « l’art haïtien n’est pas un simple décor, mais le reflet vivant de l’identité nationale, un langage d’espoir capable de transcender les blessures. »


Né de simples conversations entre trois citoyens engagés, le COHDA a rapidement pris l’allure d’un mouvement structuré, fédérant plus d’une cinquantaine de membres issus de secteurs aussi divers que la musique, les arts plastiques, l’architecture, le droit, le sport ou encore la communication. Tous disent partager une même conviction : Haïti ne renaîtra qu’en se réconciliant avec sa richesse culturelle.


Le COHDA entend marquer son empreinte par des actions concrètes : organisation d’événements culturels, mise en place de programmes éducatifs dans les zones vulnérables, transmission des traditions artistiques aux jeunes, partenariats avec la diaspora. « Nous voulons faire de l’art une passerelle entre les générations », affirme Daniel Joseph. « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. »
Ce travail de transmission se traduira aussi par des hommages appuyés aux icônes du patrimoine musical et artistique haïtien. Des figures comme Nemours Jean-Baptiste, Ti Manno, Webbert Sico ou Djoe Jack seront honorées lors de soirées thématiques. Les artistes contemporains, quant à eux, auront leur place dans cette célébration du vivant.


Présent à la soirée, l’historien Michel Soukar a livré un témoignage d’espoir à travers la culture: « La culture est peut-être ce qu’il nous reste de plus précieux. Si nous sommes encore capables de nous réunir pour la défendre, c’est que tout n’est pas perdu. » Il a insisté sur la nécessité d’un accompagnement structuré des jeunes artistes. « Le talent ne suffit pas. Il faut 90 % de travail et d’encadrement. Le COHDA peut offrir ce cadre. »,  affirme-t-il.


L’artiste plasticien Philippe Dodard a quant à lui proposé une lecture inspirée du logo du collectif. Chaque lettre y a une signification : « C » pour Collectif, « O » comme un œil attentif, « H » d’Haïti habillé des couleurs nationales, « D » pour Développement, et « A » pour Art, dans des teintes chaudes. « Tout ce qu’on fait avec amour finit par réussir », a-t-il lancé.


Autre moment fort de la soirée : l’intervention de Rolls Laîné, alias Roro, batteur du groupe Djakout Number One. Évoquant ses débuts difficiles, il a salué l’existence du COHDA. « Si un tel collectif avait existé plus tôt, bien des obstacles auraient été évités. Aujourd’hui, les jeunes peuvent croire en leurs rêves. », confie-t-il. 


Lors de son intervention, le président du COHDA affirme qu’au delà des symboles, le Collectif porte un projet profondément politique — au sens noble du terme. Il se veut un moteur de changement social, une plateforme d’expression et de solidarité. « L’art peut guérir ce que la parole ne parvient plus à dire », estime Daniel Joseph. Il souhaite impulser une nouvelle dynamique, où chaque artiste serait à la fois un créateur, un éducateur et un bâtisseur de société.
Dans une Haïti marquée par les crises politiques, l’insécurité et la désespérance, le COHDA veut être un repère. Pour des participants au cocktail,  le COHDA est un symbole de résistance par la beauté, un refuge pour l’imaginaire, un espace de dignité.

L’appel lancé lors du cocktail est clair : toute personne croyant encore en la force de la culture est invitée à rejoindre le collectif. En attendant son lancement officiel en juin, le COHDA trace déjà ses premiers sillons, avec la volonté de faire de chaque création artistique un acte de renaissance nationale.


Arnold Junior Pierre

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