PubGazetteHaiti202005

Privés d’accès aux traitements antirétroviraux, des personnes vivant avec le VIH manifestent pacifiquement devant la Villa d’Accueil

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Le lundi 19 mai 2025, plusieurs dizaines de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ont organisé un sit-in devant la Villa d’Accueil, à Musseau, siège du Conseil présidentiel de Transition (CPT). Cette initiative, portée par l’organisation Housing Works Haïti, visait à attirer l’attention des dirigeants sur la rupture d’accès aux traitements antirétroviraux (ARV), une conséquence directe de la suspension de l’aide américaine. À travers cette mobilisation pacifique, les manifestants interpellaient directement le CPT ainsi que le gouvernement, en particulier le ministre de la Santé publique et de la Population, Sinal Bertrand.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des messages comme « PVVIH yo dwe jwenn medikaman », « Nou vle medikaman pou viv », les manifestants se sont rassemblés pacifiquement pendant environ 30 minutes devant les grilles de la Villa d’Accueil. Leur objectif : sensibiliser le gouvernement haïtien à l’urgence vitale que représente l’accès aux antirétroviraux.


Depuis la décision de l’administration de Donald Trump de suspendre une partie de l’aide internationale, notamment les programmes de l’USAID et du PEPFAR, des milliers de personnes vivant avec le VIH en Haïti se retrouvent dans une situation d’extrême précarité. Privées de leurs traitements antirétroviraux quotidiens, elles voient leur état de santé se détériorer, tandis que les autorités locales peinent à apporter une réponse adaptée à cette crise silencieuse.

Le silence des institutions est vécu comme une forme d’abandon. « Si l’État haïtien ne réagit pas rapidement, la situation va se transformer en crise humanitaire silencieuse », alerte Johnny Lafleur. Selon lui, ce rassemblement n’est qu’un premier pas.

« Nou paka ap mouri pou medikaman »

Parmi les manifestants, Daphney Delva, coordonnatrice générale du Foyer National des Positifs au VIH/Sida (FONAPOVIH), a pris la parole pour rappeler le rôle fondamental de l’État dans la protection de la vie de ses citoyens. « Si le gouvernement ne fait rien, nous serons obligés de redescendre dans les rues. Cette fois, c’était une manifestation pacifique, mais nous ne pouvons pas rester à attendre la mort faute de médicaments », a-t-elle déclaré, visiblement émue.

Daphney Delva, qui accompagne depuis des années des centaines de patients, parle d’un désespoir grandissant. « Ces médicaments ne sont pas un luxe. Ce sont des traitements qui permettent de survivre. Comment expliquer à une mère de famille que son traitement est indisponible ? »

Les manifestants reprochent également au ministère de la Santé un manque flagrant de communication. « Aucune campagne d’information, aucune alternative proposée. On ne sait même pas si l’État cherche des solutions », a ajouté un autre manifestant.

Face à cette urgence, les manifestants demandent la mise en place d’un plan d’action gouvernemental immédiat. « Nous exigeons que le CPT et le ministère de la Santé prennent leurs responsabilités. Il ne s’agit pas d’une faveur, mais d’un droit », a insisté Daphney Delva.

Dans un pays déjà frappé par l’insécurité, la pauvreté et la crise institutionnelle, cette nouvelle alerte sanitaire risque d’accentuer la détresse des plus vulnérables. 

 

 

 

Par Arnold Junior Pierre

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