PubGazetteHaiti202005

« C’est de la démagogie »: Espérance critique la démarche du gouvernement de solliciter des informations sur les sanctionnés

Pierre Espérance, directeur exécutif RNDDH

Lors de son passage à l’émission Le Rendez-vous animée par Volcy Assad le mardi 27 août 2024, Pierre Espérance, Directeur Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a vertement critiqué la démarche du gouvernement visant à obtenir des informations sur les personnes sanctionnées, qualifiant cette initiative de « pure démagogie ». Espérance persiste et signe que les États-Unis ne fourniront aucune information aux autorités haïtiennes à ce sujet.

Au cours de sa tournée dans le Nord, le Premier Ministre Garry Conille a exprimé le souhait que les États-Unis partagent des informations concernant Michel Martelly, récemment sanctionné. Dans la même lignée, le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Me Carlos Hercule, a renforcé cette demande sur les ondes de Magik 9.

Cependant, cette initiative a suscité la vive désapprobation de Pierre Espérance, qui n’a pas hésité à exprimer son indignation. « C’est de la démagogie », a-t-il lancé, précisant que les autorités haïtiennes sont parfaitement conscientes que les pays étrangers ne partageront pas ces dossiers sensibles.

Pour étayer ses propos, Espérance a souligné que si ces pays en venaient à divulguer ces informations, il y aurait un risque réel qu’elles soient ensuite transmises aux personnes visées par les sanctions. « Les États-Unis ne fourniront ces dossiers ni aux Nations Unies, ni aux autorités haïtiennes, dans le pays même où ces crimes ont été commis », a argumenté le défenseur des droits humains, indiquant que les relations tendues entre les États-Unis et certains membres du Conseil de Sécurité, tels que la Chine et la Russie, empêchent également tout partage d’informations.

Le Directeur Exécutif du RNDDH a rappelé que les éléments constitutifs des dossiers se trouvent en Haïti, où les différentes enquêtes ont été menées, notamment par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) et la DEA. « Tous ces dossiers sont aux mains de la Brigade de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants », a informé Espérance, ajoutant que « si les autorités haïtiennes souhaitent accéder à ces dossiers, elles doivent s’adresser à la DCPJ par l’intermédiaire de la PNH ».

Espérance est convaincu qu’il s’agit d’un subterfuge destiné à duper la population. « À chaque fois que des sanctions sont prononcées, les autorités prétendent qu’elles vont demander des dossiers », a-t-il poursuivi, rappelant que cette démarche avait déjà été tentée par l’ancienne Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Emmelie Prophète Milcé.

« Demandez-lui donc si on lui a remis le moindre dossier », a ironisé Espérance, s’adressant à l’animateur.

Pierre Espérance estime que, généralement, les États-Unis ne se trompent pas lorsqu’il s’agit d’affaires de stupéfiants, lorsqu’ils sanctionnent un individu. Selon lui, ils sont sur le terrain et mènent des opérations conjointes avec la Direction Centrale de la Police Judiciaire.

Dans le contexte actuel, Pierre Espérance exhorte le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique à demander au commissaire du gouvernement quels dossiers il détient sur Michel Martelly. En effet, selon lui, la Police Nationale d’Haïti a déjà produit au moins deux rapports sur les liens entre Michel Martelly et les gangs. « Ces rapports, la DCPJ les a transmis au parquet », a affirmé Espérance.

Dans une déclaration à la presse, l’ambassadeur américain en Haïti, Dennis Hankins, a précisé que les États-Unis détiennent des informations sérieuses liant Michel Martelly au trafic de drogue et aux gangs en Haïti.

 

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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