4463 victimes de violences sexuelles ont été prises en charge durant l’année 2024 par les équipes de Médecins Sans Frontières ( MSF) dans la clinique de Pran Men'm, à la maternité de Carrefour, et dans le nouveau programme dédié à ces patients dans l'hôpital MSF de Cité Soleil, selon un communiqué du MSF.
Les actes de violences ont été multipliés dans le pays au cours de l’année 2024. De nombreux cas de meurtres, de viols ont été enregistrés durant cette période. Dans un communiqué publié ce lundi, le MSF indique avoir soigné 4 463 survivants de violences sexuelles, contrairement à 3 207 personnes en 2023 contre 1 775 en 2022. Ces personnes ont été prises en charge dans la clinique de Pran Men'm, à la maternité de Carrefour, et dans le nouveau programme dédié à ces patients dans l'hôpital MSF de Cité Soleil.
Le MSF dit constater que les violences sexuelles ont été de plus en plus souvent commises par des groupes armés. La majorité des victimes dont des filles soignées par MSF, sont des personnes déplacées.
« Je me trouvais dans la maison de mon père quand nous avons entendu quelqu'un frapper. Une voix a dit que si nous n'ouvrions pas la porte, il tirerait », témoigne une de nos patientes. « Lorsque nous avons ouvert, nous avons vu trois hommes armés et cagoulés, qui ont menacé de nous tuer si je n'acceptais pas de coucher avec eux. Puis, les trois m'ont violée ce jour-là. »
Traumatisées suite aux actes de viol, des victimes sont souvent contraintes d’abandonner leurs maisons.
« Nous avons dû fuir le quartier et nous installer ailleurs. Je me sentais morte à l'intérieur parce que les souvenirs de l'attaque me tourmentaient et je pleurais sans arrêt», raconte une patiente à MSF.
La plupart restent dans la région de Port-au-Prince, dans les sites prévus pour les personnes déplacées, où ils restent très vulnérables, sans recours possible en justice ni aucune protection de la part des autorités. D’autres n'ont pas d'autre choix que de dormir dans la rue ou de retourner chez eux, là où leur agression a eu lieu, déplore l’organisation sanitaire.
« L'un des problèmes que nous rencontrons systématiquement est qu'en dépit des soins que nous pouvons leur offrir, ces survivants ne peuvent pas retourner chez eux en toute sécurité et n'ont pas de lieu sûr où aller », explique Diana Manilla Arroyo, cheffe de mission de MSF en Haïti.
Médecins Sans Frontières plaide pour la mise en place des services adéquats au plus près des communautés les plus touchées suite à un manque de ces services.
MSF appelle à mettre en toute urgence des services médicaux et psychologiques adaptés à chaque étape du parcours d'une victime de violences sexuelles tout en exigeant des soins médicaux complets pour les victimes dans les plus brefs délais après l’agression, notamment un traitement préventif contre les maladies sexuellement transmissibles (prophylaxie post-exposition au VIH) mais aussi une offre de contraceptifs d’urgence.
« J'ai trouvé une psychologue qui m'a écoutée et remonté le moral », raconte une patiente prise en charge par les équipes MSF. « Elle m'a expliqué que les médecins feraient tout leur possible pour m'aider. »
« Toute personne victime de violences sexuelles mérite de pouvoir faire des choix éclairés concernant sa santé et son avenir », ajoute Manilla Arroyo. « Des informations pertinentes et des services adaptés doivent être disponibles plus largement, notamment des soins médicaux et psychologiques, un soutien socio-économique, un hébergement et une protection, afin que les survivants puissent décider des mesures qui garantiront au mieux leur dignité, leur santé et leur intégrité physique. »
Par: Daniella Saint-Louis
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