
Moins de 24 heures après la publication d’un décret américain interdisant l’entrée sur le territoire à des ressortissants de douze pays, dont Haïti, le Ministère des Affaires étrangères haïtien appelle au dialogue.
Le gouvernement haïtien a réagi avec une certaine prudence à l’annonce du décret migratoire signé par l’ancien président américain Donald Trump, interdisant temporairement l’entrée des ressortissants de douze pays, dont Haïti, aux États-Unis. Dans un communiqué publié par le Ministère des Affaires étrangères et des Cultes (MAEC), les autorités haïtiennes disent « prendre acte » de la décision américaine. « Cette décision arrive à un moment où le Gouvernement haïtien s’évertue à renforcer la sécurité des frontières », écrit la chancellerie haïtienne.
Bien qu’il reconnaît le droit pour un gouvernement étranger de prendre des décisions migratoires de manière souveraine, le ministère attire l’attention du gouvernement américain « sur le danger que représentent les gangs armés, récemment désignés groupes terroristes, sur les relations d’Haïti avec l’extérieur ».
Le MAEC se dit « conscient des conséquences de cette décision sur les familles haïtiennes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ». Donc, il affirme qu’il « s’engage à travailler à la recherche de solutions rapides ».
La diplomatie haïtienne rappelle la « Déclaration de Los Angeles pour une migration régulière, sûre et ordonnée » adoptée lors du sommet des Amériques qui s’est tenu aux Etats-Unis en juin 2022 » et manifeste sa volonté de poursuivre le dialogue avec les autorités américaines sur le plan sécuritaire et migratoire.
Une position modérée plutôt modérée comparativement à un pays comme le Tchad également touché par ce décret.
Cet Etat africain a, par exemple, décidé de suspendre l’octroi de visas aux citoyens américains en se basant sur le principe de réciprocité diplomatique. Sur Facebook, le président Mahamat Idriss Déby Itno a déclaré : « Le Tchad n’a ni avions ni milliards de dollars à donner, mais le Tchad a sa dignité et sa fierté. »
Le décret, qui doit entrer en vigueur le 9 juin 2025, comporte néanmoins certaines exceptions : les détenteurs de visas délivrés avant cette date, les résidents permanents légaux, les diplomates, les employés d’organisations internationales, ainsi que les cas humanitaires, notamment les enfants haïtiens adoptés par des familles américaines.
Donald Trump a justifié cette nouvelle vague de restrictions par le souci de « protéger les États-Unis contre les terroristes étrangers », faisant référence à une attaque survenue à Boulder, dans le Colorado. Or, l’auteur de l’attentat, d’origine égyptienne, est issu d’un pays non concerné par les restrictions.
L’administration américaine reproche aux États visés – dont plusieurs pays africains comme le Tchad, le Congo-Brazzaville, ou encore la Guinée-équatoriale – de présenter un taux élevé de dépassement de séjour ou de refuser la réadmission de leurs ressortissants expulsés. Haïti se retrouve ainsi dans une catégorie de pays considérés comme « non coopératifs ».
À Port-au-Prince, la priorité semble être de maintenir des relations stables avec les États-Unis, principal partenaire international d’Haïti en matière de sécurité et de développement, sans compter la forte communauté haïtienne vivant dans ce pays.
Dans un contexte déjà marqué par une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, Haïti ne souhaite visiblement pas aggraver sa situation en adoptant une position de confrontation. Le choix de la retenue est priorisé, alors que l’administration Trump a précisé que « la liste est sujette à révision » en fonction du degré de coopération des pays concernés.
Arnold Junior Pierre
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