Lors de la 23ᵉ édition des Mardis de la Nation, la ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes, Pedrica Saint Jean, est intervenue pour la deuxième fois dans ce cadre. Elle a présenté un ensemble d’initiatives marquant un tournant décisif dans la lutte pour l’égalité des sexes en Haïti. Ces mesures, fruit de vastes concertations tant nationales qu’internationales, visent à renforcer les mécanismes de protection, d’autonomisation et de participation citoyenne des femmes, dans un pays encore fortement touché par la violence et les discriminations.
La ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes, Pedrica Saint Jean a rappelé que sa participation au forum international tenu au Mexique, du 12 au 15 août 2025, a permis à Haïti de s’inscrire dans une dynamique régionale et mondiale en faveur de l’égalité. Ce rendez-vous a réuni des délégations venues de divers horizons afin d’évaluer les avancées dans la gouvernance, le dialogue social et l’intégration des femmes dans la vie publique.
« Ce forum a été l’occasion pour Haïti de partager ses défis, mais aussi de trouver des pistes de solutions adaptées à notre réalité », a expliqué Mme Saint Jean. Selon elle, les échanges ont abouti à des engagements précis qui devraient transformer en profondeur la manière dont l’État conçoit ses politiques de genre.
Parmi les retombées directes de cette initiative, la ministre a annoncé la création prochaine d’un institut national de formation en genre, destiné aux cadres du ministère mais aussi aux leaders des organisations féministes. Cet espace d’apprentissage et de réflexion permettra de développer des compétences adaptées aux enjeux contemporains liés aux droits des femmes. « Former nos cadres et nos militantes, c’est leur donner les outils pour influencer positivement les décisions publiques », a insisté la ministre. L’institut devrait également contribuer à renforcer la crédibilité des mouvements féministes face aux institutions nationales et internationales.
De plus, dans une volonté de structurer davantage le mouvement, le ministère collabore désormais avec l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) pour mettre sur pied une plateforme nationale d’enregistrement des organisations de femmes. Cet outil numérique centralisera les informations relatives aux associations féministes, permettant ainsi de mieux les intégrer comme partenaires incontournables de l’État. Cette initiative s’inscrit dans une logique de transparence et de renforcement du dialogue entre les institutions et la société civile. « Nous devons reconnaître et valoriser le travail de ces organisations, souvent en première ligne face aux crises sociales et humanitaires », a souligné Pedrica Saint Jean.
Autre annonce : la réouverture prochaine de “La Maison des Femmes”, un espace d’accueil et de prise en charge pour les victimes de violences sexuelles. Cette structure offrira un hébergement sécurisé pour une durée de trois mois et proposera des services multidimensionnels : soins médicaux, accompagnement psychosocial, assistance juridique et formations professionnelles. Ce projet sera mis en œuvre en partenariat avec les ministères de la Santé, de la Justice et des Affaires sociales. L’objectif est de briser l’isolement des victimes, de leur offrir un cadre de guérison et de préparer leur réinsertion sociale et économique.
La ministre n’a pas manqué de souligner que ces mesures interviennent dans un contexte particulièrement difficile. Dans plusieurs départements du pays, les exactions des groupes armés fragilisent les femmes, qui en sont souvent les premières victimes. « Face à cette réalité douloureuse, nous avons le devoir de mettre en place des mécanismes de protection efficaces et humains », a affirmé Mme Saint Jean. Selon elle, la Maison des Femmes sera un symbole fort de résilience et de solidarité nationale.
Au-delà de l’urgence humanitaire, les actions annoncées visent aussi à restaurer la confiance des femmes et des filles en leurs institutions. Les responsables du ministère considèrent que sans la participation active des femmes, aucune société ne peut aspirer à la paix durable ni au développement inclusif. « Investir dans les femmes, c’est investir dans l’avenir du pays », a déclaré la ministre, en rappelant que l’autonomisation économique reste l’un des leviers les plus puissants contre les violences de genre.
La stratégie du ministère repose sur une approche participative qui, dit-elle, associe non seulement l’État, les organisations féministes, mais aussi les communautés locales. Pedrica Saint Jean a insisté sur l’importance de bâtir des ponts entre les institutions et les acteurs de terrain, afin que les solutions proposées répondent réellement aux besoins des bénéficiaires. « Rien pour les femmes, sans les femmes », a-t-elle martelé, en appelant à une mobilisation collective pour transformer les engagements en résultats tangibles.
Avec ces annonces, le gouvernement haïtien envoie un signal fort : la lutte pour l’égalité des sexes est désormais une priorité nationale. Certes, les obstacles demeurent nombreux, mais l’initiative traduit une volonté politique de s’attaquer aux racines de la discrimination. À travers la formation, la protection, l’autonomisation et l’inclusion, le ministère de la Condition féminine et aux Droits des femmes espère ouvrir une nouvelle page de l’histoire sociale d’Haïti.
Arnold Junior Pierre
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