PubGazetteHaiti202005

Commémoration de l’abolition de l’esclavage: la statue « Clarisse »de l’artiste haïtien Philippo dévoilée en France

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À l'occasion de la commémoration de l'abolition de l'esclavage qui s'est déroulée à La Rochelle, ce vendredi 10 mai, la statue de l'artiste haïtien Woodly Caymitte, intitulée "Clarisse, nourrice esclave", a été inaugurée en présence du Premier ministre Gabriel Attal et de Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.


Érigée sur le front de mer, le long de l'allée Aimé Césaire, cette œuvre monumentale de deux mètres de haut, faite de bronze, a été commandée par la ville de La Rochelle en mémoire aux femmes noires esclaves nourricières et du passé esclavagiste de la ville.

 

J’ai souhaité aborder ici ce dont peu de livres d’histoires parlent, le regard sur les femmes esclaves nourricières", a confié l'artiste à la ville de La Rochelle.


Clarisse, nourrice et esclavage affranchie

La statue représente une femme noire, pauvrement vêtue, nourrissant au sein un petit garçon blanc, visiblement potelé et bien portant. À ses pieds, son fils en pleurs semble, lui, réclamer sa mère.

Pour réaliser cette sculpture, Woodly Caymitte, alias Filipo, s'est inspiré de l'histoire d'une ancienne esclave prénommée "Clarisse". Selon la ville de La Rochelle, Clarisse aurait été achetée à Léogâne, une ville de Saint-Domingue (actuelle Haïti) et amenée à La Rochelle par son maître. En effet, à cette époque, les nourrices étaient choisies parmi les jeunes femmes esclaves devenues mères et allaitantes.

En 1793, après avoir sollicité le Conseil Général de la commune, Clarisse est finalement déclarée "au nom de la Loi" comme "une citoyenne entièrement libre", jouissant "des mêmes droits que les citoyennes de la République française".

Cette décision fait suite à l'abolition de l'esclavage dans la colonie française de Saint-Domingue la même année, qui, en 1804 proclamera son indépendance avant de prendre le nom d'Haïti.

Concernant les autres colonies françaises, si la convention nationale tente d'y abolir une première fois l'esclavage en 1794, Napoléon Bonaparte le rétablit huit ans plus tard en 1802. Il faudra finalement attendre 1848 pour que la France abolisse définitivement l'esclavage dans toutes ses colonies.

Une mémoire fondue en bronze

Depuis plusieurs années, la ville de la Rochelle s'interroge sur son passé colonial et tente par diverses actions de remplir son devoir de mémoire. En 1982, elle inaugure le Musée du Nouveau Monde, premier musée dédié à la traite négrière et à l'esclavage dans les colonies.

Parmi ses collections figure d'ailleurs le portrait d'une enfant, Marie-Anne Grellier assise sur les genoux de sa nourrice noire. Un pan de l'histoire coloniale française que Filipo met également en évidence à travers la sculpture de Clarisse.

"Pour moi, Clarisse représente les femmes qui ont subi l'époque esclavagiste. C'est une sculpture qui représente, pour moi, une force", a affirmé l'artiste à France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Pour Jean-François Fountain, maire de La Rochelle, interrogé par France Bleu La Rochelle, "il semblait naturel que cette statue soit réalisée par un artiste haïtien. Et quand vous financez une oeuvre de cette nature, je préfère que l'argent aille à une famille haïtienne."

Tout au long du mois de mai, la ville de La Rochelle organise des scènes ouvertes, des expositions, des conférences dans le cadre du "mois des Mémoires".

 

 

 

Avec BFMTV

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