
Face à la montée de l’insécurité, la population manifeste son ras-le-bol et exige des actions concrètes de la part des autorités. Tensions et heurts ont éclaté à Bourdon lors d’une mobilisation contre les violences des gangs.
Une foule estimée à plusieurs milliers de personnes a envahi les rues de Port-au-Prince mardi 19 mars 2025, pour dénoncer la recrudescence de la violence des gangs et l’inaction prolongée du gouvernement haïtien. Venus de plusieurs quartiers de la capitale notamment Canapé-Vert, Débussy, Pacot, Carrefour-Feuilles et Christ-Roi, les manifestants ont convergé en direction de la Villa d’Accueil et de la Primature à Musseau, réclamant, de manière unanime, des mesures urgentes pour démanteler les groupes armés qui sèment la terreur dans le pays.
Cependant, la situation a rapidement dégénéré sur l’axe routier de Bourdon. En effet, les forces de l’ordre ont tenté de disperser la foule à coups de gaz lacrymogènes, notamment à proximité du bureau du notaire Jean Henry Céant. En réponse, plusieurs protestataires ont riposté en lançant des pierres et divers projectiles contre des entreprises locales, aggravant ainsi les tensions.
Colère populaire : « Jodia nou kanpe san lidè »
Munis de bâtons, de machettes, et pour certains vêtus de maillots noirs semblables à ceux de la police, les manifestants n’ont pas dissimulé leur colère. « Aujourd’hui, nous sommes dans la rue sans leader, pour dire aux gens au pouvoir qu’ils ont lâché les gangs contre nous », a affirmé Angello, un jeune protestataire originaire de Canapé-Vert. « Pacot, Carrefour-Feuilles, Champ de Mars, tout le monde est debout », a-t-il ajouté avec détermination.
Par ailleurs, un autre manifestant, le visage dissimulé par une cagoule, a lancé un avertissement : « Si l’État ne se lève pas contre l’insécurité, nous allons brûler tous les bureaux de l’administration publique. »
De surcroît, la manifestation a pris une tournure résolument anti-gouvernementale, marquée également par de vives critiques à l’encontre de l’ambassade des États-Unis en Haïti. De nombreux slogans hostiles à Washington ont été scandés, certains protestataires allant même jusqu’à appeler à l’aide de la Russie pour aider le pays à sortir de cette crise multidimensionnelle.
« Je vis dans un camp au Lycée Marie-Jeanne à Bois-Verna. J’ai faim, nous sommes déjà en train de mourir dans ce pays », a confié, exténuée, une manifestante. « Je continuerai à marcher jusqu’à ce que les gens au pouvoir nous donnent des résultats. S’ils ne peuvent pas, qu’ils partent », a-t-elle insisté.
En somme, les manifestants exigent sans détour la démission des dirigeants actuels, qu’ils tiennent responsables de l’aggravation de l’insécurité et du non-respect de leurs engagements. Selon notre correspondant, présent sur le terrain à 12 h 39, l’atmosphère est explosive, illustrant le désespoir d’une population prête à tout pour un véritable changement.
A noter, Aucune activité de transport n’est observée sur la route de Bourdon jusqu’à cette heure, 3 heures 15 PM.
Arnold Junior Pierre
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