PubGazetteHaiti202005

Massacre à Pont-Sondé: « un nouvel exemple accablant de la faillite de l’État à garantir la sécurité de ses citoyens », selon l’ECCREDHH

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L’Ensemble des Citoyens Compétents à la Recherche de l’Égalité des Droits de l’Homme en Haïti (ECCREDHH) s’est dit « indigné » après avoir été informé du massacre perpétré contre la population civile de Pont-Sondé dans la nuit du 2 au 3 octobre 2024, une section communale située dans le département de l’Artibonite. Selon le rapport, ce drame illustre parfaitement l’absence flagrante des autorités haïtiennes à travers le pays. Du point de vue institutionnel, l’organisation affirme que l’État haïtien est pratiquement inexistant dans de nombreuses communes, laissant les groupes armés imposer leur loi.

Il est souligné dans le rapport, que juste après le département de l’Ouest, en particulier la capitale, Port-au-Prince, et ses environs, le département de l’Artibonite subit les pires représailles, violences extrêmes, et actes de barbarie contre la population civile. Cette attaque est un nouvel exemple accablant de la faillite de l’État à garantir la sécurité de ses citoyens, malgré les obligations inscrites dans la Constitution haïtienne et les conventions internationales, affirme l'ECCREDHH.

 

Le rapport de l’organisation accuse directement le gouvernement haïtien, ainsi que le haut commandement de la Police Nationale d'Haïti (PNH), d’inaction et de complicité. « Ce qui est arrivé à Pont-Sondé montre exactement que les autorités haïtiennes sont absentes partout. L’État, du point de vue institutionnel, est à plat », critique le rapport.

 

« Une attaque annoncée, un État passif »

Le gang Gran Grif, sous la direction de Luckson Elan, avait publiquement annoncé ses intentions sur les réseaux sociaux. Pourtant, malgré les avertissements, aucune mesure n’a été prise pour prévenir cette attaque, selon les observations du rapport. Le commissaire de police de Saint-Marc et le haut commandement de la PNH avaient été informés plusieurs jours avant l’attaque, mais aucune action significative n’a été entreprise pour protéger la population, déplore l’organisation. 

 

Le bilan est catastrophique : au moins 70 morts, parmi lesquels dix femmes et trois nourrissons, des dizaines de maisons incendiées, et une trentaine de véhicules détruits. Des centaines de familles fuient, cherchant désespérément refuge. Le rapport dénonce cette situation comme un « cauchemar sans fin » pour les habitants, qui continuent de subir la violence incessante des gangs.

 

Le rapport précise que ce massacre dépasse la simple lutte pour le contrôle des territoires. Il s’agit également, pour l’ECCREDHH, d’une bataille politique avec des perspectives électorales.

 

« Suivant les informations dont nous disposons, ce massacre n’inscrit pas seulement dans la lutte pour « le contrôle des territoires, mais c’est aussi une bataille politique pour le pouvoir pour les prochaines élections», indique l’ECCREDHH.

Ce n’est pas la première fois que les habitants de Pont-Sondé subissent de telles attaques. 

« Le pire, ce n’est pas le premier massacre subi par ces communautés sous les yeux passifs de l’État, de celles et ceux qui se disent être autorités pour garantir l’ordre et la paix dans le pays », dénonce l’organisation de défense des droits humains. 

Le rapport détaille également l’ampleur des souffrances humaines résultant de cette attaque. L’hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc a accueilli 23 blessés, dont huit ont dû subir des interventions chirurgicales d’urgence. Le personnel médical, malgré un manque de ressources et de médicaments, a tout fait pour prendre soin des victimes. Cependant, le rapport questionne : combien d’autres sont morts en tentant de fuir ou faute de soins adéquats ?

L’Ensemble des Citoyens Compétents à la Recherche de l’Egalite des Droits de l’Homme en Haïti (ECCREDHH) dit exiger que des mesures soient prises de toute urgence pour protéger la population civile de pont-Sondé, car la violence extrême du groupe armé nommé Gran grif a forcé un déplacement massif des populations. « Déjà, sur la Place Publique Philippe Guerrier à Saint-Marc plusieurs centaines de familles se sont réfugiées contre les assauts des bandits. », rapporte-t-il.

 

Face à cette tragédie, l’ECCREDHH ne se contente pas seulement de dénoncer, il propose également des solutions et recommande à l’État haïtien de :

 

1-Mettre l’action publique en mouvement contre toutes les personnes impliquées dans ce crime horrible.

2- Accompagner les familles qui sont victimes réellement de cette attaque.

3- Prendre des mesures sécuritaires drastiques pour éviter que cela se reproduise.

4- Utiliser à bon escient la somme allouée au service d’intelligence de la Police Nationale d’Haïti.

5- Rapatrier toute somme d'argent alloué inutilement aux membres du CPT en vue d'institutionnaliser le service d'intelligence.

 

L'ECCREDHH lance un appel urgent pour que cette tragédie ne soit pas simplement un épisode de plus dans l’interminable série de massacres qui ravagent le pays. 

 

Par Sabrina Lemaire

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