Les funérailles de l’ancien président provisoire de facto Boniface Alexandre ont été chantées ce lundi 14 août à la cour de cassation de la République en présence du premier ministre Ariel Henry, de hauts dignitaires de l’Etat et des membres de la famille Alexandre.
Drapé des couleurs du bicolore haïtien, le cercueil de Boniface Alexandre a été salué à son entrée à la cour de cassation, dont il fut président durant plusieurs années avant d’être propulsé à la tête de l’exécutif après le renversement de Jean Bertrand Aristide.
Lors de cette cérémonie de circonstances, du célébrant principal passant par le président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, le juge Jean Joseph Lebrun jusqu’au premier ministre Ariel Henry, « l’esprit patriotique et le haut niveau intellectuel » de l’ancien chef d’Etat ont été loués.
« Le Président Boniface Alexandre était l’archétype du Vir Bonus, un véritable homme de bien qui respecte le droit et jouit d’une bonne réputation. Il est de ce calibre d’homme d’une certaine époque, qu’hélas nous trouvons de moins en moins dans notre société », a déclaré le chef du gouvernement Ariel Henry dans son discours de circonstance.
Selon le titulaire de la Primature, en tant que président de la République, Boniface Alexandre a toujours fait preuve de sagesse et de pragmatisme dans la recherche de solution pour apaiser les tensions politiques et sociales.
« Durant son mandat, le président Alexandre qui est un modèle de rectitude, d'humilité et d'empathie, a œuvré pour bâtir un consensus national autour des défis majeurs auxquels nous faisions face en tant que nation. Il a consacré son passage en politique, à la promotion de la paix et à la consolidation des institutions démocratiques », a poursuivi le neurochirurgien.
Ariel Henry croit que la nation doit se souvenir de l'héritage que laisse Boniface Alexandre. « Un héritage de courage, d'intégrité, et de foi dans notre patrie commune », dit-il, espérant que « le parcours exemplaire du cultivateur de Ganthier, de l’avocat, du professeur de droit, du Président de la Cour de Cassation que fut Maître Boniface Alexandre, constituera pour chacun une source permanente d’inspiration ».
Boniface Alexandre a travaillé pendant vingt-cinq ans au cabinet Lamarre de Port-au-Prince, spécialisé dans les contrats d'affaires et le règlement des divorces.
Dans les années 1990, selon les archives disponibles, Boniface Alexandre intègre la Cour de cassation, institution dont il est nommé président en 2002 par le président de la République d’alors Jean-Bertrand Aristide.
Le 29 février 2004, Boniface Alexandre assume la présidence de la République après le renversement de renversement de Jean Bertrand Aristide du pouvoir. Tout juste après, il nomme Gérard Latortue Premier ministre de facto le 10 mars en remplacement d'Yvon Neptune. Alexandre quitte ses fonctions le 14 mai 2006 après l'élection de René Préval à la présidence.
Récemment, Boniface Alexandre a joué le rôle de président du comité consultatif indépendant qui rédigeait une ébauche de constitution dans la perspective du référendum sous la présidence de Jovenel Moïse. Le travail effectué n’a jamais été pris en considération puisqu’aucun référendum n’a été réalisé. Cette commission mise sur pied par Jovenel Moïse a été vilipendée dans l'opinion publique.
Durant les deux ans de transition dirigée par le tandem Boniface Alexandre une véritable chasse à l'homme a été enclenchée dans le pays pour casser la mobilisation visant le retour du président Aristide. Durant cette période, des milliers de lavalassiens ont été assassinés, emprisonnés et contraints à l'exil.
Par: Daniel Zéphyr
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