PubGazetteHaiti202005

Quand Trump demande à un responsable électoral de «trouver» 11780 bulletins à son nom

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La conversation d’une heure de Trump avec l’élu républicain en charge des élections en Géorgie l’a placé en territoire légalement discutable, selon des experts juridiques.



Cette élection américaine n'en finit plus. Et devient de plus en plus surréaliste. Donald Trump a décroché son téléphone ce samedi pour demander clairement à un haut responsable républicain de « trouver » les bulletins de vote nécessaires pour annuler sa défaite dans l'Etat de Géorgie, au cours d'un appel stupéfiant diffusé dimanche par le Washington Post.

Le président américain, qui refuse toujours de concéder sa défaite à la présidentielle du 3 novembre, a tenté, lors d'une longue conversation téléphonique, de rallier à sa cause Brad Raffensperger, l'élu républicain en charge des élections dans cet Etat, en alternant pressions et cajoleries.

« Les gens de Géorgie sont en colère […] Il n'y a pas de mal à dire que vous avez recalculé », lui a-t-il notamment déclaré, selon un enregistrement de la discussion réalisé à son insu et rendu public par le Washington Post, puis d'autres médias.

« Cela va être très coûteux sous plein d'aspects »

« Tout ce que je veux, c'est trouver 11780 bulletins […] parce que nous avons gagné cet Etat », a-t-il justifié, alors que la victoire du démocrate Joe Biden en Géorgie avec environ 12000 voix d'écart a été confirmée par un recomptage et des audits. Invoquant des « rumeurs » de fraudes, Donald Trump a jugé, d'une voix étranglée par l'émotion, « injuste que l'élection nous ait été volée ». Et le milliardaire de s'époumoner à court d'arguments. « Cela va être très coûteux sous plein d'aspects » menace-t-il subtilement avant de demander au magistrat de recalculer une nouvelle fois les voix « avec des gens qui veulent trouver des réponses ».

« Vous savez ce qu'ils ont fait et vous n'en parlez pas : c'est un délit, vous ne pouvez pas laisser ça avoir lieu, c'est un gros risque pour vous », a-t-il ajouté, menaçant. Brad Raffensberger, qui était accompagné d'un avocat de l'Etat, n'a pas cédé. « Nous pensons que nos chiffres sont bons », a-t-il sobrement rétorqué au Président des Etats-Unis véhément à l'autre bout de fil.



La diffusion de cet enregistrement, que la Maison Blanche n'a pas souhaité commenter, a immédiatement suscité une onde de choc à Washington. « Le mépris de Trump pour la démocratie est mis à nu », a notamment commenté l'élu démocrate Adam Schiff, en jugeant ses pressions « potentiellement répréhensibles ». Sa consoeur Debbie Wasserman Schultz a dénoncé l'acte d'un « président désespéré et corrompu ». « C'est accablant », a pour sa part tweeté l'élu républicain Adam Kinzinger, en appelant les membres de son parti à ne pas suivre le président dans sa contestation des résultats. « Vous ne pouvez pas faire ça en ayant la conscience tranquille », leur a-t-il lancé.

Légalement discutable

La conversation d'une heure de Trump avec Raffensperger l'a placé en territoire légalement discutable, selon des experts juridiques consultés par le « WaPo ». En exhortant le secrétaire d'État à « trouver » des votes et à déployer des enquêteurs qui « veulent trouver des réponses », M. Trump semble l'encourager à falsifier le résultat des élections en Géorgie.

Mais les experts ont surtout déclaré que la transgression plus claire de Donald Trump est d'ordre moral. Edward B. Foley, professeur de droit à l'université d'État de l'Ohio précise que les questions juridiques sont obscures et qu'elles seraient soumises à la discrétion des procureurs qui pourraient vouloir mener l'enquête. Mais il a également souligné que l'appel était « inapproprié et méprisable » et qu'il devrait susciter l'indignation.



Donald Trump s'est lancé dès novembre dans une croisade pour nier la victoire de Joe Biden mais a essuyé des échecs systématiques devant la justice et auprès des élus locaux, y compris républicains, qui ont tenu face à ses pressions. Le collège électoral a déclaré le 14 décembre la victoire au démocrate avec 306 grands électeurs contre 232 au président sortant, un score qui doit être certifié mercredi au Congrès en vue de la prestation de serment du 46e président des Etats-Unis le 20 janvier.
 

 

 

Gazette Haiti avec Le Parisien

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