Le Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes (CNLTP), sous la tutelle du ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST), a organisé, les 6 et 7 mars 2025, un atelier de formation et d’échanges destiné aux journalistes haïtiens. Cette initiative vise à renforcer les capacités des professionnels de la presse sur les enjeux liés à la traite des personnes et au trafic illicite de migrants, un phénomène exacerbé par l’insécurité et l’instabilité du pays.
Lors de l’ouverture de l’atelier, le directeur général de l’Office de Protection du Citoyen (OPC), Jude Jean Pierre, a dressé un tableau sombre de la situation actuelle en Haïti.
« Aujourd’hui, tous les indicateurs relatifs aux droits humains sont en rouge », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité pour les journalistes de mieux comprendre et traiter ces questions sensibles. Selon lui, la participation de l’OPC à cet événement s’inscrit dans une démarche de sensibilisation visant à doter les travailleurs de la presse des outils nécessaires pour aborder ces problématiques avec rigueur et précision.
Me Jean Wilner Morin, Protecteur du Citoyen, a également salué cette initiative, soulignant que des avancées avaient été réalisées par Haïti dans l’utilisation des instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Marc Evens Lebrun, de Imedia et représentant des journalistes lors de l’événement, a mis en avant la responsabilité des médias dans la lutte contre la traite des personnes.
« Nous sommes réunis ici pour discuter d’une urgence nationale. L’aggravation de la traite des personnes, en raison de l’insécurité, met en péril les Haïtiens, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger », a-t-il affirmé.
Il a également souligné la nécessité de déconstruire certains stéréotypes associés à la traite humaine. « Ce n’est pas seulement une question de prostitution ou d’enfants des rues victimes de la précarité économique. Notre rôle, en tant que journalistes, est d’enquêter, de sensibiliser et de collaborer avec les institutions compétentes, notamment le CNLTP », a-t-il ajouté.
Le président du CNLTP, Me André Ibréus, a, de son côté, rappelé l’urgence d’apporter des réponses tangibles à ce fléau.
« Les réflexions sur la traite des personnes sont nombreuses, mais elles doivent déboucher sur des actions concrètes », a-t-il déclaré, en mettant l’accent sur l’importance de la coopération entre les différents acteurs impliqués.
Cette formation, qui a réuni une quarantaine de journalistes issus de divers médias de la capitale, a abordé plusieurs thématiques, notamment les concepts doctrinaux de la traite des personnes, les statistiques mondiales, ainsi que les facteurs aggravants tels que la crise politique et l’affaiblissement des institutions étatiques.
Parmi les intervenants figurait le Dr Elannd Guerrier, qui a apporté un éclairage sur les politiques publiques et les échecs du gouvernement haïtien dans la lutte contre la traite des personnes.
L’atelier s’est terminé sur une série de recommandations visant à renforcer la couverture médiatique de ces problématiques et à encourager un dialogue constructif entre les journalistes et les institutions engagées dans la lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite de migrants.
Arnold Junior Pierre
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