Au moins 262 personnes ont été tuées, 86 ont été blessées et environ 3000 autres ont été contraintes d’abandonner leurs maisons à Kenscoff en deux mois suite aux attaques armées des gangs dans la commune, selon un rapport conjoint du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) publié ce lundi 7 avril 2025.
Depuis janvier la commune de Kenscoff subit des attaques des gangs armés. Ces derniers ont pris le contrôle de plusieurs localités de la commune et ont tué plusieurs habitants de la zone et détruit ou incendié plusieurs habitations.
Selon un rapport conjoint du BINUH et du HCDH, au moins 262 morts et 86 blessés ont été enregistrés lors des attaques. Environ 200 habitations ont été détruites ou incendiées et plus de 3 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile. Des enfants n’ont pas été épargnés des violences des gangs. Ces derniers ainsi que des femmes et des hommes ont été assassinés à l’intérieur de leurs maisons tandis que d’autres ont été tués dans les routes et les sentiers alors qu’ils tentaient de fuir la violence des gangs dans la commune .
Au moins 53 % des personnes tuées étaient des membres de la population et 47 % des individus associés aux groupes criminels, rapporte les Nations Unies.
À part des actes d’assassinat, de destruction, des actes de violence sexuelle ont été également commis à Kenscoff. Des femmes et des jeunes filles ont été violées par des gangs.
«Les informations recueillies et vérifiées par nos équipes au terme d'une enquête minutieuse établissent que les attaques contre Kenscoff ont été d'une brutalité extrême, dans le but de semer la panique au sein de la population », a souligné la Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti et Cheffe du BINUH, Maria Isabel Salvador.
Depuis le début des attaques, quatre membres des forces de l’ordre ont été tués, quatre autres ont été blessés et un membre de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) a été blessé par balles .
Selon le Rapport des Nations Unies, des victimes ont bénéficié d’une assistance humanitaire des services de l'État, dont la Direction nationale de l'eau potable et de l'assainissement (DINEPA), les agences des Nations unies et plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales. Toutefois, il souligne l’insuffisance de ces efforts suite à l'ampleur des besoins et du traumatisme psychologique vécu par les survivants, en particulier les enfants, qui ont été victimes ou témoins directs de violences extrêmes, y compris de violences sexuelles.
Malgré les interventions des forces de l’ordre à Kenscoff les gangs armés continuent de semer la terreur dans la commune. Ces derniers ont tendu des pièges dans des localités et ont coupé plusieurs virages de la route pour empêcher l’accès aux véhicules blindés de la PNH. Dans des vidéos circulant sur les réseaux sociaux on peut remarquer l’Hôtel Ranch le Montcel situé dans la localité de Belo à Kenscoff et d’autres maisons en train d’être incendiés par les malfrats.
Dans un rapport, le Réseau de Défense National des Droits Humains (RNDDH) avait rapporté que l’attaque meurtrière perpétrée dans la commune de Kenscoff a été facilitée aux bandits armés dirigés par le chef de gang « Didi» par un évadé de prison, originaire de ladite commune, Pierfils Orvil. Les gangs avaient d’abord envahi les quartiers Chauffard, Bongo,kafou bèt, marché Gode, et d’autres zones environnantes en passant par la montagne de Carrefour jusqu’à la localité de Belisèt ( Kenscoff).
Compte tenu de la situation, le RNDDH avait appelé les autorités à fournir des matériels adéquats aux forces de l’ordre pour intervenir dans les zones accessibles, tels que Belot, Kikwa, Via, Mache Gode, Kafoubèt et maintenir une présence constante dans les zones non encore attaquées tels que Furcy, Obleon, Clemenceau. L’organisation avait alerté que de nombreuses routes accessibles ont été coupées, des trous ont été creusés, des arbres ont été abattus pour bloquer l’accès de ces quartiers aux forces de l’ordre. « Certaines zones sont totalement inaccessibles aux véhicules en raison du recul important des sections rurale» , avait-il souligné .
Alors que des chiffres des victimes à Kenscoff augmentent, à Mirebalais et Saut-d’Eau la situation sécuritaire demeure critique. Depuis plusieurs jours des gangs sèment le deuil, détruisent et incendient des maisons dans les communes. Une situation qui a poussé un grand nombre de la population à fuir son domicile.
Suivant un rapport de l’Organisation Internationale des Migration (OIM), près de 6000 personnes ont fui leurs maisons à Mirebalais et à Saut-d’Eau entre le 31 mars et le 1er avril 2025 suite aux assauts des gangs.
Par: Daniella Saint-Louis
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