PubGazetteHaiti202005

Haïti en crise : la réduction de l’aide américaine menace les plus vulnérables

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La décision des États-Unis de réduire massivement leur aide à Haïti a des conséquences immédiates et alarmantes, notamment pour les enfants, alerte l’UNICEF. Alors que la violence des gangs s’intensifie, les jeunes deviennent de plus en plus vulnérables au recrutement forcé par des groupes armés.

D’après l’UNICEF, plus d’un million d’Haïtiens, soit près de 10 % de la population, ont dû quitter leur foyer en raison de l’insécurité croissante. Les services de dépistage de la malnutrition infantile, auparavant soutenus par les financements américains, risquent d'être supprimés.

« Les États-Unis ont été un partenaire essentiel du travail de l’UNICEF en Haïti », a déclaré Geetanjali Narayan, représentante de l’agence onusienne en Haïti, lors d’une conférence de presse à Genève. « Ces coupes budgétaires ont un effet immédiat et dévastateur dans un pays déjà frappé par la violence et la pauvreté »


En janvier, l’administration de Donald Trump a suspendu toute aide étrangère pour une période de 90 jours dans le cadre de sa politique "America First". Mercredi, Washington a annoncé la suppression de plus de 90 % des financements de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), compromettant ainsi des programmes humanitaires et éducatifs cruciaux.

L’UNICEF s’inquiète particulièrement du recrutement grandissant d’enfants par les groupes armés. « Près de la moitié des membres des gangs en Haïti sont des mineurs, certains enrôlés dès l'âge de huit ans », avertit l’organisation.

Pour faire face à cette crise, l’agence des Nations unies a lancé un appel d’urgence de 38 millions de dollars afin de financer des programmes éducatifs. Elle signale qu’un enfant sur sept est déscolarisé et que 47 écoles ont été détruites à Port-au-Prince en janvier. « Sans accès à l'éducation, les enfants sont plus exposés à l’exploitation et au recrutement par les groupes armés. L’instruction est l’un des outils les plus efficaces pour briser ce cycle de violence », insiste Narayan.

Linda-Gail Bekker, directrice de la Fondation Desmond Tutu, met en garde contre les répercussions des coupes budgétaires américaines sur la santé publique. « Si ces financements restent suspendus pendant une décennie, plus d’un demi-million de personnes pourraient mourir du sida », a-t-elle alerté lors d’une visioconférence avec plusieurs ONG. « Nous faisons face à un immense désastre. »

Parallèlement, en février 2025, Haïti a reçu un lot d'équipements de sécurité offert par le gouvernement américain pour renforcer la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre l’insécurité et les gangs armés.

La cérémonie de remise des matériels s’est tenue à la Direction Générale de la Police en présence du Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, du Directeur Général de la PNH, Rameau Normil, et de Godfrey Otunge, chef de la Mission Multinationale. L’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Dennis B. Hankins, a officiellement remis ces équipements, comprenant des véhicules blindés, des armes, des munitions et d’autres matériaux destinés à renforcer les capacités opérationnelles de la PNH.

Outre la crise sécuritaire, Haïti traverse une récession économique persistante depuis six ans, accentuée par l’instabilité politique et la précarité grandissante. Les coupes dans l’aide américaine risquent d’exacerber cette situation, compromettant les efforts de redressement du pays et plongeant davantage de familles dans la pauvreté.

Face à cette crise multidimensionnelle, les organisations humanitaires exhortent la communauté internationale à réagir rapidement pour éviter une détérioration encore plus dramatique des conditions de vie en Haïti.


Arnold Junior Pierre

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