PubGazetteHaiti202005

Présidentielles américaines : Avec 1344 délégués en jeux, le « Super Tuesday » est un train à ne pas rater

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Depuis la seconde moitié du xxe siècle, le processus de l’élection présidentielle américaine prend environ un an. Qu’il s’agisse du suffrage indirect à la fois pour les primaires et pour l’élection générale, riche en événements, le processus de cette joute reste complexe. En dépit de sa durée et de sa complexité, l’élection américaine suscite de l’intérêt et de la curiosité chez des millions de gens non seulement aux États-Unis d’Amérique, mais dans le reste du monde. Compte tenu des enjeux stratégiques, géopolitiques, économiques et sécuritaires, elle reste une préoccupation pour bon nombre de pays ayant ou non des rapports avec les États-Unis. Jusqu’ici, l’élection présidentielle américaine n’a pas d’équivalent. D’une façon ou d’une autre, elle affecte le fonctionnement et la gestion du reste de la planète. Aujourd’hui encore, les relations diplomatiques d’un quelconque État avec Washington demeurent les plus importantes. Pays d’Amérique du Nord indépendant en 1776, les États-Unis sont considérés comme l’instance planétaire d’homologation démocratique. Car du premier Président George Washington à l’actuel Donald Trump, mis à part des incidents dans l’histoire politique de ce pays, la culture démocratique se perpétue. De ce fait, bon nombre de pays ont leurs regards tournés vers la politique américaine, particulièrement à la plus prochaine élection présidentielle de novembre 2020.
 
Dans ce contexte, il est impératif d’accorder une attention soutenue au processus afin de saisir les causes qui garantissent une telle stabilité démocratique. Comprendre les aboutissants et tenants des rapports internationaux des États-Unis avec les autres pays reste un pilier fondamental. Pouvoir suivre minutieusement les temps forts de cette joute ainsi que du processus conduisant à l’une des prestigieuses institutions de la politique américaine comme la présidence peut faire une grande différence. Car, que l’on veuille ou non, le caractère et la vision du locataire de la Maison-Blanche pendant les quatre ans de mandat, ont et auront toujours des influences déterminantes sur le monde politique, économique et social. À juste titre, l’auteur Robert S. Hirschfield dans son livre titré The Power Of The Presidency: Concept And Controversy a écrit que la présidence des États-Unis est le bureau politique le plus important dans le monde. Mais, pour bien comprendre l’importance de ce bureau, il faut d’abord comprendre les impacts et enjeux qui peuvent en découler du pouvoir du premier citoyen des États-Unis.  

Les enjeux des élections présidentielles du 3 novembre 2020
 
Ce n’est pas sans intérêt que l’analyse minutieuse des temps forts de l’élection présidentielle américaine a suscité autant de passions et de réflexions aux États-Unis ainsi que dans le reste du monde, puisque, au-delà des leçons démocratiques à tirer des présidentielles américaines, l’enjeu reste de taille pour les ressortissants des autres pays. L’apport économique, politique et social dont bénéficient certains pays, soit directement avec le gouvernement des États-Unis ou par le biais de leur diaspora dans ce pays d’opportunité dépend grandement de l’issue de ces élections. D’une façon ou d’une autre, le devenir de beaucoup de peuples et de leurs dirigeants est lié par ce processus. Autant dire qu’il se révèle important pour les dirigeants ainsi que pour leurs compatriotes éparpillés un peu partout aux États-Unis d’accorder une priorité à l’élection présidentielle américaine.
 
Les États-Unis, terre d’asile ou pays d’opportunité, continuent, même avec des toutes dernières mesures prises par le Bureau de l’Immigration, à attirer les immigrants venant d’un peu partout. Par rapport au nombre d’étrangers venant s’établir sur leur territoire, l’Amérique reste le premier pays d’immigrant. On estime á des millions le nombre d’immigrants clandestins vivant dans le pays. Ce qui fait, à chaque campagne électorale, la question migratoire est toujours soulevée dans les débats entre les candidats dans la course à la présidence. Tout en étant un sujet important, une réponse à une question sur l’immigration peut, dépendamment de la position du candidat, soit mobiliser ou démobiliser une frange de l’électorat.
 
De plus, les crises politiques au Venezuela, en Libye, Syrie, Iran, Irak, Afghanistan, Pakistan, le problème israélo-palestinien, Corée du Nord, la prolifération nucléaire, le commerce international et le problème de l’environnement, en un mot, la prééminence militaire américaine dans le cadre de la protection de leur territoire et intérêts américains dans le monde sont autant de conflits auxquels il faudra aborder avec la finesse d’un homme d’État compétent si toutefois on voulait éviter des catastrophes regrettables dans le monde. Ce qui fait, si « les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde et les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques », par analogie, l’élection présidentielle américaine demeure l’affaire de tout le monde.
 
Mais, avant d’arriver aux élections générales du 3 novembre 2020 pour savoir qui sera le prochain locataire de la Maison Blanche en janvier 2021, si Président Trump, étant en poste actuellement, peut d’office se présenter aux élections pour un second et dernier mandat, par contre, les candidats du Parti démocrate, dans le cadre des élections primaires pour leur nomination, sont, depuis bien des mois de campagnes et d’un scrutin qui a commencé depuis quelques semaines, dans différents États, en quête de délégués.
 
A cette phase, pour une majorité de 3, 979 délégués en jeux, le nombre magique pour remporter la nomination à la présidence est de 1,991 délégués. Parmi les candidats, il ya le sénateur de Vermont, Bernie Sanders, la sénatrice du Massachusetts, Elisabeth Warren et l’ex-maire de New York, Mike Bloomberg et l’ancien vice-président Joe Biden. Le processus du scrutin décrit ci-dessous est celui du début de calendrier y compris le Super Tuesday de la course à l'investiture du Parti démocrate.
 
Début du processus
 
Comme c’est le cas depuis 1972, le processus avait commencé le 3 février dans l’État de Iowa, suivi du New Hampshire le 11, Nevada le 22 et la Caroline du Sud le 29. Avec 155 délégués, soit seulement 4% du total des délégués alloués, officiellement, depuis quelques semaines, le processus pour la nomination du Parti démocrate suit son cours,
 
Déjà, des analystes commentent les éventuelles difficultés que devait rencontrer le Président sortant quant à sa réélection. De par ses analyses, des experts de la politique américaine essaient, minutieusement, de décortiquer les enjeux. Les questions pleuvent : Qui représentera le parti démocrate aux élections générales du 3 novembre 2020 « Quelles sont les chances du Président sortant ou de son éventuel adversaire de gagner ? », « Quels sont donc les enjeux de cette élection ? », « Qui mène dans les sondages et pourquoi ? »
 
En dépit de tous les questionnements sur les enjeux des élections générales du 3 novembres 2020 et les grandes étapes des primaires démocrates, le « Super Tuesday » reste et demeure un carrefour incontournable pour les candidats et un temps fort pour des analystes et experts qui se sont versés dans le domaine. Il l’est parce qu’il s’agit du jour où le plus grand nombre d’États voteront simultanément pour désigner le candidat du Parti qui pourra se présenter éventuellement à l’élection présidentielle de novembre.  Ainsi, si la route qui conduit au 1600 Pennsylvania Avenue, avec un marathon électoral, est un parcours d’un combattant, le « Super Tuesday » est un carrefour ‘’4 chemen’’ obligé à traverser avec beaucoup de précautions ou de préférence le train à ne pas rater sous aucun prétexte par les candidats qui aspirent être le locataire de la grande Maison Blanche localisée à cette adresse.  D’où la nécessité de faire une brève historicité de ce dernier.
 
Histoire du « Super Tuesday »
 
Contrairement aux différentes primaires organisées séparément depuis le mois de février, en général, ce qui donne aux primaires du « Super Tuesday » un caractère exceptionnel, c’est son ampleur par rapport aux précédents caucus.  « ce procédé offre l’opportunité à plusieurs grands États de le faire en même temps. »
 
Cette tradition « Super Tuesday » remonte pour la première fois le 8 mars 1988.  « À l’époque, les Démocrates des États du Sud comme le Texas, l’Alabama, la Floride, la Géorgie, la Louisiane, le Tennessee, le Mississippi, le Kentucky et l’Oklahoma, dont l’objectif était de trouver un candidat valable, c'est-à-dire capable de les représenter honorablement, ont décidé ce jour-là de voter en bloc. »
 
Depuis lors, l’expression « Super Tuesday » a fait son chemin et est devenue aujourd’hui une étape très importante non seulement pour les deux grands partis (démocrate et républicain), mais aussi pour tout candidat qui cherche la nomination de son parti. Par ordre chronologique, de 1988 au 3 mars 2020, voici la liste des « Super Tuesday » :
 
   8 mars 1988,
   10 mars 1992,
   12 mars 1996,
   7 mars 2000,
   2 mars 2004,
   5 février 2008,
   6 mars 2012
   1 mars 2016 et
   3 mars 2020
 
L’importance du « Super Tuesday » du 3 mars 2020
 
Comme la Californie et le Texas, certains autres États qui voteront ce 3 mars sont aussi parmi les plus peuplés du pays. Ils sont également d’une grande diversité ethnique. De plus, sur les 3979 délégués disponibles et de 1,991 pour avoir accès à la Convention démocrate qui aura lieu du 13 au 16 juillet, 2020, au  Fiserv Forum à Milwaukee, Wisconsin, 1344 seront en jeux ce mardi 3 mars  Ce qui fait que le « Super Tuesday » revêt d’une importance capitale car le candidat qui gagne le plus grand nombre de délégués ce jour-là est assuré d’être le candidat qui trouvera la nomination pour son parti. C’était effectivement le cas pour le gouverneur de l’Arkansas William Jefferson Clinton en 1992, le sénateur Robert Dole en 1996, le gouverneur du Texas George W. Bush et le vice-président Albert Gore en 2000 etc.
 
En outre, il est d’une importance capitale, puisque, jusqu’à date, la course est grandement ouverte entre les sénateurs Sanders 48 délégués, l’ancien Vice-président, Joe Biden 34 et Elizabeth Warren 8. Il est encore plus après que le milliardaire Tom Steyer, Pete Buttigieg et Amy Klobuchar ont mis fin à leurs campagnes.  
 
Quant à Michael Bloomberg, complètement absent dans les primaires de février, mais à coups de millions, présent dans toutes les grandes chaines de televisions, le milliardaire qui dépense plus d’argent que tous ses concurrents réunis, devrait, lors du Super Tuesday de ce 3 mars, marquer son début, si toutefois il voulait affronter Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.
 
Pour Joe Biden, avec sa victoire en Caroline du Sud le samedi 29 février, l'ancien vice-président de Barack Obama a, après trois défaites consécutivement à Iowa, New Hampshire et Nevada, il repart à l'assaut des primaires démocrates. C'est cet élan qu'il avait besoin pour aborder le Super Tuesday du 3 mars avec plus de confidence. Après cette victoire, déjà, il se présente non seulement comme une alternative au sénateur démocrate Sanders, il se croit aussi être le seul capable de battre Donald Trump aux élections générales en novembre de cette année. « Vous m’avez propulsé sur la voie pour aller battre Donald Trump », a déclaré l’ancien vice-président, en se présentant comme « un démocrate de toujours, un fier démocrate, un démocrate Obama-Biden »
 
Dans le cas d’Elizabeth Warren, le « Super Tuesday » du 3 mars devrait être l’occasion pour elle de rattraper leurs départs ratés en février. Car au cas d’un mauvais résultat, elle compromettera considérablement, voire totalement sa chance d’être la candidate nommée pour représenter le Parti démocrate aux prochaines élections générales du 3 novembre 2020.
 
Si, jusqu’à présent, les choses ne sont pas claires pour  Elizabeth Warren, quant au socialiste Bernie Sanders, il est non seulement avec 48 délégués en tête dans ce marathon électoral pour la course à la nomination du Parti démocrate, à quelques heures du mardi 3 mars, selon CNN, il mène aussi dans les sondages dans bon nombre de grands États.
 
Comme le candidat qui aura gagné le plus de nombre de délégués lors de ce « Super Tuesday » sera le candidat qui trouvera la nomination pour son Parti, donc, il est important de suivre de près le scrutin du mardi 3 mars pour savoir, entre Bernie Sanders, Joe Biden, Elizabeth Warren et Mike Bloomberg, qui, d’entre eux, aura la chance dans le futur de gagner la nomination pour le Parti démocrate.
 
Entre-temps, pendant que les candidats et leurs supporteurs ont leurs yeux rivés sur le « Super Tuesday » où une quinzaine d’États se rendront aux urnes, il est important de rappeler que les victoires des dernières primaires ont non seulement permis aux gagnants d’avoir un nombre quelconque de délégués, mais elles sont avant tout une affaire de dynamique qui offrent plus d’exposition médiatique, des moyens de lever plus de fonds, des soutiens des Super délégués et organisations politiques de basses dans le pays. Car si les victoires des uns permettent plus de momentum dans les campagnes, une série de défaites des autres, dans une certaine mesure, empêche aux donateurs de contribuer convenablement aux perdants.  
 
 
Prof. Esaü Jean-Baptiste

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