Poète, romancier et diseur de talent, Anthony Phelps s’est éteint à Montréal dans la nuit du 10 au 11 mars 2025, à l’âge de 96 ans. Figure majeure de la littérature haïtienne et francophone, il a marqué des générations par son œuvre engagée et sa voix unique. Moins d’un mois après la disparition de Frankétienne, Haïti pleure une autre grande plume qui a su porter haut les couleurs de sa culture.
Cette nouvelle, confirmée par notre rédaction, n’a toutefois pas précisé les circonstances de son décès. Depuis l’annonce de sa mort, de nombreuses voix se sont élevées pour rendre hommage à ce monument de la littérature.
Né à Port-au-Prince le 25 août 1928, Anthony Phelps s’est illustré par un engagement littéraire indéfectible. Arrêté sous le régime de François Duvalier, il s’exile en 1964 au Canada, devenant ainsi le premier membre du groupe Haïti Littéraire à prendre le chemin de l’exil. Installé à Montréal, il poursuit une brillante carrière de journaliste à Radio-Canada avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Son œuvre, mêlant poésie, roman et récitals enregistrés, s’est imposée dans l’histoire littéraire francophone.
Son poème Mon pays que voici lui vaut une reconnaissance internationale, le plaçant aux côtés de figures emblématiques comme Aimé Césaire et Pablo Neruda. À travers dix-huit recueils de poésie, plusieurs romans et pièces de théâtre, Anthony Phelps a su immortaliser l’exil, la mémoire et l’identité haïtienne. Ses romans, notamment Moins l’infini et Mémoire en colin-maillard, dénoncent la violence sous le régime Duvalier. Il s’est aussi aventuré dans le cinéma avec Aube noire, un court-métrage réalisé en 1980.
Selon des informations accessibles en ligne, son parcours a été jalonné de récompenses littéraires. Il a notamment reçu le Prix Casa de las Américas en 1980 et 1985, le Grand Prix de Poésie de l’Académie Française en 2017, ainsi que le Grand Prix de la Société des Gens de Lettres de France en 2018. Montréal lui a rendu hommage en 2016 pour l’ensemble de son œuvre.
Face à cette perte immense, le Premier ministre haïtien, Alix Didier Fils-Aimé, a exprimé sa profonde tristesse et salué la mémoire de l’écrivain. Dans un communiqué officiel, il rappelle l’empreinte indélébile laissée par Phelps dans le monde littéraire :
« Anthony Phelps a consacré sa vie à la littérature, illuminant de ses mots les âmes de nombreux lecteurs à travers le monde. Sa voix, unique et envoûtante, résonnera toujours dans nos mémoires. »
Le chef du gouvernement met également en avant l’impact universel de son œuvre :
« Son œuvre, largement reconnue, témoigne de la portée universelle de sa poésie. Il a su, par son art, tisser des ponts entre les cultures, laissant une empreinte indélébile dans le monde littéraire. »
En Haïti comme à l’étranger, la disparition d’Anthony Phelps marque la fin d’une époque. Il laisse derrière lui un héritage littéraire inestimable, témoin d’une vie consacrée aux mots et à la liberté.
« Aujourd’hui, Haïti perd un de ses plus grands ambassadeurs culturels. Anthony Phelps nous laisse un héritage littéraire qui continuera d’inspirer et d’éclairer les générations futures », conclut le communiqué officiel du gouvernement.
Wideberlin SENEXANT
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