PubGazetteHaiti202005

Haïti : la structure « Mouvement Point Final » réclame l’implication de la FENAMH dans la lutte contre l’insécurité

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Alors que l’insécurité continue de gangréner le pays, le structure « Mouvement Point Final » plaide pour une approche territoriale intégrant les collectivités locales afin de freiner la montée en puissance des gangs. L’organisation réclame donc l’implication de la Fédération nationale des mairies d’Haïti (FENAMH), plus grande instance déconcentrée en matière de gouvernance locale. 

Dans un communiqué envoyé à notre rédaction, cette structure de la société civile souligne que les sections communales sont laissées aux mains des gangs.

« Avec ses 10 départements, 148 communes et 571 sections communales, Haïti possède un maillage territorial qui, bien que structuré sur le papier, est en grande partie livré à lui-même. Les sections communales, plus petites unités administratives, sont dépourvues de forces de l’ordre : ni police, ni forces armées, ni justice ne sont présentes pour assurer la sécurité », constate l’organisation, signalant que « Certaines sections communales ont la taille d’une commune, mais elles restent abandonnées par l’État en matière de sécurité ».
 Selon Ulysse Jean Chenet, coordonnateur général du mouvement Point Final, ce vide favorise l’implantation du grand banditisme .

Le communiqué établit un parallèle avec la période de dictature en Haïti, durant laquelle le pouvoir s’appuyait sur des milices locales pour maintenir un certain contrôle territorial. Aujourd’hui, en l’absence totale d’autorités sécuritaires, ces mêmes zones sont, dit-il, devenues des refuges pour les gangs.

L’exode rural, un facteur clé de l’insécurité

L'organisation établit un lien direct entre l’exode rural massif et l’explosion des violences urbaines. Selon ses observations, 95 % des membres de gangs proviennent des sections communales et des quartiers populaires des villes de province avant de s’installer à Port-au-Prince.

« Les jeunes qui fuient les sections communales se retrouvent dans des conditions de vie précaires dans la capitale. Pour survivre ou se faire un nom, beaucoup rejoignent les gangs armés qui terrorisent aujourd’hui la population », explique Ulysse Jean Chenet.

On rappelle que, selon un rapport de l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime), le recrutement des enfants par les gangs a augmenté de près de 70 % en 2024. Dans la composition de ces groupes criminels, entre 30 % et 50 % des membres sont des mineurs. Ces jeunes enrôlés font des exactions, des crimes au détruisant la population innocente pour le bénéfice des gangs en échange des petits avantages offerts par le groupe de gangs. 

Par ailleurs, la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR), investie dans ses fonctions lundi dernier, devra contribuer au plan de sécurité visant à endiguer la violence.

Une stratégie sécuritaire locale pour contrer l’insécurité

Face à cette réalité alarmante, MPF insiste sur la nécessité d’une stratégie de sécurité locale, avec l’instauration de Plans communaux de sécurité (PCS) et la création de Cellules communautaires de sécurité (CCS) dans chaque section communale.

Pour enrayer durablement l’insécurité, l’organisation exhorte l’État à intégrer la FENAMH dans ses stratégies sécuritaires, permettant ainsi aux autorités locales de mieux gérer la sécurité au sein de leurs communautés.

« Tant que la police, les FAD’H et la justice resteront absentes des sections communales, les gangs auront le champ libre pour se développer. Il est temps de structurer une réponse sécuritaire à l’échelle territoriale », insiste Ulysse Jean Chenet.

Il invite le gouvernement à repenser sa lutte contre les gangs en collaborant avec les collectivités locales pour un maillage sécuritaire plus efficace. Il considère que l’insécurité se propage comme un virus là où il n’y a aucune protection.

Pendant ce temps, les forces de l’ordre peinent toujours à rétablir l’ordre dans la capitale haïtienne, assiégée presque totalement par des bandes armées. Ces dernières bloquent les principaux axes routiers reliant Port-au-Prince aux autres départements, notamment le Sud, contrôlé par près de cinq groupes criminels armés.

De plus, les restrictions imposées aux compagnies aériennes américaines interdisent toujours le survol de Port-au-Prince. Cette interdiction, prolongée jusqu’au 8 septembre, accentue davantage l’isolement du pays.

Le quotidien des Haïtiens est de plus en plus marqué par la terreur. Les quartiers de Carrefour-Feuilles ont été de nouveau la cible d’attaques violentes menées par des gangs armés, mardi 11 mars 2015. Pris de panique, de nombreux habitants continuaient à abandonner leur domicile pour fuir la zone. 

Tôt ce mercredi, un minibus en provenance de Carrefour a été la cible de tirs nourris, faisant au moins deux morts et plusieurs blessés. L’attaque s’est produite aux environs de 5 heures alors que le véhicule transportait une vingtaine de passagers vers Port-au-Prince.  

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